Franchement, ses draps sentent tellement bons. C’est pas vraiment que je dors encore et puis, lorsque je dors ce n’est jamais que d’un œil alors encore plus en présence d’un inconnu, mais j’ai juste envie de profiter. Les couvertures sont douces, chaudes et je suis incroyablement bien dans ce lit. Entre les couches du Hollandais et mon nid d’oiseau à l’appart, j’ai pas souvent l’occasion de dormir dans un vrai lit depuis que j’ai arrêté de faire le tapin. S’il y en a un qui a bu plus que l’autre, c’est bien mon compagnon de cette nuit. Pour ma part, je me suis contenté juste de me faire plaisir et d’accepter les verres qu’il me payait les uns après les autres. Mais bon, j’suis Écossai … j’ai grandi au milieu des effluves de distilleries aussi licites que non, même si c’est un peu caricatural dit comme ça.

Lorsque le brun s’extirpe de la couette pour rejoindre la salle de bain, j’en profite pour me rouler sur son côté. Ce mec sent divinement bon. C’est terrible. Il revient après un certain temps, une simple serviette nouée autour de la taille. Je le laisse me rejoindre, s’installer et je feinte toujours de dormir d’un sommeil de plomb. Enfin, décidant que mon ventre n’est plus d’accord contre la diète que je lui impose, je daigne relever le menton dans sa direction. Je secoue la tête en signe de négation. Il ne m’a pas réveillé après tout et je finis par me redresser pour me mettre à son niveau.

« T’inquiète, je dormais plus vraiment, juste je profitais des derniers instants. »

Je pose une main sur mon ventre qui gargouille.

« Tu crois qu’ils servent un petit déj’ dans cet hôtel ? »

C’est définitivement lui qui a trouvé cet endroit en cherchant sur son téléphone hier soir. Moi, comme à mon habitude, je n’ai fait que suivre mon compagnon d’un soir.

Le room service … Je me retiens de rire rien qu’à entendre ça. C’est vraiment que les clients riches qui m’emmenaient dans des hôtels de ce genre, sauf qu’avec lui, je ne suis pas payé. Enfin, il m’offre quand même le petit déjeuner et il est assez sexy pour que je demande pas plus.

« Tu manges avec moi ? »

On sait jamais, au cas où pour digérer il accepte également de remettre une petite partie de jambe en l’air, ça pourrait être intéressant de proposer. Surtout que sa serviette à pas l’air d’être d’accord pour rester autour de sa taille. Mon ventre se mettant à gargouiller comme jamais, je finis quand même par m’intéresser au menu. Trop de choix dans tous les sens et je soupire.

« Tu veux pas choisir pour nous deux et en attendant je vais me laver aussi. »

Pas pudique le moins du monde, je me lève nu comme un vers pour me rendre dans la salle de bain que je ne ferme même pas complétement. Ici aussi le décor en jette un max. et je fais le tour de tous les flacons qu’ils proposent pour toute sorte d’usage. J’arrête mon choix sur un shampoing à la fraise et un gel douche au citron. Pas mal, j’vais avoir l’impression d’être une salade de fruits si ça continue. L’eau brûlante ruisselle et je profite assez longuement de ce plaisir rare pour moi. Mon quotidien est bien plus précaire et même si je n’ai jamais été un fana du grand luxe, j’ai toujours aimé pouvoir prendre une bonne douche. Alors oui, c’est tout le temps après un coup d’un soir ou deux, mais on fait comme on peut. Lorsque je sors, toujours aussi nu, je me contente d’attraper un t-shirt qui potentiellement en fait n’est pas le mien et de quoi recouvrir mon postérieur. J’ai sans doute était un peu longuet puisque le petit déjeuner m’attend déjà.

« Miam ! »

Je m’installe à côté du beau brun, impatient de découvrir ce qui va satisfaire mes papilles gustatives.

J’explose de rire. S’il savait !

« Mon coloc’ supporte pas que je me ballade à poil, j’ai pris le plis de manger habillé … Mais bon, si tu veux me l’enlever encore après manger, je dis pas non ! »

A sacré Jon ! Il a réussi à inculquer quelques bonnes manières au sauvage que je suis finalement. Même si la liste est relativement courte, j’ai arrêté de me promener à poil, je range une fois par semaine mon bordel dans le salon et je laisse plus rien moisir dans le frigo. Les fantômes ont pas d’odorat, mais rien que la vue des champignons le mettait dans une colère noire. Il faut dire que j’ai fait fort la fois où je suis partie en laissant carrément la porte du réfrigérateur ouvert et que toute la moisissure en a profité pour se répandre. S’il avait pu me jeter par la fenêtre ce jour-là, aucun doute qu’il l’aurait fait.

Tout à l’air bon, je prends une des petites crêpes et y met tout ce qui est possible et inimaginable jusqu’à ce qu’on comprenne même plus ce que j’ai voulu faire. Je trempe ma mixture dans mon verre de jus d’orange et avale tant bien que mal en essayant de pas non plus en foutre trop partout. Bon, c’est pas un 100%, mais presque. Une serviette et j’essuie la trace de chantilly qui me coule au coin de la bouche. Le brun reprend notre conversation et je lève mes yeux bleus transparents vers lui.

« Au quoi ? »

C’est moi qu’il appelle Cocoroco ou notre partie de jambe en l’air, parce que dans ce cas, oui, il y a définitivement touché héhéhé, mais sinon, j’avoue sécher complétement sur ce que ça peut bien être. J’engloutis mon mélange et m’essuie d’un revers de bars avant de lui monter dessus à califourchon.

« J’sais pas ce que c’est ton truc, mais au final, c’est dommage si tu te souviens de rien … ça serait plus sympa si je te laissais un bon souvenir, non ? »

J’devine gentiment, mais surement qu’il a pas gardé une trace en mémoire de notre soirée jusqu’à son réveil il y a peu. C’est triste ces gens qui ne savent pas tenir l’alcool quand même ! Si on remet ça, il va falloir qu’il tourne à la grenadine !

Je hausse les épaules.

“Aucune idée ! J’ai pas écouté ce que tu commandais, mais t’avais l’air de savoir ce que tu voulais ! Et j’devais être au menu ! »

Mes doigts tracent les lignes de sa mâchoire, ses lèvres et je finis en caressant le bout de son nez.

« Gabriel … C’est pas le nom d’un ange ça ? »

Je pars dans mes pensées et m’égare à simplement observer son profil alors qu’un sourire se dessin sur son visage. Forcément, c’est aussi à ce moment qu’un fantôme sans gêne vient franchir le mur au-dessus de nos têtes. Malheureusement pour moi, nos regards se croisent et il capte que je le vois.

« Haaa ! Tu peux me voir ! ça tombe bien j’ai besoin d’aide ! »

« Ah non ! J’suis occupé, du décarres et on se verras plus tard. »

Pas que je prends plaisir à pas aider, mais zut, y’a des moments pour et là c’en est clairement pas un. Je vais encore passer pour un taré à parler tout seul et je mordille ma lèvre en me tournant à nouveau vers le jeune homme bien tangible.

« Excuse-moi, j’ai cru voir un truc … »

J’me vois pas balancer que j’suis capable de voir les morts, j’aimerais autant pas le faire fuir si possible. Déjà, j’ai pas senti quoique ce soit de surnaturel chez lui et tant bien même, la nécromancie est généralement pas la magie la mieux vue. On a une réputation de merde dans le monde de la magie.

Je n’ai aucunement souvenir de m’avoir commandé de ce verre, que je songe me l’avoir fait offrir, ce qui est fort possible. Cette personne voulait terriblement me voir sous l’effet de l’alcool sur ma personne. Il es dommage qu’elle es eut autant d’effet au point de me creer un blanc de mémoire a mon reveil. Je me souviendrais, de ne pas accepter de verre provenant d'un inconnu la prochaine fois. Mon objectif premier etait de prendre un verre avec lui, pas le fait que je me reveil dans un trou noir ca ce n’étais pas prevue dans l’histoire, mais je ne m’en plaint pas.

-En quelque sorte, oui… Mais pas dans cet ordre, au final, je suis bien satisfait…




Je retrouve lentement mon souffle en m’installant sous lui, gravant les derniers instants en mémoire, cela faisait un moment que j'avais pas ressenti un tel désir envers quelqu’un. Il a réussi à me sortir de mes réflexions perverse en disant mon simple prénom.

-Si, comme celui d’Uriel…

L’archange Gabriel est l’ange messager qui veille sur tous les écrivains, professeurs, journalistes et toute personne créative. Il est aussi associé au rêves et communique souvent par ce biais avec les personnes choisies, il est plus qu’un messager, il est aussi l'interprète des messages que Dieu veut transmettre à ses fidèles. Il a un fort lien avec ce dernier. Tandis qu’Uriel est l’archange de la lumière, un ange de prophétie, d’intuition et un agent de transformation puissant. Tandis que Bluenote, est qu’un simple nom de famille qui ne veut presque plus rien dire perdant de plus en plus de sa gloire d’antan. J’en suis le seul représentant à ce jour.

Pris d’un frisson, je bouge pour attraper la couverture chaude qui a eu la magnifique idée de rester sur le matelas que je remonte sur nous. Ce n’est pas le moment de prendre froid. En remontant la couverture, je jette un regard sur mon partenaire du moment, j’me demande s’il parle de ma présence que je m'arrête à mi chemin dans mon mouvement pour le couvrir qu’il s’excuse.

-Hum.. Personne semble avoir touché la porte, pourtant…

Je lance un regard oblique vers la porte d'entrée qui ne semble pas avoir bougé d’un pouce avant de revenir vers lui tout en remontant la couverture sur nous. Je me réinstalle en l’attirant vers moi, je veux profiter de la chaleur que nos corps diffusent encore temps et aussi longtemps ce peu.

Un sourire enchanté vient se peindre sur mon faciès en entendant sa respiration haletante. J’espère bien l’avoir essoufflé. Pour l’ancien escort boy que je suis, c’est le minimum que de savoir faire plaisir à mon partenaire et j’ai exercé pendant des années pour subvenir à mes besoins au point de m’être trouvé un homme qui voulait faire de moi son objet attitré. Il m’a enseigné la danse, le chant et m’a appris à lire et d’autres choses, malheureusement, mon passé m’a rattrapé et j’ai dû fuir sans me retourner. Je pense que c’est la première fois que je tombais amoureux ou au moins ce qui doit le plus y ressembler vu la relation assez atypique que nous avions. Comme de nombreuses fois, il m’a fallu faire un trait sur cette partie de mon passé au retour de mes assaillants. A force de semer la mort derrière moi, j’me dépêtre pas de ceux-là. Mais trêve de plaisanterie et je me reconcentre sur l’homme à mes côtés.

Uriel … non, ma connaissance en truc divin, ça fait belle lurette que j’ai pas essayé de me mettre à jour. J’ai bien dormi dans une église abandonnée quelques fois histoire d’avoir un toit, mais j’risque pas de m’intéresser à la religion. Je me plonge au creux de son cou et sens son odeur que j’essaye de décomposer en souvenirs d’autres senteurs. Violette. Terre. Muguet. C’est discret, mais un peu de tout ça. C’est l’odeur de violette qui reste le plus et ça me donne envie d’en manger. Vous savez, ces petits bonbons à la violette à l’ancienne ? On en trouve souvent en Europe, mais j’crois pas en avoir vu depuis que j’ai débarqué aux USA. Il remonte la couverture sur nous alors que j’entame un échange d’abord verbal puis de regard avec le spectre qui a pas envie de décarrer … Je finis par grogner et vais à la salle de bain, prétextant une envie pressante afin de converser plus tranquillement avec le spectre.

« Merde, mais j’peux avoir un peu la paix une fois dans ma vie ! Tu t’rends bien compte que l’autre à côté te voit pas. Et de toute façon, t’as qu’à surveiller la porte et quand je partirais, on parlera de ton cas. »

Je sors de la pièce en claquant la porte et pas mécontent de m’être fait comprendre. Par contre, il semblerait que les murs soient pas aussi insonorisé qu ce que j’estimais et je vois la mine surprise de Gabriel alors que je sors. Fais chier, j’ai pas envie de perdre un bon coup juste parce qu’il va croire que j’suis taré du bulbe. Après, j’suis un peu taré, mais j’parle pas tout seul encore.

« Désolé, j’ai dû passer un appel… »

C’est crédible ? J’étais cul nu et sans téléphone … on va faire comme si de rien n’étais et s’il essaye de partir dans les dix prochaines minutes, c’est que j’ai foiré mon histoire.

Pour me retrouver autant essoufflé à la fin d’une partie de jambe en l'air, me fait réaliser que je devrais penser me remettre au cardio. Je ne suis pas des plus partisan des one night, mais celui là en valait le coup! Je ne sais plus trop, ce qui s'est passé pour en arriver là, mais, bordel que j’ai bien fait. J’ignore par quelle miracle, il n'a pas pris la poudre d’escampette avant mon réveil et d'être resté. Je m’allonge donc haletant à ses côtés avec un petit sourire niais sur le visage d’un homme tout à fait "comblé" si on peut dire. Cet exercice a relâché une certaine tension que j'avais cumulée et j'en suis bien content que cela soit arrivé sans encombre. J'espère ne pas l'avoir blessée ou quelque chose du genre lors d'une de mes pulsions passagère. J'espère ne l'avoir forcé en rien et que tout a été fait avec son  consentement. Pour cela, j'y songerais plus tard, le moment où je vie est bien réelle et je compte en profiter encore un peu en le gardant un tout petit peu avec moi avant qu'on ne passe tout les deux la porte de cette chambre. Parce que seul Dieu sait quand est- ce que ce genre de chose se reproduira. Lorsqu'il se love contre moi, j'en profite pour parcourir ce qu’il m’offre d’une de mes mains, dessinant de petit cercle comme n’importe quoi avant ma tentative d’aller chercher la couverture pour nous couvrir. Pour une fois, je suis bien et rien n'indique que quelqu’un prendra la porte dans les minutes qui suivent. Il ne m'a pas laissé croire que quelqu’un l'attendait et vice versa, je n’ai pas ressenti l’impression habituelle que je me suis mis dans de beau draps dans une relation dans laquelle mon partenaire avait une double vie avec un autre de façon bien établi. Ce coup d’un soir, j'espère bien le recroiser un de ses jours, je grave le nom qu'il a bien voulu me donné en mémoire.  

Jusqu'à ce qu’il se lève soudainement en se précipitant vers la salle de bain. En me redressant sur un coude, je guette le moindre signe qui me signifierait que ce rêve prendra fin. Que j'entends parler au travers de la porte, je ne discerne en rien ce qu’il dit. Lorsqu’il revient en claquant la porte, je me pose des questions. Ai-je fait quelque chose de mal ou? Ah, un simple appel qu’il me dit, mes yeux glissent sur lui a la recherche d’un portable que je ne trouve pas, il l'a sans doute laisser dans la salle de bain que je me dit, avec autant de vêtement au sol. Je tend doucement la main vers lui, l’invitant à me rejoindre.

-T’a de sacré oreilles pour avoir entendu ton portable dans la salle de bain…

Parce que le mien est sûrement mort à l'endroit ou je l’ai mis, soit dans une de mes poches ou bien sur un meuble en arrivant. Attrapant ses doigts, je l’invite à reprendre sa place en me calant de nouveaux dans les oreillers.

-Tout va bien?

Le sommeil me gagne de plus en plus tout en me lovant contre lui, je ne l’emprisonne pas, je veux juste sentir son corps contre le mien encore un peu.

J’esquisse un sourire en devinant que ma ruse a marché plus ou moins en apparence. Sinon, il me fait bien croire que ça le dérange pas que j’ai sauté aussi promptement.

« Oh bah j’ai l’ouïe fine… »

Assez pour entendre les murmures des morts, donc oui, on peut dire que j’ai de sacrés oreilles. Quant à mon échange, ça a l’air d’avoir porté ses fruits puisque le spectre ne repointe pas le bout de son nez et je l’en déconseille si y veut pas que j’aille sur son plan astral lui botter l’arrière train … J’suis pas chiant normalement, mais faut pas déconner, y’a des moments où clairement, c’est évident que j’suis pas dispo ! Il va pas me dire qu’il a pas vu le beau gosse allongé à côté de moi.

« Un client un peu contrariant. »

Sinon, en toute honnêteté, j’ai pas de téléphone en fait … autant sur l’eau que dans la vie de tous les jours, j’en ai jamais eu besoin et j’vois pas qui je contacterai. Généralement, les gens qui me veulent, cherchent et me trouvent. Des fois, pas ceux que je voudrais aussi, mais ça fait une trotte que ceux qui souhaitent ma mort n’ont pas réussi à croiser mon chemin. En attendant, le brun se rendort progressivement. Moi, j’ai trop la bougeotte pour me dire que je vais rester toute la journée au lit. Je caresse ses cheveux et lui gratouille la tête.

« Si ça te va, on peut se dire à une autre fois ? »

Je sens que l’autre fantôme risque bien de s’impatienter et je paye pas cher qu’il va bientôt revenir voir si j’ai pas décarré … je devrais limite. Il m’a soulé. Mais on est assez haut, j’ai pas regardé à quel étage on s’est arrêté, j’ai aussi moyen envie de faire le ouistiti de si bon matin. J’ai une pensée pour Jon aussi qui aura bien eu le droit à sa nuit de répit même si depuis que j’ai mon poste sur le Hollandais, c’est quand même bien plus calme à l’appart. J’suis même sûr que j’lui manque grave et qu’il me le dit pas. Enfin, faut aussi que j’ai une discussion avec lui pour savoir s’il a trouvé un objet chez le marchand pour retrouver une semblant de tangibilité.

« Ouais ! Bateau de croisière … dans le genre quoi. »

Je ris et saute du lit alors qu’il me confirme qu’on peut se dire Bye pour cette fois-ci. Je note, je note que je peux aussi le rappeler. Bien sûr, j’oublie totalement de prendre la carte après avoir fini de me saper, mais ça, c’était beaucoup compter sur ma tête pour y penser. De toute, j’aurais sans doute fini par la perdre. Soyons honnête. Un sourire se dessine sur mon faciès et je me dis que j’trouverais quand même moyen de remettre la main sur son p’tit cul si l’envie m’en prend. En attendant, J’retrouve l’autre entité spectrale de l’autre côté de la porte.

« Tu me suis, on va causer plus loin dans la ruelle, j’ai pas envie qu’on m’prenne pour un taré. »

Mon ton tranchant est pas pour rien, il m’a bien emmerdé juste avant et j’préfère pas qu’il prenne trop ses aises si j’me montre laxiste. Faut savoir si prendre avec les fantômes si on veut pas que la situation devienne envahissante. Il me suit docilement et je reprends mon traintrain quotidien …