Rencontre fracassante entre célibataires endurcis.

Ces dernières décennies, j'ai vadrouillé comme jamais jusqu'à présent. Pas d'attache, pas de liens, pas de possessions ou si peu. On ne peut rien nous enlever quand on ne possède rien. On ne peut nous enlever personne quand on ne reste pas assez longtemps pour s'attacher aux gens. Et j'ai, par le passé, perdu suffisamment de gens pour avoir envie de ne pas remettre le couvert pour le moment. Cela dit, ça ne m'empêche pas de profiter des plaisirs simples de la vie, et c'est pourquoi on peut présentement me trouver accoudé au comptoir d'une taverne à déguster l'alcool local en riant aux tentatives de drague de la serveuse, presque plus affalée sur la bar que je ne le suis. Je suis difficile à saouler, moi, c'est là la différence principale entre elle et moi.
Un verre de plus frappe le bois du bar après que je l'ai vidé quand la porte d'entrée de l'établissement s'ouvre, et je relève mon regard sombre vers le nouvel arrivant, sur lequel j'ai une superbe vue de là où je me trouve. J'en avale ma gorgée un peu plus rapidement que prévu, et je glisse quelques pièces à ma compagne de beuverie alors que mon regard est coincé ailleurs.

"Tu m'excuse darling, mais en fait, j'ai de nouveaux projets pour la soirée." Je reporte mon regard vers elle l'espace d'un instant, remarquant que la dame a l'air fatiguée, tout en sachant que la soirée est loin d'être terminée pour elle. "J'te rassure, t'es totalement mon type... Mais je crois qu'il l'est plus encore."

Mes yeux parcourent la pièce un instant, retrouvant assez facilement la haute stature du grand brun qui est entré peu de temps avant. Disons que s'il ne s'installe pas à l'autre bout de la pièce, je penserai avoir une chance.

Ces dernière année, je me suis perfectionner dans l'art occultes pour éviter de mauvaises surprises dans mes calculs. Je sais que je ne devrais pas être par ici, mais la tentation de prendre un verre est bien plus présente, l'alcool a ce temps est exquise et bien plus fort que celle de notre époque qui se trouve à quelque décennie, bien qu’il m’en faut beaucoup plus pour quelle m’affecte. De toute façon personne ne risque de me retrouver ici, le coven ne me surveille plus comme avant et tant mieux. De toute façon, je ne me trouve pas dans mon époque actuelle, mais bien quelque part dans le passé, j’aimerais bien croisé un journal, juste pour être sur, cette endroit me dit quelque chose.

Je pousse la porte en attirant quelques regards sur ma personne, chose habituelle vue la grandeur que j’ai. Je me félicite d'être passé chez le barbier par contre. Ca fait un bien fou de retrouver une coupe courte qui peut traverser les années sans se démoder ou paraître trop futuriste. J’entre donc en me dirigeant vers le comptoir, histoire de me prendre un verre de quelque chose à boire. Je me faufile à travers la pièce jusqu'à atteindre mon but. Le barman arrive que je lui demande un shooter de Cocoroco qui dort la sur la tablette depuis trop longtemps que je me dit, il doit bien avoir maturé. Pendant que j’attend mon verre, je jette un regard à l'assemblé autour de moi. Qu'est ce que je pourrais bien faire ce soir, puisque je ne peux pas rentrer chez moi avant un petit moment. Je me retourne pour récupérer mon shooter en remerciant le barman, comment j’ai su qu’il y avait une bouteille? La regardant au fond de toutes ses bouteilles, elle resplendit. Je ressens quelques regards sur moi, surtout un, un verre à 90% en teneur d’alcool ça surprend et je compte bien le boire croyez moi.

Ayant abandonné la serveuse au reste de la clientèle, je traine un peu dans le bar bondé sans trop y paraitre avant de venir appuyer mon dos contre le bar, observant le nouveau venu qui me tourne présentement le dos, ainsi que, rapidement, le verre qu'il se fait servir. De quoi finir sur le cul pour qui n'y serait pas habitué, si vous voulez mon avis. Autant dire qu'il tient l'alcool et pas qu'un peu, ou alors qu'il a particulièrement envie de rouler sous la table. Un peu des deux peut-être? Je finis mon verre avant de le poser sur le bar, glissant la main dessus pour empêcher le barman de me resservir la petite sœur.

"Si on essayait un truc plus fort?"

Il n'en faut pas beaucoup plus pour se faire comprendre et voir mon verre remplacé par le même que celui de mon voisin, qui a semble-t-il déjà vidé une partie du sien.

"Bon, et bien, à la tienne!"

Je lève mon verre dans sa direction avant de le porter à mes lèvres, devant admettre qu'à peu de choses près, j'aurai tout aussi bien pu avaler de l'essence et l'allumette qui va avec. Ou de l'eau bénite tiens. On est d'accord que c'est pas pour les petits joueurs. On est également d'accord sur le fait que je ne pense pas être un petit joueur. Cela étant, je prend quelques instants avant d'avaler la seconde gorgée et reposer mon verre sur le comptoir.

"Ca décape par où ça passe. Sinon, moi c'est Jonathan. Et toi, c'est quoi ton petit nom?"

A l'énoncé de ma commande un peu particulière, certains regards se sont arrêtés sur moi. Naviguant entre ma main et mon verre avec un regard qui voudrait dire: Il est sérieux? Je le suis en observant quelques secondes la robe qu'à cet alcool si puissant, l'odeur qui en saoulait plusieurs sauf les plus aguerris.

Je discute nonchalamment avec quelques curieux, je laisse planer le suspense sur cette gorgée qui pourrait me rendre ivre morte ou pas. Certaine joue de leurs charmes en les mettant bien en valeurs cela fonctionne en à peine quelques minutes. Je juge mon petit shooter et j'en vois la moitié, histoire de faire traîner le plaisir a deux gorgés. Je ferme les yeux au passage brûlant de l'alcool, que ses délicieux! C'est là que je remarque que le barman sert un autre verre a ma droite de la même substance que la mienne, qui est celui qui ose m'affronter? Je ne le prends pas en compétition, mais ceux qui peuvent la tolérer ce compte sur les dix doigts.

-Pareillement!

Levant mon verre à mon tour pour en boire le restant. Empruntant le même passage brûlants. Pendant que l'autre bois, je me surprends à le suivre des yeux, juste pour en voir la réaction.

-Aucun virus ne survit après le passage de cet alcool. Matthew, Enchanté.

Me tournant à demi vers lui pour lui tendre la main, autant bien faire. Maintenant, je peux mieux le voir. Il est pas mal, je dois l'admettre sa vue est bien meilleure que les faux décolletés pigeonnant rembourrés

Si j'ai la technique d'approche la plus pitoyable du monde? Il n'empêche que j'ai obtenu ce que je voulais. Son attention. Et mieux encore, son nom. Je peux même vous dire qu'il a l'accent plat des américains, là où le mien est plutôt à couper au couteau, l'un des privilèges d'être anglais pure souche, si on omet la légère touche de génétique démoniaque.
Je serre la main qu'il me tend, en profitant pour laisser glisser mon regard sur chaque parcelle de son visage, m'attardant sur ses yeux sombres, descendant sur ses lèvres, la courbe de sa mâchoire... avant de relâcher mon attention avec un sourire, en réaction à ses paroles, concernant cet alcool qu'on s'est descendu.

"Faut que j'me méfie alors. Il parait que j'en suis un sacré, de virus. Sinon, c'est quoi ton poison?"

Histoire de savoir quoi commander sans devoir attendre de croiser un autre fou qui commande la même chose. Lui? Je croise rarement deux fois la même personne, pas après avoir jeté mon dévolu dessus. Un truc de karma j'imagine. Depuis le décès de ma femme, et dieu sait qu'on avait de lien que l'alliance à nos annulaires, je me la joue électron libre. Je profite de ma liberté, et je découvre autant de pays que de péquins qui vont avec.
Je ferme les yeux un instant, profitant des (trop légers) effets de l'alcool que je ressens encore dans ma gorge, avant de regarder de nouveau dans la direction de Matthew. Nan, ce truc que je ressent chez lui, c'est pas dû à l'alcool. Et si je ne croise pas de démons tous les jours, je sais reconnaitre la trace qu'on laisse sur notre passage. Assorti du fait qu'aucun humain lambda ne pourrait boire ce truc et tenir encore sur ses jambes, aussi longues puissent elles être.

"Plaisir ou travail? Qu'est-ce qui t'amènes par ici?"

Ce n’est pas tous les bars qui tiennent cette alcool et j’en profite lorsque j’en trouve un pour y rendre visite au moins une fois par semaine ou bien une fois par mois selon l’endroit ou je me trouve. Parce que je voyage quand même assez régulièrement ces derniers temps. Je néglige en rien ma petite visite hebdomadaire dans l’un de ses bars comme en ce moment. Ou je me fait acosté avec un type qui prend le même alcool que moi, sa ses intéressant car c’est aussi rare qu’un cheveux de Vélane sur votre veste. Il en reste de moins en moins et préfère rester entre elles dans leurs contrées lointaines ou bien dans un coin du monde des fées des différentes villes. Ce soir c’est celui-là qui a attiré mon attention et cela s’annonce intéressant, plus intéressant que celui de la semaine passé. Lui serrant la main tranquillement pour baisser les yeux sur mon shooter à moitié vide sur la demande sur ce que je bois.

-Le Cocoroco de la Bolivie qui a au moins 96 dégré d’alcool, première fois?

Voyons voir s’il va survivre à cet alcool, si mes sens ne me jouent pas un tour, je sens qu’il n’est pas complètement humain non plus. Je crois qu’il a une toute petite chance s’il a du sang démoniaque en partie, il faudrait l’étudier un peu plus pour le savoir, je prend donc place sur le tabouret qui se libère à ma gauche. Je me permet de l'observer quelques secondes, j’ai bien droit non, il l’a bien fait avec moi. Décoloré, qui contraste avec sa barbe de deux jours, lui qui se veut businessman qui se la joue décontracté trop peut être, tandis que moi je suis plus ou moins bien rangé dans ma tenue, ne dit-on pas que les contraire s’attire? Non, mes sens ne me jouent pas un tour, il a un certain pourcentage démoniaque, mais d'où vient-il? Peu importe, l’important est le moment présent, non? Je bois le restant de mon shooter avant de le poser sur le comptoir devant moi. Libre d'accès pour que le barman le reprenne à moins que j’en prenne un nouveau? Je mijoterais cela pendant notre discussion.

-Du plaisir avant tout et un peu de repérage… alors plaisir ou boulot?

M’ouais bon, j’ai pas la meilleur technique non plus pour approcher les gens.

96 degrés? Je commence à comprendre que je le sente passer. Mais je préfère de loin un verre d'un alcool assez fort pour me faire un minimum d'effet qu'un tonneau d'un alcool aussi peu intéressant qu'un verre d'eau. Et je tiens encore parfaitement debout pour qui s'en soucierai.

"Yep. Mais j'achète. C'est un peu plus "rafraichissant" que le whisky."

Ce qui me fait penser à rajouter la Bolivie dans la liste des pays que je devrais visiter. J'en ai déjà fait pas mal, faut dire, et certains plusieurs fois, étant donné que je peux revenir à loisir là où je suis déjà allé, mais l'Amérique du Sud n'est pas une terre où j'ai beaucoup trainé ma bosse.
Matthew répond à ma question avant de me la renvoyer, et je lui offre un franc sourire, finissant par mordre très légèrement ma lèvre inférieure tout en gardant mon regard tourné dans sa direction, alors que je réfléchis très sérieusement à ma réponse.

"Plaisir, totalement. Cela dit, je m'écarte assez facilement du boulot quand le plaisir se pointe, alors ça pouvait être autant l'un que l'autre, à la base."

Bon, deux solutions, soit on se regarde dans le blanc des yeux jusqu'à ce qu'il neige en Enfer, soit on arrête de tourner autour du pot et advienne que pourra. Après tout, je suis assez doué pour la fuite, au besoin, pour éviter de finir pendu haut et court pour sodomie dans le cas où je me plante sur toute la ligne. Oui non mais courtiser le fils de l'inquisiteur du village, cela fait partie de mes exploits. Le genre d'évènement où, après avoir trouvé toutes les formules verbales pour aggraver mon cas, je suis content d'être en capacité de disparaitre en un claquement de doigts.

"Dis moi mon grand. Si j'te propose de finir nos verres, nous tirer d'ici et nous trouver un coin peinard où poursuivre cette conversation, tu suis?"

A le voir aller, c'est donc la première fois, mes sens ne me trompent pas. S’il prend cet alcool sans trop sourciller ce type là est d’essence démoniaque ou je ne sais pas trop, il est assurément de sang mêlé parce qu'un mortel tout simple, il ce serait déjà écroulé au sol. Je triture le verre entre mes doigts avant de le tendre au barman qui le ramasse au passage. Le fait qu’il confirme, sa première fois, qu’il tient toujours debout, ses paroles, me confirme qu’il n’est pas totalement humain.

-Extrêmement meilleur qu'à cette eau aromatisée, sans vouloir insulter le Whiskey que je bois à l'occasion.

Qu'est le Whisky, juste un spiritueux mais pour me faire effet, me faudrait vider les bouteilles ici présentes et je réveillais sans doute trop de curiosité sur moi, ce que je ne cherche pas trop a faire. Ou attiré les journalistes avec le gros titre suivant: Le type qui ne se saoule pas en buvant tout le spiritueux d’un bar de Chicago. Par contre celui qui se trouve a mes coté a réveillé ma curiosité, je ne le quitte que très rarement des yeux, que pour m’entretenir avec le barman quelque seconde pour un verre d’eau, changer le petit arrière gout du Cocoroco quoi que je la changerais bien d’une autre manière, je me flagelle mentalement sur l’image peu catholique qui m’est passé par la tête.

-J’ignorais que le boulot rimait avec le plaisir… je devrais bosser un peu plus, mais pas maintenant…

Pour le moment c’est un petit voyage improvisé dans une ligne de temps que je maîtrise, je ne suis pas allé bien loin, je me suis juste laissé téléporté a quelque part comme ici. A la mention de finir nos verres, je démontre que je n'ai plus rien devant moi en me redressant partant pour sortir d’ici. Ouvrant la marche pour sortir à l'extérieur, fourrant les mains dans les poches. Je marche quelque pas pour m'éloigner de la boîte et des oreilles indiscrètes. Je me retourne à demi pour demander, en le frôlant du bout des doigts dans le haut du dos glissant à l'épaule opposée de moi a sa droite. J'ai peut être utilisé l'un de mes dons.

-Qu'est ce qui te ferait plaisir?

J’connais quelques bars clandestins, quand je dis clandestin, c’est bel et bien clandestin, abritant quelque bordel, bar, ou tout ce que vous pouvez imaginer, je sais qu’il n’est pas un simple humain et qu’il y a surement une belle porte que je saurais ouvrir qui y mène.

Si j'ai voulu faire le kéké, je prend tout de même un instant, la main posée sur le bar, pour encaisser la puissance de l'alcool que je viens de descendre. Un poil plus corsé que le whisky oui, même si j'en tomberai pas par terre quand même. Ok, je ne tenterai sans doute pas une téléportation, je risquerai de mal viser et possiblement mal finir.

"Ouais nan, essaye pas d'insulter pas le whisky devant un anglais, quand même. Tu pousserai le bouchon un peu loin."

Je retiens un rire quand il me répond que si le travail égale le plaisir, il devrait songer à travailler un peu plus. Tout dépend du travail, et si je ne regrette pas mes années passées à mettre du plomb dans la tête de jeunes gens mieux élevés que ceux d'aujourd'hui et pire, ceux de demain, je dois dire que le petit tour du monde que je m'offre depuis quelques années n'est pas pour me déplaire. Le boulot? Je le trouve là où il est, et vu que je fais aussi bien dans l'exorcisme que dans des emplois plus traditionnels, je trouve toujours de quoi manger là où je vais.

"Et dans quoi tu bosses exactement?"

Si l'heure est venue de s'éclipser, éclipsons nous, et je me redresse à sa suite avant de le suivre à l'extérieur, me rattrapant sur son dos une seconde alors que je rate le premier pas. Le redémarrage après une cuite, c'est toujours le plus compliqué, même si on peut pas vraiment appeler ça une cuite, mais z'avez le raisonnement. Nous marchons quelques instants dans la rue noire d'une nuit sans lune, ses grandes enjambées lui permettant de rester devant moi malgré qu'il semble se freiner autant que j'accélère.

"C'qui me ferait plaisir? T'as l'air de connaitre cette ville, à part son alcool, quels autres plaisirs coupables aurais tu à me proposer?"

Trop direct? Bop, ça sert à rien de tourner autour du pot pendant quinze lunes. J'ai aucune envie d'être sentimental et de me caser, en revanche, je tourne en solo depuis assez longtemps pour pas cracher sur un parti pas dégueu quand il se présente. Commencer par une visite nocturne de la ville en sa compagnie? Pourquoi pas.

Si je n'avais pas terminé mon verre, j'en bois le reste en posant mon verre sur le comptoir. Il semble bien prendre l'alcool mais quand est-il une fois debout? La curiosité me pousse à me lever à sa suite.

-Pardon, pardon… Alors, je peux insulter les petites bières à 5%?

C'est une bière qui n'a pratiquement aucun goût. Un baril ne viendrait pas à bout de ma personne à moi seul. Le whiskey est l'un des alcools que je bois lorsque je ne prend pas celui qu'il a essayé. Lorsqu'il me pose la question de ce que je fais de ma vie, j'hausse les épaules. Je ne suis pas pour dire que je voyage dans le temps en acceptant des petit contrat par ci et par là lorsque j'en vois passé.

-J'termine un BAC, mais je compte peut être me lancer dans l'hôtellier…. Le bâtiment où je travaille a quelque projet..  

Oui, j'ai un immeuble bien en vue. Le projet que j'ai en tête risque d'être fort plaisant et fort épuisant en même temps, mais je vais trouver le moyen de bien gérer le tout. Je travail d'arrache pied pour l'obtenir d'une façon ou d'une autre mon mentor m'aime bien et c'est encourageant, le bonhomme n'a pas d'héritier et selon les rumeurs, je semble être désigné comme le parfait candidat. J'adore cet endroit qui repose sur une ligne énergétique de la toile Arcanique. D'où le pourquoi, je souhaite obtenir cet endroit.

En me levant je lui indique la sortie. Je retiens un rire à la démarche gauche lorsqu'il essaie de marcher. Un shooter de plus et il se retrouvait presque ivre mort. Je l'aide à se remettre debout de la manière qu'il veut, en m'attrapant le dos.

Une fois à l'extérieur, je respire l'air frais. En réfléchissant à la suite des choses parce qu'apparemment il me laisse le champ libre. Excellent, mais que faire en cette jeune soirée.

-Laisse moi réfléchir, j'ai peut être un petit endroit…

Plus ou moins fréquentable pour la bonne société qui nous entoure, il ne semble pas des plus rangé et des plus religieux. Nous pouvons donc aller où bon nous semble. Je l'amène dans un de ces bars clandestin ou le plaisir de la chair est là. J'ouvre la porte en le laissant passer devant moi.

-Bienvenue au Montecito, là où tout est permis ou presque…

En disant cela j’ai posé la main sur son épaule pour ne pas nous aventurer plus loin, elle glisse le long de son bras jusqu’au poignet, réduisant l’espace entre nous deux pour lui confier un petit quelque chose sur l’endroit.

-Si tu veux mon avis sur cet endroit, Adam ou Monica, ont très peu de restrictions…. Libre à toi de rester ou de partir…

Meme s’il était libre de tout mouvement, je me redresse en le liberant en me decalant a la rencontre d’une femme volumineuse qui me reconnais, une embrassade rapide avant de lui demander un verre d’alcool, le meme qu’un peu plus tot. Me laissant seul, je vérifie s’il est resté ou non…

Je me retourne vers lui en haussant un sourcil quand il me demande si, à défaut du whisky, il est en droit d'insulter les bières à 5%. Ca doit pouvoir se faire oui.

"Etant donné qu'elles ne devraient pas avoir le droit d'exister, ouais, j'pense qu'on est en droit de les insulter."

Ouais, on peut dire qu'il est pas plus casé que moi professionnellement parlant. Enfin, peut-être qu'il a un objectif sur le court terme, mais il finira indéniablement par se retrouver entre deux eaux comme je le suis actuellement. Les vocations, ça tient rarement plus d'une vie d'humain, et j'en ai déjà deux à mon actif, de vies d'humain.

"Hôtel chic ou auberge hasardeuse? Sans vouloir insulter les auberges hasardeuses."

Une fois à l'extérieur, je laisse le frais de l'air me fouetter le visage, une solution comme une autre pour ne pas avouer que ce verre d'alcool m'a peut-être un poil plus arraché la gorge que je ne voudrais bien l'avouer. J'ai un brin d'amour propre, si vous ne l'aviez pas compris. Bref, je le suis, n'ayant de toute façon rien de mieux à faire de ma soirée, et ce même si j'imaginais assez peu qu'il finisse par m'entrainer ni plus ni moins qu'au bordel, même s'il n'utilise pas ce mot pour définir cet établissement. Désolé, mais un bar clandestin où les serveuses ont une surface de peau visible largement supérieure à la surface de leurs atours, ça s'appelle un bordel. Choqué? En faudrait plus. J'ai roulé ma bosse depuis assez longtemps pour avoir expérimenté une bonne partie des vices que l'humanité peut offrir. Quand à sa proposition?

"Et si c'était ni Adam ni Monica qui m'intéressait ce soir?"

Disons que j'aborde rarement un mec dans un bar pour finir la soirée avec un ou une autre, à moins de m'être fait jeter par le premier... ce qui arrive parfois. Souvent. Bref, si fallait rester sur ses échecs on avancerait pas dur, et rester sur place quand on a l'éternité devant soi... no comment.

La bière qui ne goûte presque rien ou qui a un goût de pisse, j’ai bien droit de l'insulter peu importe ce qu’il peut bien dire. Je n’appel même pas cela de l’alcool vu le très faible taux d’alcool.

-On est tous les deux d’accord dans ce cas! Bienne!

Que je dis en me frottant les mains. Disons que je me suis mis récemment aux études, qui se passe plutôt bien. En administration pour un futur projet en vue.

-Sans doute l'hôtel pour lequel je travaille déjà.. Les rénovations vont bon train…

Pour un hôtel construit en 1895, il a bien été conservé. Il n'y a pas grand chose à faire pour le rendre conforme et cela a un faible coût lorsqu'on sait marchander la qualité pour un bas prix, si vous voyez ce que je veux dire. Je l'amène a travers quelque rue, croisant quelques personnes qui vont faire la fête ou bien se faire une sortie de couple. Chemin faisant, nous cheminons tranquillement au travers des rues. L’Amenant au Montecito ou le plaisir est à la carte. Je me redresse suite à la proposition que je lui fait, mais sa réponse m’intrigue.

-Ah? Qui donc?

L’information prend un petit moment à venir.

Ok, il bosse dans un hôtel. Vu le péquin, je doute que ce soit le bouge dans lequel je suis descendu moi-même en arrivant en ville, enfin, en même temps, vu qu'il me parle de rénovations, je doute que le bazar fonctionne. Quoiqu'on sait jamais, faire dormir les clients dans des piaules en travaux sans baisser la facture pour autant, ça serait bien le truc de ces grandes villes du Nouveau Continent... je sens que je vais taper du coté de l'Asie pour mes prochaines pérégrinations, le Moyen Orient peut-être... j'ai besoin de prendre un coup de soleil ou deux, et je doute que ce soit dans cette ville où on voit presque la neige à sa porte que je trouve ça.

Pour le reste?

"En général, quand un type essaye de me saouler avant de m'embarquer à quitter le bar avec lui, j'ose penser que ma technique de drague lamentable lui a fait suffisamment pitié pour qu'il m'accueille dans ses draps, mais il faut croire qu'on était pas sur la même longueur d'ondes. Pas de souci, ça arrive. Mais du coup, tu m'intrigues. T'avais prévu quoi de ta soirée à la base?"

Parce que du coup, il m'a perdu. Pourquoi il m'a branché si son idée n'était pas de finir la soirée à deux? Pitié, ne me dites pas qu'il a besoin d'un psychologue, je suis très mauvais à ce jeu.

L'hôtel pour lequel je bosse, je vais tout faire pour le monter à quatre étoiles pour la grande ouverture et même cinq dans les années à venir, qui sait. Oui, j'ai des idées de grandeur, trop grandes même selon Vincenzo. Mais le vieux aime bien mes idées pour en mettre quelques- unes en place. Les rénovations avancent et c'est ce qui compte, pour le moment je profite de l'instant présent. Instant que je ne regrette pas, celui qui se trouve devant moi est quand même bien foutu, peu importe ce qu'il fait de sa vie et j'compte bien l'avoir pour moi pendant un instant. Que je me fais rembarrer une fois arrivé sur place. Du moins, c'est les signaux que je capte ou soit c'est lui qui n'a rien compris. En parlant de me déplace à pas feutré autour de lui. J'ai bien droit de le détailler du regard, laisser place à mon imagination pour savoir ce qu'il y a en dessous de tous ses vêtements la.

-A se que je sache, tu n'as pas refusé mon verre d'alcool… Ma soirée aurait été semblable, mais dans un autre scénario..

Boire un verre seul et débarquer au Montecito. Je me retrouve dans son dos, tout près, glissant doucement mes mains à sa taille bougeant légèrement pour me caler contre son dos, laissant place à l'imagination de ce que je pourrais faire d'elles ou de lui. Il a le loisir de se libérer et de m'envoyer balader. Je me penche légèrement à son oreille embrassant sa tempe à la fin de ma phrase.

-Tout ce que tu désires…

Avant de le relâcher doucement, me déplaçant dans son champ de vision avec un clin d'œil. A lui d'accepter ou pas, j'y donne même le droit de me saouler, de faire ce qu'il veut et de m'abandonner dans un coin, se serait pas la première fois, en venant ici. Si j'me fais rembarré pour de vrai, b'ah je vais pas m'empêcher de fumé de la shisha avec un soupçon d'opium et de m'endormir dans le coin coussins ou bien de trouver un jouvenceau ou une jouvencelle de la place.

On est d'accord qu'on n'arrive vraiment pas à se comprendre lui et moi, ou c'est l'alcool qu'il m'a servi qui me joue des tours? Je n'ai pourtant pas l'impression d'être particulièrement beurré, pas plus que d'ordinaire j'entends, mais d'un coté, ma constitution ne m'aide pas vraiment à savoir l'effet que ça fait de l'être. Cela étant, j'ai vu bien assez d'hommes saouls pour en avoir une petite idée, et d'après cette expérience, je conclurai que non, je ne suis pas beurré.

"Avec un tel verre, t'avais le choix entre le dispensaire et le cimetière, face à un autre que moi. Ca reste du projet intéressant, fonction de ce qu'on y fait."

Parce que vous croyez que j'ai jamais eu besoin d'un bout de cadavre pour une formule ou une autre? J'me répète surement, mais j'suis pas une fée, et j'ai malheureusement pas hérité des principes de mes parents concernant le repos des morts. D'accord, c'est possible que je fasse mon signe de croix quand j'ouvre une tombe, mais ça s'arrête là. Je suis voué à l'Enfer de par mes origines, alors c'pas mes actes qui vont me racheter une conduite, de toute manière.

Il vient se caler contre mon dos, ses mains à ma taille, son souffle contre mon oreille, et je ferme les yeux un instant avant de tourner très légèrement la tête pour le regarder en coin, répondant à son baiser sur ma tempe par sa réciproque au coin des lèvres. Et croyez bien que j'me démonte déjà le cou pour ça.

"Ce que j'désire. Nan, oublie cette phrase, c'est un tue l'amour, crois-moi."

D'un coté on parle pas d'amour mais d'un plan d'un soir, mais z'avez l'idée. Question "désir", j'ai de quoi faire avec les très rares (pour pas dire que ça fait deux siècles que j'en ai pas entendu parler et ça me va très bien) apparitions du paternel, j'ai franchement pas besoin de plus. Il se déplace en face de moi et j'en profite pour le reluquer une fois de plus, si jamais j'avais zappé un détail.

"Cela dit, j'aime assez ce que j'ai en face de moi."

On s'entend que ce type d'alcool, je ne le recommande pas du tout à un simple mortel, ce n'est pas long qu'il est K.-O., je sais en reconnaître un lorsqu'il se présente et celui-là n'est clairement pas un de ceux-là. Il y a un petit quelque chose qui me dit qu'il a une forte constitution surnaturelle semblable à la mienne et mon flair ne m'a pas joué de tour, il l'a supporté ! Une chance sur deux qu'il se tape un mal de bloc le lendemain, tout comme je me le tape de temps en temps lorsque j’en bois un peu trop.

-C'est cela…

Il a tout compris, parce que même pour un être de notre constitution, nous pouvons aussi en ressentir les effets. C’est le seul alcool qui m’a fait ressentir a peu près les mêmes effets que les mortels ressentent. Pourvu qu’on en retrouve toujours dans les années à venir. À force d’en consommer, je me demande, si je ne vais pas m'immuniser comme sur leurs autres alcools servis dans ces bars. Avant de partir, j’m’assure qu’il tient sur ses jambes avant de l’amener dans un autre endroit. Là où je passe derrière lui usant de mes charmes, qui fonctionnent assez bien, jusqu'à… Quoi attendez une minute. Est- ce qu’il aurait réussi à détourner mes dons ? Peu importe, j’y penserai plus tard ou pas. La soirée s'annonce bien plus amusante. En m’éloignant, je promène mes doigts sur lui jusqu'à ce qu’il soit hors de porter en m’approchant d’une charmante demoiselle, qui me glisse une clés dans la main, s’il est assez futé, il va sûrement apercevoir le numéro que je laisse transparaître avant de disparaître dans la petite foule qu'est le bordel de Montecito.

Ma réponse ne semble qu'à demi lui convenir comme je peux sentir la tension en lui monter d'un coup avant de redescendre aussi sec. A croire qu'il attendait une autre réponse. Bop, comme il me l'a si savamment fait remarquer, le quartier n'est pas déplaisant en terme de population. Si ce n'est lui, ça sera un ou une autre, même si je note la façon dont il fait tourner la clef dans sa main de manière à laisser visible le numéro qui y est attribué... Sait-on jamais, si la nuit se fait longue, j'y songerai peut-être... En attendant, je m'en vais me faire servir un nouveau verre qui ne risque pas de me rendre plus saoul que le précédent, au moins jusqu'à me faire accoster par l'une des hôtesses de l'établissement, à qui je ne saurai refuser la faveur. Bon et bien, baissé de rideau messieurs dames, j'ai mieux à faire que vous regardez pour la soirée.