Une chose qu'on peut dire ce soir, c'est que c'est calme. Du genre hyper calme. Et autant je n'ai aucun souci à bosser jusqu'à trois heures du mat quand il y a de l'activité, autant là, il est 1 heure passée et je pense que je vais vraiment finir par piquer du nez sur ma vaisselle. Au point d'avoir trouvé à faire du rangement derrière le bar... rangement qui plaira pas à l'équipe de jour, mais ça m'a permis de faire les poussières derrière les verres au moins. Enfin, là, les verres, ils vont finir par briller à force d'être frottés, aussi je finis par me décider à passer un coup de fil au patron pour lui suggérer de fermer boutique plus tôt ce soir.
Permission accordée, je fais signe à ma collègue de la soirée qu'elle peut commencer à plier les bouts pendant que je m'attelle à rentrer les tables et chaises de la terrasse à l'intérieur, tout en réprimant un bâillement de temps en temps. A peu près sur que Dante va pas encore être revenu du taf, de son coté, alors disons que je vais en profiter pour dormir une heure. Enfin, ça, c'était le plan jusqu'à ce que je vois quelqu'un s'arrêter à la porte. M'apprêtant à lui signifier qu'on ferme, jusqu'à ce que je croise son regard. Un regard que je reconnais, même si je met un temps à poser un nom sur son visage. Faut dire qu'il y a une paye que j'ai vu cet homme. Je pourrai même dire que c'était dans une autre vie...

"Gab? C'est bien toi?"

Je pose sur une table les deux chaises que j'ai dans les mains avant de revenir vers lui, lui tendant la main pour l'attirer à l'intérieur.

"On ferme, alors, laisse moi dire à ma collègue de partir et j'te paye un verre, si ça te dit."

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Faut dire ce qui est, il a pas l'air hyper chaud à l'idée de me voir. Disons que des exs avec qui j'ai pu penser qu'un truc était faisable, j'en ai pas tout le tour du ventre, et on notera que le premier est un frère pour moi, que je me colle des migraines à penser à la seconde... et que cui là est le troisième. Alors gérer l'idée de revoir ce mec après... des années, on verra bien si vaut mieux sortir pour épargner la vaisselle.

"On ferme parce que c'est désert et que ma collègue joue à Candycrush depuis une heure alors j'dirai que j'suis attendu chez moi dans assez longtemps pour pouvoir te payer un verre."

Non, c'est pas vrai pour Candycrush, et l'expression de la demoiselle arrivée dans mon dos est équivoque.

"J'te laisse fermer si je comprend bien?"

J'acquiesce avant de lui taper la bise et la regarder sortir, me disant quand même que j'compte plus les occasions manquées depuis que j'ai fait une croix sur mon célibat. Heureusement que ce mec vaut le coup sérieux. Pas celui là, le mien. Ok, dans une autre mesure, cui-là aussi, mais j'devais être un peu trop défoncé pour m'en rendre compte, à l'époque.

Je rentre les dernières chaises avant de jouer avec les interrupteurs pour éteindre la terrasse et la salle, ne laissant que les lumières du bar et de l'arrière boutique allumées, histoire qu'on y voit un minimum clair quand même.

"Après, j'compte pas de forcer la main. Si tu préfère aller voir plus loin si y a moyen de boire un truc, vas-y. J'suis juste... pas mécontent d'avoir de tes nouvelles, depuis le temps."

Oula non, c'est pas une critique. Si j'avais gardé le numéro de toutes celles et ceux que j'me suis tapé un jour, ou qui m'ont filé leur numéro au bar et que j'ai pas spécialement rappelé, c'pas un portable que j'aurai, c'est un annuaire. Alors quand il me prend de faire du tri (généralement quand je perd le dit portable), j'relance pas hein.

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"Deux heures ça peut être long. Tout dépend de comment on les occupe."

Vil tentateur? C'était involontaire, et même totalement en dehors de mes pensées. Y a plein de choses qu'on peut faire en deux heures, comme commencer une partie de monopoly par exemple. Pas sur qu'on en voit le bout cela dit, et puis le monopoly, c'est assez chiant pour que j'ai volontairement égaré le mien dans l'appartement. Et pas ma faute si le plateau n'est pas avec les cartes et les cartes pas avec les jetons. Ce jeu n'a qu'à pas être aussi long à jouer, c'est tout. Mais je m'égare.

"Si par mieux tu veux dire que j'suis sorti du nuage permanent dans lequel la drogue m'avait conduit, alors oui, j'vais mieux. Bien mieux. Et toi alors, raconte? Si t'es "revenu" à Chicago, c'est que t'étais parti. Quelques histoires palpitantes à raconter?"

J'ai toujours pensé que celui qui arrivait à fuir cette ville ne risquait pas d'y remettre les pieds, pour ma part. Pourquoi je suis jamais parti, alors? Quand j'étais gosse, j'avais autre chose à penser, et pis Shawn m'aurait jamais suivi là dedans, aurait fallu qu'il réapprenne la carte complète d'une autre ville (non mais je me moque gentiment, mais si vous avez besoin d'un guide touristique, je sais vers qui vous envoyer). Après, j'avais Elaine, et c'est hors de question que je m'éloigne d'elle plus que la vie n'a réussi à nous séparer déjà.

"J'te sers quoi? L'avantage ici c'est que normalement, tu peux pas me poser de colle sur ce sujet."

Pour ma part ce sera une limonade, pas que j'ai trop picolé ce soir étant donné le peu de clients susceptibles de me payer un verre, mais je sais admettre que je suis crevé, et que je suis censé rentrer en moto. J'mélange pas l'alcool et la fatigue avec la conduite. Plus aujourd'hui. Pas envie de faire de ma fille une orpheline, ou de mon homme un veuf avant même de l'avoir épousé... si je lui cède un jour sur ce sujet.

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-Assez pour me passer un savon a moins qu'il en ait pas?

Je ne sais meme plus qui a laisser qui a l’epoque. Si j'entrevois le double sens? Si, mais j'en fait fi, je ne voudrais pas me mettre entre deux personnes sans le savoir. Avant de m'engager dans n'importe quelle relation, j'enquête un minimum a savoir si la personne est déjà en couple ou non. Parce que briser un couple, on le fait quelque fois et on apprend à ne plus le faire à la longue. J’ai appris la leçon à présent. Je l’écoute tranquillement en revenant plus ou moins dix ans en arrière. Aurais-je réussi à le ramener dans le droit chemin avec l’un de ses ex ou frère? Nul, ne sait, j’ai aussi consommé de façon occasionnel à l'époque.

-Hum… Plus ou moins, j’ai pris une carte de monde et j’ai fait choisir quelqu’un et j’y suis allé. J’ai errer en Inde quelque année, vers l'Arabie saoudite, l'Algérie et revenir sur le continent américain, il y a peu. J’ignore ce qui m'a fait réellement revenir à Chicago, j’aurais pu aller n’importe où, mais je suis revenu…

Mon passeport ou mes passeports en sont remplis de destination multiple, j’ai longtemps voyagé en mode sac à dos et je me suis souvent émigré quelques années à l'une de mes destinations dont l’Inde avant de repartir. Mon teint va prendre du temps avant de reprendre ma carnation américaine de départ. Au moins, j’ai eu la sagesse de raser la barbe. J’ai encore du sable en prenant ma douche.

-Quelque chose de fort, ca ira…

Faire un concours d’alcool avec moi? Impossible. Ils ont presque réussi en Inde. Je le suis des yeux, j’envie toujours autant les humains qui m'entourent. Je baisse les yeux sur le sous verre avec lequel je me suis mis à jouer nerveusement. En me disant que je ne vais jamais briser cette foutue malédiction! Je me redresse en relâchant le sous-verre en respirant un bon coup, les deux mains sur le comptoir. Fallait vraiment que j’y repense à ce moment-là. Elle ne peut pas me foutre la paix à la fin. Je me secoue intérieurement.

-Désolé, un frissons qui ma traversé…

Faux, mais bon. Je m'adoucis en recevant le verre devant moi…

-Merci, que deviens tu, Mr.Clean?

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"Pourquoi j'te passerai un savon? Pour pas avoir attendu que le pommé avec lequel tu trainais à l'époque se décide à se sortir de la merde? J't'aurai plutôt botté le cul si tu m'avais attendu, crois bien."

Il me parle de ses voyages, et même s'il passe rapidement dessus, je peux presque voir dans son regard qu'il y retourne en y pensant. Pour ma part, je ne suis jamais allé au delà de Milwaukee, si on omet l'expédition à laquelle Dante m'a conduit il y a peu. Mais pour être honnête, on peut pas dire que j'ai pris le temps de profiter du paysage. De l'Inde, j'ai surtout noté la chaleur étouffante.

"T'as bien fait. De voyager. Quand on a rien qui nous retient à un endroit précis, on devrait pas hésiter. Moi j'ai pas bougé, comme tu vois. J'ai ma fille, mes frères, mes neveux... un taf dont j'ai pas trop à me plaindre et dont j'me plains pourtant pas mal... et un mec dont j'ai pas trop à me plaindre non plus."

Si il m'entendait. L'un de nous deux a surement plus à se plaindre que l'autre, et j'pense pas que ce soit moi. Hormis quand il me fait des coups fumants comme la dernière fois, mais bon, c'était sans doute l'électrochoc dont on avait besoin... on va dire ça en tout cas. Histoire de pas lui en vouloir quinze ans de cette histoire. Bref.

"Ok, tequila ça te va? Ou j'ai de la vodka si jamais. Le ruskov du coin te dira qu'elle vaut pas la sienne, mais on a déjà eu pire au bar."

Tiens, si j'mettais un fond de sirop de caramel dans mon verre avant la limonade moi...  Diabolo caramel, je pense que ça s'appelle une invention, sans doute pas géniale, mais soyons fous. J'attrape donc la bouteille de sirop avec laquelle je suis un poil généreux avant de sortir la limo du frigo et remplir mon verre presque à ras bord.
Un frisson ouais. Un frisson qui me fait tout de même braquer mon regard sur lui, le gardant insistant un instant avant d'accepter son excuse qui n'en est pas vraiment une. Je fais partie des gens qui savent ce qu'un frisson signifie, mais je comprend aussi qu'on ai pas envie d'en parler. Suffit de voir le nombre de cauchemars que Dante a du supporter avant que j'accepte de lui parler de mes insomnies à répétition, et du cauchemar éveillé qu'a été mon enfance.

"Comme tu dis, j'suis clean. Bon, j'refuse jamais un verre, et la clope reste ma meilleure amie quand j'ai besoin de me changer les idées, mais pour le reste, j'ai tout arrêté. Disons que j'me suis rendu compte que j'voulais pas passer à coté de ma fille."

Je finis par revenir de son coté du bar, m'offrant l'occasion de m'installer sur un tabouret, chose qui m'arrive en général assez peu souvent dans une soirée.

"Sinon, ma magie est toujours aussi... instable. Mais tant que j'évite les chocs émotionnels, ça passe. J'peux te faire remarquer que t'as pas pris une ride en dix ans? Mon mec te demanderait surement ta recette, lui qui traque le moindre cheveu blanc que j'peux me faire..."

Même si lui a sa recette maison, un autre truc qui reste entre nous, même si on a pu en discuter lui et moi. Disons que j'me sens pas vraiment de discuter du jour où il va décider d'arrêter mon cœur de battre, limite, j'aimerai autant qu'il me prenne au dépourvu et c'bon c'fait. C'comme quand on me parle de dentiste, vous me piquez par derrière, vous faites ce qu'il y a à faire et vous me réveillez après, j'vous en voudrais pas. Tentez de prévoir une anesthésie et vous pouvez être sur que j'vais me défiler.

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Si je lui en ai voulu d'être parti? Au début oui, normal j'ai envie de dire, de ressentir une sorte de ressentiment quand une relation se termine. Mais j'vais être honnête, je suis assez rapidement passé à autre chose. Pas en terme de relation, soyons honnêtes, celles qui ont duré plus de quelques semaines, je les compte sur les doigts d'une main. Mais Elaine avait besoin de son père, alors je me suis mis un bon coup de pied au cul pour être là pour elle. Si son départ à lui y a contribué? On le saura jamais, sans doute.

"J'aurai du t'en vouloir, probablement. Pour être honnête, à l'époque, j'avais plus d'une façon de me sortir un truc de la tête. T'as pas fait exception. Mais ça m'est arrivé de penser à toi depuis. T'as survécu à plus de temps à mes cotés que la plupart de mes conquêtes, faut dire."

Je médite ses paroles un instant, en profitant pour tester mon mélange diabolo caramel en regrettant aussitôt d'y avoir mis autant de caramel, finissant d'ailleurs par rajouter de la limonade dedans dès que le niveau le permet.

"Enfermer un oiseau migrateur dans une cage à canari, c'pas le rendre heureux. T'es fait pour voler, et je crois que quelques cœurs brisés sont le prix à payer. Tant que tu brises pas le tien. Me concernant, j'aurai l'occasion de voyager plus tard. Ne jamais dire jamais."

Quand à cacher notre rencontre à Dante? Mon cher et tendre s'étouffe un peu moins qu'avant avec l'idée que Shawn traine dans les environs, et en règle générale, je vois pas pourquoi je lui cacherais quelque chose, même - surtout - si ça a à voir avec un de mes exs.

"Il s'appelle Dante. Et j'compte pas lui cacher. Il est plus qu'au courant qu'il est pas le premier à me mettre dans son lit. Et je pense qu'être le dernier lui importe bien plus."

Disant cela, j'appuie mes coudes sur le comptoirs pour triturer machinalement l'anneau attaché à mon cou, jusque là à l'abri sous ma chemise. De quoi me faire perdre légèrement le fil de la conversation. Jusqu'à évoquer ma magie. Ca, en général, ça a le don de me faire sortir de ma contemplation. De quoi plonger mes yeux dans les siens. Un souvenir en passant. Ce type doit être le seul de ma connaissance à avoir le regard plus noir que je ne l'ai moi-même. Un de ces regards difficiles à soutenir, mais dans lesquels on se perd aisément. Notez que je préfère le bleu-gris des yeux de Dante, mais je suis loin d'être objectif...

"La plupart du temps, c'est moi qui le rend chèvre. Parfois c'est l'inverse. Mais dans l'ensemble, oui, il m'a apporté ce qui me manquait. La stabilité, et un avenir. En vérité, c'est un mélange de bouleversements qui ont choisi le même moment pour arriver, mais il a fait sa part."

Bien sur qu'il avait vaguement évoqué cette histoire d'immortalité à l'époque, mais d'une, ça remonte à loin, de deux, il m'aurait parlé de chèvres volantes, ça aurait été la même, et de trois, c'est quand même autre chose de le constater soi-même que de se l'entendre conter. Et à force de le dévisager, je finis par glisser une main sur sa joue, cherchant à user d'un autre sens que ma vue pour me convaincre que je ne rêve pas. Et oui, n'en déplaise à Max, j'ai toujours été du genre tactile. C'pas à lui que j'vais l'apprendre. Je finis cependant par retirer ma main pour attraper mon verre, avalant une gorgée supplémentaire de mon breuvage.

"Pas vraiment. Ou autant que toi. J'dois avoir un problème avec les immortels sérieux."

Shawn plaisanterait surement en disant que ça explique pourquoi lui et moi ça pouvait pas durer. Allez savoir. Ce que je sais, moi, c'est que c'est clairement pas ce qui m'a mené vers Gab ou Dante. Même si pour ce dernier, je savais très bien ce qu'il était avant qu'on se mette ensemble.

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S'il ne m'en avait pas voulu, c'est qu'il en avait rien a foutre de notre relation. Entendre que j'ai compté, me réchauffe le cœur. Oui, j'ai été triste d'avoir dû quitter le pays à cause des soupçons sur ma personne. Cela m'a pris un moment avant de me lancer dans une relation a nouveau.

-Parce ne pas m'en vouloir aurais  que nous n'étions rien pour l'autre… Tu me vois touche, que j'ai été l'une de relation qui a duré et j'ai aussi eu quelque pensée envers toi…

Je dois l'avoué que je rêve encore de lui parfois. Je plisse les yeux d'incertitude sur son breuvage et je reste sceptique quand même. J'aime bien l'illusion à laquelle il fait illusion, j'ai besoin de ma liberté, mais si quelqu'un m'aurais demander a m'accompagner j'aurais peut être accepté.

-Mouais et je ne crois pas m'arrêter, malheureusement. Si j'ai eu le cœur brisé, je ne pourrais pas dire, certains diront le contraire sur mes escapades surprise.

J'acquiesce sur la dernière phrase, ne jamais dire jamais. Je l'écoute en silence en faisant tinter les glaçons quelques secondes. Prénom, peu commun que j'ai déjà entendue quelque part, mais où. Je remarque le geste inconscient.

-Il t'a fait la Grande Demande, à ce que je vois.

Oups, j'ai touché une corde sensible en évoquant ses pouvoirs, ce n'est pas de ma faute si je ressent la magie chez les autres étant sorcier également. J'ai déjà essayé de l'aider, j'ai même réussi à l'apaiser, je détiens toujours le texte qu'il avait réussi à écrire avec une plume enchantée.

-Tu sais que je possède toujours le texte que tu avais écrit… En y repensant, tu écris toujours avec le stylo que je t'ai donné? Il avait déjà réussi à t'aider…

Quoi, que je ne lui avais peut-être pas laissé de cartouches d'encre. Je vais retrouver la recette et en reproduire de quoi avoir les doigts bleus pendant une à deux semaines. Oui, c’est ce que je vais faire, qu’il me le demande ou non. Plus je le regarde, moins je suis capable de détacher mon regard. Vieillir lui va bien.

-Tant que vous êtes tous les deux heureux et que tout va bien, c’est ce qu’il faut…

Si je le suis, je le suis pour lui, il a enfin trouvé la bonne personne, même si j’ignore qui il est. L’amour a des effets incroyables sur les gens et lui ça se voit qu’il est épris de ce Dante. Tandis que moi, allez savoir si je suis heureux ou non. Que je me questionne en ce moment, je me perd de nouveau dans mes pensées, je remarque à peine qu’il bouge pour glisser une main sur ma joue, qui bouge instinctivement pour y chercher plus de contact, comme à chaque fois. Je réalise mon mouvement en même temps que lui, détachant mes yeux pour boire une gorgée. Faut que j'arrête de le regarder autant, il est pris bon sang. Mais je repose les yeux lorsqu’il reprend la parole.

-Plus ou moins trois siècles et demi?

Parce que, oui, j’ai passé l'âge de trois siècles. Ce n’est donc pas un simple mortel qui a réussie à le prendre dans son filet, un démon, un incube, une fée, sans penser qu’il serait peut être vampire.

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Je lui jette un regard intéressé quand il me répond que lui non plus n'a pas su m'oublier. Hé, je suis peut-être casé, et j'ai peut-être absolument pas prévu d'aller voir ailleurs, mais ça fait toujours plaisir d'avoir marqué l'esprit de quelqu'un.

"J'imagine que celui qui te fera arrêter de courir aura de la chance. Tu sais ce qu'on dit, on sait qu'on est chez soi quelque part quand cet endroit nous manque."

Et si je peux donner un endroit où je me sens chez moi, c'est bien près de Dante. Ca a l'air débile dit comme ça, du genre à se dire que j'ai lu trop de contes de fées dans ma jeunesse, mais je crois que justement, j'en ai pas vu assez. J'ai couru, moi aussi, sauf qu'au lieu de changer de pays, je changeais de concubin/e, encore et encore. Comment j'ai su qu'il serait celui avec qui s'arrêterai de courir? J'me suis rendu compte que j'voulais prendre mon temps avec lui. Un rendez-vous, un autre, à plusieurs jours ou semaines d'intervalle, un premier soir après bien d'autres soirées où j'avais su rester sage... je hais ce type pour l'effet qu'il a eu et qu'il a toujours sur moi.

"Il l'a faite. Deux fois. Et j'ai refusé. Deux fois. Parait que j'suis du genre contrariant."

Je glisse de nouveau l'anneau sous ma chemise, étouffant symboliquement le sujet, avant d'acquiescer simplement quand il me dit que l'important, c'est qu'on soit heureux l'un avec l'autre. Avant de miser sur l'âge de mon immortel.

"Toi? J'confirme, on avait vraiment trop d'écart pour que ça fonctionne." Je plaisante gentiment, mais en vérité, la différence d'âge, pour être honnête, j'me rappelle pas l'avoir ressentie tant que ça à l'époque. "Nan, Dante a beaucoup moins. 60 par là. T'être 65 mais il l'avouera autant que j'avouerai avoir 40 quad j'les aurai."

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Pourquoi lui cacherais-je le fait que j'ai pensé plusieurs fois à lui, il hante certains de mes rêves accompagné d'un autre de mes exs. Le savoir dans les parages va être un défi, parce qu'il n'est pas laid du tout que je vais devoir me faire violence pour ne pas commettre de geste déplacé.

-Je me sens étranger partout où je m'établis, tu as peut être raison. Si ce jour venait, cela tiendrait du miracle.

J'ai beau avoir quelque petit appartement, je vis littéralement entre deux valises, depuis que Airbnb existe, je loue. Ce ne sont que de petits appartements impersonnels où il n'y a rien à voler. De petit studio semblable a des chambres d'hôtels. Présentement, je loge à l'hôtel paranormal du coin le Pandemonium. Loin de moi l'idée de lui demander de passer par là. J'ignore si je serais capable de retenue, tandis qu'ici n'importe qui pourrait entrer et nous surprendre.

-Pour quelle raison? Pour ne pas passer et jurer devant Dieu, tu sais qu'il y a le palais de justice et ne m'oublies pas en garçon d'honneur!

Même s'il l'oubliait, je ne lui tiendrais pas rigueur, je suis tout de même un exs.

-Mais j'ai tout juste 35 ans!

Trente cinq ans depuis trois cent ans, oui! Mais je plaisante également. La personne qui va vouloir me suivre ou j'irais n'en sauras rien a faire que je sois un éternel, parce que lui aussi en seras sans doute un.. Mais ce jour là, n'est jamais arrivé.

-Il est tout jeune, une photo?

Je risque de regretter ma demande.

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"Ne jamais dire jamais. J'avais juré qu'on n'me r'prendrais pas à m'caser, et r'garde où j'en suis. J'suis presque rangé!"

Ce qui est pas faux, quand on y pense. Un mec avec qui je songe sérieusement à du long terme, un appart, un job, ma fille, mon chat et j'arrive à me nourrir le 30 du mois sans piquer à l'épicerie du coin... Difficile de faire mieux, j'ai envie de dire. J'ai une vague idée de ce qui manquerait pour compléter le tableau, mais si j'sais pas pour Dante, même s'il a déjà tâté le terrain, moi j'suis pas prêt, pas encore.

"J'ai déjà joué à ce jeu. Le mariage. Et j'en ai conclu que pour péter un couple y avait pas mieux. J'veux pas être hypocrite avec lui. J'l'aime largement assez pour l'épouser, mais justement, j'crois que j'l'aime trop pour l'épouser. Et remarque qu'il est pas là alors imagine c'que j'dois en dire devant lui hein."

Quand au garçon d'honneur? J'ai déjà deux frères à faire passer en priorité, et ça serait déjà bien assez galère de choisir l'un des deux au profit de l'autre. Faut pas se compliquer la vie plus que de raison. Vivre dans le pêché le plus complet avec Dante, ça me va très bien. Et si y en a à qui ça plait pas, je les emmerde profond.

"Trente-cinq ans depuis trois siècles, c'est plus trente-cinq ans. Désolé d't'apprendre qu't'es un vieux débris. Plutôt bien conservé, faut l'avouer."

Quand à une photo? J'en ai pas sous la main. Fin si, mais j'ai pas mon portable sur moi, d'une, et de deux, j'ai pas plus envie que ça de voir mon ex baver sur mon mec.

"Dis-le lui en face, il veut pas me croire. J'te le présenterai si tu veux, j'ai rien à cacher. Ni à lui, ni à toi."

Parce qu'il risque moins de baver de le voir en face t'être? Il risque moins de baver s'il nous voit réellement bien ensemble. J'ai tendance à pas me méfier assez des gens, mais à mon souvenir, Gab, c'pas une salope. Il aurait pas d'intérêt à essayer de nous séparer. Pourquoi faire, me récupérer? Ouais alors si le mec est intelligent, ça craint rien. Pas fou non plus quoi.

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-Je sais, je sais, mais tu n'es pas obligé d'avoir le mariage pour te considérer comme ranger… Y'a pas que le mariage religieux ou civile, il y a aussi le mariage spirituelle devant le Dieu et la Déesse.

Okay, ma religion est celle de la Wicca, je n'ai jamais vraiment adhéré à la religion catholique ou autre, même a mon époque révolue, où le clergé dirigeait la vie des gens. Je trouve son chemin de vie plus complet que le mien. Je n'ai rien de ce qu'il a du moins pour le moment, un logis, un partenaire de vie, un pseudo avenir, tout ce train-train. Je n'arrive même pas à m'établir quelque part plus que 10 ans à moins que je m'installe en campagne pour cela je devrais me procurer une voiture. C'est peut être cela qu'il me faut, je serais moins visible, donc moins visible égale moins de soupçon. Humm..

-Disons que le mariage a l'époque durait et de nos jour, top un an, si cela dure c'est un amour véritable qu'ils vivent ou presque. Passe dix ans, disons qu'il sont fait l'un pour l'autre…

En trois cent cinquante ans, je ne me suis jamais marié. A la nouvelle raillerie, je me redresse en replaçant ma veste fière d'être bien conservée. Avant de boire une nouvelle gorgée de mon alcool.

-Merci, pour le compliment…

Qui n'a pas de portable sur lui, même en bossant, est- il si distrayant ce Dante? Cela me fait sourire malgré moi.

-Je le note dans un coin de ma tête… Ouais, pourquoi pas, j'imagine que tu as perdu mon numéro??

Que je dis en remplaçant une mèche qui me chatouillait le front. Je note aussi que je vais devoir retrouver mon barbier. Attrapant, une serviette de papier a ma porté, sortant ma plume, écrivant mon nom et mon numéro d'une belle calligraphie en italique ancienne.. Celle-là n'est pas enchantée quoi que je ne sais plus. Le cliché des bars, quoi.

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Y a un truc que personne n'arrive à se mettre dans le crane. C'est que j'ai pas besoin de mariage pour dire que Dante est mien et que je suis sien. Et vu le nombre de relations sans lendemain que j'ai pu avoir, croyez bien que je ne dis pas ça à la légère. C'est du sérieux, et c'est pour ça que j'ai pu tant lui en vouloir d'être parti l'autre jour.

"C'est pas pour ça que j'dis ça. Disons que j'pars de tellement loin que avant de dire que je suis "rangé" comme il faut, y a surement encore du boulot dont j'me rend même pas compte. D'où le "presque". Mais on est d'accord que c'mieux que j'ai pu l'être."

Je garde pour moi, malgré un léger sourire que je ne peux pas réfréner, le commentaire qui manque m'échapper sur sa vision de vieux du mariage. Oui non mais j'le lui accorde, nos parents étaient mariés ad vitam aeternam, même si la moitié se faisaient cocufier passer vingt ou trente ans. Aujourd'hui, suffit de regarder cinq minutes ailleurs pour demander le divorce. Non décidément, le mariage, c'est plus ce que c'était.

"Pas de quoi. J'ai peut-être des œillères, mais j'suis pas aveugle."

Son numéro, depuis dix ans, euh, nope, j'l'ai plus. Il en a surement changé d'ailleurs, comme j'en ai changé, donc de toute manière ça aurait pas été hyper utile de le garder. Par contre, y a quand même que lui pour sortir une plume pour écrire un numéro sur une serviette en papier. Me demandez pas où est l'encre par contre, ça, c'est son truc bizarre à lui. Je me saisis de la serviette, observant un instant son écriture, attendant que l'encre sèche avant de la glisser dans la poche de ma chemise.

"J't'appellerais. Promis."

Je finis mon verre avant de le glisser dans le lavabo derrière le bar - libre à l'équipe du matin de râler pour un verre -, me réveillant enfin sur l'heure qu'il est. Non, y a pas deux heures qu'il est là, mais quitte à discuter, on peut aussi bien le faire en marchant.

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Je le considère déjà plus rangé que je ne le suis déjà. Je n'ai pas de logement fixe, je suis célibataire, j'ai au moins un job. Du moins, je m'efforce à ce que ma librairie café ne ferme pas ses portes.

-Regarde moi, sans logis, je vis constamment entre deux valises, célibataire, au moins j'ai une job.

Célibataire n'est pas des plus commun, habituellement j'ai toujours quelqu'un en vue, mais pas maintenant. Ça me fait bizarre. Il est tranquille, je n'essayerais pas de les séparer.

-Je l'espère bien, regarder mais interdits de toucher, c'est ça?

Je suis le premier à conseiller et de ne pas suivre mes propres conseils. J'appartiens toujours à la vieille école qui est de donner son numéro sur une serviette de table. Je ne prendrais pas le mien pour lui demander le sien. Il m'appellera s'il veut bien de moi dans sa nouvelle vie. Je range mon stylo-plume après l'avoir écrit.

-Si tu ne me rappelle pas je ne t'en voudrais pas tu sais .. Aussi, je débarque sans rien dire..

Lorsqu'il fini le sien, je vide également mon verre en le glissant vers lui pour qu'il le dépose dans le lavabo

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"T'es un mec bien, Gab. Et j'sais toujours pas ce que t'as pu me trouver à l'époque. Y avait cent fois mieux que la loque que j'étais alors. Et dis pas le contraire, quand j'y repense, y a pas à en être fier."

C'est moi ou il a tenté d'inclure le "célibataire" dans la conversation aussi subtilement que j'ai placé comme un bourrin que j'étais casé? J'dois me faire des idées. Je rajoute son verre au mien dans le lavabo, jouant légèrement à l'équilibre sur les barreaux du tabouret pour atteindre le lavabo sans faire le tour - on devient flemmard passé une certaine heure.

"Regarder mais pas envie de toucher. Pas un autre que lui en tout cas."

Déjà que j'ai jamais été du genre à avoir deux relations (instables m'enfin) en même temps, c'pas maintenant que j'me sens vraiment bien avec quelqu'un que j'ai prévu de jouer au con. Pas mon genre. Dante peut friser autant qu'il veut de me voir jouer gentiment avec la clientèle derrière mon bar, j'espère qu'il a bien conscience de ça. Y a que lui, lui et lui dans mon champ de vision.

"J'tiens mes promesses. C'bien une de mes rares qualités. Alors si j'te dit que j't'appellerai, j't'appellerai, ça marche? ... Bon, ça te dit qu'on se casse, avant qu'un mec viré d'ailleurs pense que c'est ouvert?"

Je me relève de mon tabouret pour aller fermer le volet roulant qui protège la vitrine durant les heures de fermeture de l'établissement, verrouillant la porte en passant, pour ensuite l'entrainer à l'arrière, où je récupère mes affaires, en profitant pour virer la chemise et enfiler un tee-shirt propre et ma veste, en me contrecarrant totalement qu'il soit dans la pièce. Qu'il se rince l'œil si ça lui chante, y a rien de particulier à voir de toute façon.

"Paraitrait que j'pue le loup quand j'sors du boulot."

J'ai zappé de préciser que Dante avait l'odorat développé? Peut-être. Pas grave. J'éteins les lumières avant de sortir par la porte arrière que je referme à clef derrière lui, et je fourre les clefs et mes mains dans mes poches avant de prendre la direction de chez moi.

"J't'ai pas demandé si t'avais pas mieux à faire de ta soirée que me raccompagner jusque chez moi."

Made by Neon Demon

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Dante m'a appris à ne pas renchérir quand il parait évident que l'autre partie a au moins autant d'arguments à défendre que soi. Parce que pour le rendre à court d'argument, mon homme, faut déjà y aller, ou taper dans les points sensibles dans lesquels je ne m'abaisserai pas à taper. Je me contente donc de secouer légèrement la tête de droite à gauche pour exprimer ma pensée, à savoir qu'il raconte n'importe quoi, avant de passer à autre chose.

"J'ai vieilli, c'différent."

Gabriel semble faire le lien entre ce qu'il ressent autour de lui et mes paroles quand j'évoque l'odeur de loup sur mes fringues, et je hausse les épaules, montrant ce qu'il sait déjà de ma personne. Loup, vampire, sorcier, fée ou autre truc non identifié, j'ai pas d'apriori tant qu'on fait pas partie de mes ancêtres. Pour eux, c'plus compliqué. Dommage pour un certain démon.

Le patron, quelques employés, certains clients... ouais, y a pas mal de loups-garous dans le coin. Disons que tu sais où me trouver pendant la pleine lune, faut bien quelqu'un pour tenir la boutique."

On sort, et quand je m'inquiète enfin de savoir s'il n'avait rien de mieux de prévu, après quelques pas dans cette rue mal éclairée que je connais par cœur à force de l'emprunter, il me répond que s'il accepte de me suivre, il refuse de monter. Bien, en même temps j'l'ai pas invité à le faire.

"J'te l'ai pas proposé. J'te montre juste le chemin. Pour la prochaine fois. Quand je lui en aurai touché deux mots. J'impose pas mon ex dans l'appart sans lui en parler avant."

On évoquera pas Shawn, c'est l'exception qui confirme la règle. Parce que Dante arrive enfin à être confortable face à lui. Parce que lui et moi, on est deux frères avant d'être deux exs, et si ça a été compliqué à enfoncer dans le crâne de mon homme, aujourd'hui, je pense qu'ils sont clairs là-dessus. Donc ouais, m'endormir sur le canap contre Shawn devant un mauvais film qui nous aura gonflé tous les deux en dix minutes chrono, j'en ai rien à battre en comparaison d'inviter Gab prendre un café "dans le dos" de Dante. Gab restera toujours un ex, et un de ceux qui ont comptés en prime. C'est ce qui me rend prudent face à lui.

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Je reste muet quelques secondes en pesant la phrase qu'il me fait sur le fait qu'il a vieilli et que c'est différent.

-Mouais bon, je te l'accorde…

Tandis que moi, bah je ne vieillis plus physiquement, en âge je prend du galon et mentalement à chaque épreuve à laquelle je fais face. Mais j'envie chaque être humain doté de la vieillesse qui m'a été enlevé. Il m'arrive trop souvent de dire ce qui me passe par la tête comme en ce moment et il semble vouloir me laisser parler pour se contenter d'utiliser l'argument qui fait mal, vieillir..

-Je prend bonne note..

Mes sens spirituels m'ont donc bien informé que ce bar n'est pas des plus commun. De ce que je sais la pleine lune n'est pas pour bientôt puisqu'elle est en phase décroissante et sur le dernier croissant à 4% de visibilité. Je le suis en sortant par la porte arrière fourrant les mains dans mes poches pour le suivre.

-Non, je sais.. Je comprends parfaitement et comme dis plutôt je ne m'impose pas.

Je suis un homme de parole après tout et j'espère qu'il s'en souvient malgré ma personnalité volatile. J'étouffe un bâillement pendant notre promenade, j'espère bien dormir cette nuit.

-Je compte rester un moment à Chicago, le temps de rétablir la boutique après je verrais…

Parce que cette boutique, j’y tiens et qu'elle va m’occuper pendant un moment pour la remettre sur pattes et y rétablir une bonne fondation. Elle a été un peu négligée avec le temps, la magie qu’elle recelait s'est pratiquement évanouie et je compte bien renouveler cette source petit à petit. Bien que j’ai beaucoup d'années d'expérience, la ressourcer d’un coup pourrait être dangereux autant pour le lieu que pour moi. Loin de moi l'idée d'être hospitalisé à bout de force.

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Je glisse une main sur son bras, conscient avec un peu de retard que ce que j'ai énoncé comme une vérité banale ne l'est surement pas pour lui. Comme quoi, être avec un immortel ne m'empêche pas de faire de gaffe sur le sujet, apparemment. Oui, Dante a subi (par accident je précise) celle du coup de soleil la semaine dernière... non mais je sais bien que des baffes se perdent, le problème, c'est qu'il manque quelqu'un qui daigne me les coller.

Une fois dehors, je fourre mes mains dans mes poches, calant mes pas sur le rythme des siens, ce même si nous avançons plus en silence qu'en une grande discussion. J'vais pas nier que ça fait plaiz de le revoir, mais en même temps, c'est aussi étrange qu'inattendu. Déconcertant, et je dirai presque inconfortable, même si j'arrive pas franchement à mettre le doigt dessus. Ça doit faire cet effet-là de se sentir lié à quelqu'un à nouveau, au point d'avoir l'impression de le tromper de trainer avec un autre, même en tout bien tout honneur... c'est moi ou ça craint?

"Tu t'imposes pas, non. Mais j'espère bien qu'on restera en contact, à partir de maintenant."

Après un bon quart d'heure de route, je finis par m'arrêter au pied de mon appartement, appuyant mon dos contre la porte du bâtiment.

"J'm'arrête là. J'suis au dernier étage, et l'ascenseur marche que quand il a le temps, alors prévois de devoir te taper les quatre étages le jour où tu passes."

Je croise son regard un moment, hésitant, me contentant finalement de glisser une main à son cou avec un sourire avant de glisser le badge sur l'interrupteur pour entrer à l'intérieur, l'abandonnant sur le trottoir. Bon bah ça tombe bien, on avait pas assez de trucs à se dire, Dante et moi!

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