Toi, moi, nous [Nath et Dante]

Dante a beau être la créature nocturne de notre couple, ces derniers temps, il est rare que je rentre du boulot avant lui, et si on s'est enfin mis d'accord sur le fait qu'il arrête de se rendre malade à passer des heures en cuisine pour satisfaire mon appétit, il a toujours ces attentions qui font qu'aucun homme censé ne ferait de détour pour rentrer chez lui en sortant du travail. Et je crois pouvoir dire être censé, au moins sur ce point.

Bref, pour une fois je suis rentré avant lui, et après en avoir profité pour prendre une douche rapide et me changer, de quoi sentir un peu moins le loup qu'à l'ordinaire, j'attrape le chat qui vient à ma rencontre pour me poser sur la banquette avec lui, repartant rapidement dans les réflexions qui sont les miennes en ce moment. Qui sont? Que j'ai beau fuir le passé, quelque part, je continue à y vivre, rien que par mes craintes, mes cauchemars, et tout simplement tout ce que j'ai dans le crâne. Cet idiot de vampire qui a eu la fausse bonne idée de me trouver à son goût me donne envie d'essayer d'avancer, même si j'ai bien assez d'interrogations et de doutes (sur ma personne, pas la sienne) pour mettre mon temps à faire un premier pas. Savez ce qu'on dit, c'est le premier le plus difficile. Et je ne suis pas archi convaincu que discuter avec Silas m'ait beaucoup aidé, mais bon, des vampires, j'en connais pas cinquante non plus. Le clan de Ryan? Ceux là, j'les réserve pour le jour où j'compte en finir. Bref. Vautré sur la banquette, je glisse la main à l'anneau qui pend à mon cou, un anneau que je connais par cœur à force de l'observer, devant me battre un instant avec les pattes du chat attiré par les reflets de la lampe dans le métal.

Si j'ai l'air soucieux quand j'entends enfin Dante rentrer à son tour? Je dirai concentré, au point d'attendre quelques instants avant de me redresser et relever le regard vers lui, remarquant à peine le chat parti se frotter contre son pantalon. Il aura mis du temps à l'adopter, mais ça a fini par venir. Pas fâché de passer après la boite à ronrons, je laisse retomber l'anneau contre ma poitrine, l'accueillant d'une main saisissant la sienne pour l'attirer contre moi, me calant bientôt contre son épaule.

"Je marche."

Je laisse un silence involontaire se faire derrière mes paroles, avant de me rappeler que si moi je sais de quoi je parle, pour lui, c'est sans doute moins clair.

"J'ai envie de voir où on peut aller, sur le long terme. Et si t'as l'idée de canner avant moi, j'te préviens que l'enfer sera pas assez vaste pour que j't'y retrouve pas."

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Lorsqu’on devient vampire, le temps prend une toute autre dimension et pour quiconque m’observerait en cet instant plus d’une minute aurait de quoi penser que je suis une statue de cire. Voilà une heure que mon regard est perdu dans le vide, immobile du petit orteil jusqu’à la pointe de mes oreilles. Je cogite. Ma vie, mon enquête en cours, mon couple, ma belle-fille et mes amis. Rien n’a vraiment de sens, les idées viennent les unes après les autres et je m’égare sur certains détails que j’apprécie et d’autres où je me dis qu’il faudrait que je m’améliore encore. Je suis un éternel perfectionniste et il est parfois dur de comprendre les exigences que je m’impose. On ne peut pourtant pas dire que de mon vivant j’ai souhaité être exemplaire … J’ai été le grand frère qui ne s’occupait pas particulièrement des affaires de la ferme de son père et même si j’aidais ma mère avec mes frères et sœurs, je partais souvent de manière impromptue pour les réunions de mon partie. Je soupire et me redresse, puis étire mes muscles endoloris pour avoir gardé trop longtemps la même position. Le cadran de l’horloge qui surplombe mon bureau m’indique qu’il est bien assez tard voire bientôt très tôt pour que je reste encore à méditer ici. Je rassemble mes affaires et quitte les locaux non sans la joie de me dire que Nath sera surement aussi à l’appart. C’est fou de se dire que juste penser à lui me file un des smile.

Fort probable que Nath puisse être endormi, je me contente d’entrer sans faire trop de bruit, mais on ne retient pas une porte de grincer ou le cliquetis des clés lorsqu’elles tombent dans le bol de l’entrée qui leur est destiné. Pas de doute, mon homme est bien là, sur le canapé et c’est seulement après avoir eu le temps de retirer ma veste et mes chaussures qu’il finit par pointer le bout de son nez. Finalement, c’est le chat qui m’aura salué avant en venant se coller à moi, non sans que je lui réponde par une caresse et gratouille derrière les oreilles pour entendre son ronron apaisant.

Je me dirige vers mon homme qui m’attire sur le canapé où je me vautre à ses côtés.

Je dirais pas qu’un sourire de quinze kilomètres se dessine sur mon visage lorsqu’il m’annonce qu’il marche … oui je le sais, tu as deux jambes et c’est fait pour ! Je sais que le brun a voulu dire autre chose alors je retiens ma vanne pourrie en me mordant la lèvre. Ce n’est pas de trop lorsqu’il poursuit pour être un peu plus explicite sur ses propos. Avec le temps, j’ai appris à laisser Nath me poser ses mystères qu’il résout toujours deux minutes après en me donnant la solution. Il s’en rend pas compte, mais il a un côté très théâtral. Pour le coup, ça reste quand même assez cryptique et je pose mon index sur son nez.

« T’as du retard p’tit chat, ça fait déjà un moment qu’on sort ensemble tu sais ? »

Oui parce que concrètement, à sa déclaration, j’y comprends juste qu’il veut continuer d’être avec moi. J’veux bien croire qu’avec tout ce que je lui ai fait vivre, il a de quoi y réfléchir tous les jours s’il veut continuer ou non et je suis heureux de l’entendre dire qu’il a pas l’intention de me tomber comme une vieille chaussette, mais au-delà de ça, je capte pas le message.

Je dépose un baiser sur ses lèvres et un sourire comme moi seul en est le secret. Va falloir qu’il continue ses explications s’il veut être plus clair, mais pour l’instant je profite juste du confort de ces bras et laisser mes deux neurones baigner dans leur liquide sans se connecter le moins du monde. Quant à son histoire de mort, je le suis déjà et j’compte pas faire d’aller-retour en Enfer pour le moment. Je suis bien où je suis, sur ce canapé entre autre.

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Si je ne suis pas aussi clair dans mes explications que je l'aurai souhaité? C'est pas nouveau. Je dirai même que Dante doit en avoir particulièrement l'habitude depuis le temps. Je croise son regard quand il me rappelle que ça commence à faire un bail qu'on ne peut plus appeler notre histoire une passade, et je le laisse me voler un baiser avant de me tasser davantage contre lui, appuyant mon crâne contre sa mâchoire tout en jouant avec ses doigts un instant. Juste de quoi permettre aux mots d'aller de mon cerveau à ma bouche, je crois au moins.

"Je sais bien. Y a qu'Elaine qui me supporte depuis plus longtemps que toi maintenant. Nan, j'te parle de long terme. De très long terme."

Je relève le regard vers lui, pas pratique vu ma position mais juste assez pour deviner les rouages de son cerveau s'échauffer dans son crâne. Avant d'appuyer ma main contre sa cuisse pour m'aider à me relever, plus sérieux que je l'ai sans doute jamais été. Ou presque. En cherchant bien il m'est peut-être déjà arrivé d'être aussi sérieux.

"Je t'aime, et j'ai envie de passer le reste de ma foutue vie à tes cotés. Et t'en penses pas moins. A ceci près que le reste de ta foutue vie est un peu plus long que la mienne." Un peu seulement? Je le vois presque retenir un rire, ou une objection, j'suis pas sur. "Alors j'te suis. Sur le mariage si ça te chante, et sur cette fichue éternité." Et il peut bien chercher une trace d'humour dans mes yeux plantés dans les siens, il en trouvera pas. Enfin, pas à ce moment précis. Après, j'promet pas. "Cela étant, j'me suis pas trouvé de cancer incurable au stade fini foutu récemment donc t'emballes pas, t'es pas forcé de me bouffer ce soir non plus."

C'est si poétiquement dit. Bop, il sait avec qui il vit, et si j'ai plus de talent que mon frère pour tourner autour du pot, pour les ronds de jambe, là, j'suis aux abonnés absents. De toute façon, poétiquement ou pas, on peut dire un truc de trente-six façons ça reste toujours la même conclusion.

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Même si Nath sait très bien préserver ses mystères sur certains points, après plusieurs années de vie de couple, j’ose pouvoir dire que je sais quand même quand il me faut me taire pour le laisser exprimer le font de ses méninges. Il a besoin d’un temps pour que ses idées se forment clairement sans que je ne vienne l’interrompre à tout va. Nous sommes exactement en train de vivre un de ces moment-là.

Si mon cœur battait encore, ce serait sur un rythme endiablé au fur et à mesure que sa langue se délie. En revanche, si j’arrive parfaitement à contenir mon euphorie verbalement, c’est un échec en ce qui concerne les paillettes qui pétillent dans mes yeux. Mon homme me dit ce que je veux entendre ou il le pense ? Bien sûr qu’il le pense ! IL n’est pas homme à accepter ce genre de chose si c’est à contrecœur.

Oh la ! Difficile aussi de retenir le sourire qui me barre le visage alors qu’il se redresse pour me faire face. Il est au courant qu’il est à deux doigts de faire repartir mon palpitant ? Un signe de tête et je valide qu’effectivement, l’éternité, c’est long. Il a bien fait ses calculs.

« Peut-être pas forcé, mais t’es à croquer quand tu me dis ce genre de chose ! »

Non, je ne le dévore pas autrement que du regard pour le moment et constatant que mon cher et tendre a plus ou moins finit de s’étendre sur le sujet, j’attrape son menton entre mes doigts pour attirer ses lèvres aux miennes, mon autre main se glissant dans sa chevelure.

Cela ne sera pas plus mal qu’il vive sans respirer un de ces quatre car notre baiser dur aussi longtemps que faire se peut. Oui, je sais qu’on peut respirer pendant qu’on s’embrasse, mais ça me fait rire d’y penser. Lorsqu’enfin je me suis repaît du goût de ses lèvres, je plante mon regard dans le sien à défaut de mes dents dans sa gorge. Ne me jugez pas !

« Alors mariage et vampire ? »

Je pose ma main sur son front pour déceler ne serait-ce qu’une petite fièvre.

« Je vais être tatillon, mais vu que le mariage c’est jusqu’à ce que la mort nous sépare, on ferait pas mieux d’être tous les deux morts pour se marier ensuite ? »

Encore une fois, ne me jugez pas, j’ai parfois des chemins de pensées très torturés.

« Et en même temps, autant pour le mariage je m’en fiche de tout planifier mais … l’autre, ça me gêne un peu plus … je me vois mal rentrer un soir et te dire « chéri ! ce soir c’est toi mon repas. »

Ok un nouveau sourire me barre le faciès. C’est tumultueux, j’ai autant peur que je suis heureux et je me blottis dans ses bras. Je ferme les yeux et écoute les battements de son cœur. A y réfléchir, c’est un instant que je grave dans ma mémoire à jamais le sachant maintenant éphémère. Son odeur aussi va-t-elle changer ? Son comportement ? Son amour ? Okok, je vais trop loin.

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C'est plus fort que moi, il me fait rire quand il me sort cette vanne pourrie sur le fait d'être "à croquer". Pas sur que l'humour vampire devrait me faire rire, mais au fil des années, je crois que je m'y suis habitué. Il se rapproche pour m'embrasser, aussi longuement que faire se peut, et je glisse une main à son cou, le surplombant même jusqu'à ce que le besoin de respirer ne me force à le repousser. Je croise son regard, pour ne pas dire qu'il accroche le mien avec tant de force que je serai de toute manière incapable de m'en détourner si je le souhaitais, alors qu'il me demande confirmation de ce que j'essaye de lui expliquer depuis quelques minutes. Je glisse d'abord mon nez sur le sien, parcourant ensuite sa joue jusqu'à son oreille, jusqu'à ce qu'il pose sa main sur mon front en quête, apparemment, d'un symptôme de folie. Ce qui me convint de lui apporter une réponse claire et définitive.

"Mariage et vampire."

Sa question suivante me fait rire à nouveau et je m'installe plus confortablement à coté de lui, finissant par passer un bras autour de lui quand il vient se blottir contre moi, et je pose mon menton contre ses cheveux, fermant les yeux en appréciant simplement de le sentir là contre moi.

"Tu veux dire décider du truc qui demande zéro organisation avant le truc qui pousse tout le monde à vouloir annuler dix fois juste pendant qu'on décide du nombre de petits fours à commander? J'te suis totalement."

Oui, parce qu'il y a un truc pire que le mariage. La préparation du mariage. Et encore, avec Claire, on va pas dire qu'on est descendus à Las Vegas pour faire ça fissa, mais ma famille se résumait à Shawn et la sienne pouvait pas me piffrer alors on va dire qu'on a pas été submergés par les plans de table pour caser les nombreux invités. Je laisse échapper un soupir avant de passer mon second bras autour de lui, me laissant très légèrement somnoler à son contact sans toutefois oublier de lui répondre.

"Ca tombe bien, j'me voit pas inscrire ma mort dans mon agenda. Nan sérieusement, t'as mon accord, pour le reste, vois quand t'auras envie de planter les crocs. Ca rentre dans la catégorie des trucs que j'refuse de prévoir." Je laisse un blanc volontaire avant de répliquer. "A peu près au même niveau qu'un arrachage de dents."

Oui, je suis fier de ma connerie. Chacun son tour.

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Mariage et vampire. C’est validé, limite acté dans ma tête tellement la parole de Nath vaut plus que n’importe qu’elle papier signé ou morsure à sa carotide.

« Je ne dirais pas que ça demande zéro organisation. T’as peut-être des choses que tu veux faire une dernière fois, comme voir un couché ou levé de soleil au bord de la mer, transpirer en faisant un truc sensass ou … j’en sais rien … Des trucs quoi. Et autre chose … pas des moindres pour toi et pour moi. Est-ce que tu veux en parler à Elaine avant ou après ? Je ne peux pas décemment choisir ça sans savoir ce que tu veux faire avec notre fille, ça la concerne … ou pas ? C’est à toi de me dire en fait. »

Limite j’hyperventile alors que je n’ai même pas besoin de respirer. Heureusement qu’il complète avec une pointe d’humour, qui m’arrache un sourire.

« J’te déconseille de perdre des dents maintenant … c’est pas conseillé pour ton avenir. «

Je me concentre sur son visage si proche du mien, son souffle qui fait ondoyer mes cheveux, son cœur et ses battements si rassurant. Je suis sûr qu’il se dit que je réfléchis trop, mais bon, il a l’habitude maintenant. Je fonctionne toujours comme ça et c’est sans doute ma croix à porter. Mon cerveau a beau ne plus être irrigué que cela ne l’empêche pas de faire un bric à brac de mes neurones pour me mettre à l’envers.

« Je t’aime. »

Je sais bien que ça tombe au milieu de rien, mais c’est une évidence qui me rassure. Ça au moins, je n’ai pas besoin de réfléchir.

« Si le mariage, ça ne me paraît pas si compliqué paradoxalement. Au fond de moi, je m’étais dit qu’un jour tu accepterais et je les déjà fantasmé un milliard de fois, c’est tout comme si c’était déjà préparé et qu’il me restait juste à apprécier le jour même. Ta mort, j’en ai peur. Et si je rate et si j’arrive pas à te transformer ? Est-ce que je demande à Silas d’être mon back up si je me chie ? »

Je dois être plus sûr de moi en tant que conjoint qu’en tant que vampire si on extrapole mes dires. Clairement même, je pense que c’est exactement ça. Je soupire une fois encore et me cale encore plus contre lui, me laissant totalement bercé par l’environnement serein qu’il arrive malgré tout à préserver juste par sa présence. C’est fondé que si je passe l’éternité avec lui, elle sera plus douce. Je me voyais de toute manière pas sans.

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Je laisse ma tête partir en arrière, reposant finalement contre le canapé, avant de glisser une main dans mes cheveux quand il me trouve un million de choses à prévoir. Je suis de ceux qui ne prévoient même pas de regarder ce qu'il reste dans les placards avant de faire mes courses donc...

"Bien sur que ça la concerne, mais j'ai franchement pas envie de me prendre la tête avec ça ce soir. Ou un autre jour. J'en sais rien. On est obligé d'y réfléchir?"

Pour le reste, j'vais être honnête, les couchers de soleil c'pas tant ma came que ça. Et pis on a parlé de pas prévoir, j'crois que s'offrir un dernier coucher de soleil ça s'appelle prévoir. Son histoire de dents? Je ris de nouveau, avec un peu moins de conviction sans doute, alors que j'essaye de prendre le coté léger de cette conversation plutôt que le coté plus sérieux. J'ai vraiment pas envie d'être sérieux.

"Moi aussi je t'aime. Et crois-en quelqu'un qui est déjà passé par là, l'mariage, c'est un poil plus chiant à préparer que de savoir dire "oui" sans bégayer. Ce qui est déjà chiant en soit. Même si j'compte bien te convaincre de pas inviter la moitié de la ville."

Si j'dois être honnête, cette partie du plan, je l'accepte plus pour lui que pour moi. J'ai pas renié mes a-prioris sur le mariage. Le mien a été un flop total, celui de mon frère n'a jamais existé, et si on voulait aller plus loin, on évoquerait même celui de mes parents en guise de super exemple de la bonne idée que c'est.

"Pour le reste, tu y arriveras. J'te fais confiance. A toi d'te faire confiance en retour. Et au pire tu m'éviteras juste de crever à petit feu à cause d'un cancer, du sida, ou j'sais pas quelle merde que j'ai du me choper entre deux addictions, trois dépressions et quatre tentatives de suicide. Parait qu'on paye toujours le retour de boomerang. J'compte sur toi pour être l'exception à la règle. D'une façon ou d'une autre."

Et j'espère bien qu'il comprend dans le ton de ma voix que j'ai toute confiance en lui pour y arriver, et que ces dernières paroles ne sont vraiment qu'une plaisanterie de mauvais goût de ma part. Doublée d'un semblant de vérité en demi-teinte peut-être. Je l'embrasse sur le front, le serrant une fois de plus contre moi.

"T'as pas besoin de Silas. Mais si ça peut te rassurer qu'il soit là, j'devrais supporter qu'il me regarde dormir un peu."

Doux euphémisme, dormir... cela dit, on a beau parler de mort, je trouve que l'homme présentement dans mes bras est on ne peut plus vivant. D'accord, son cœur ne bat plus, mais le reste fonctionne plutôt normalement. J'ai pas eu la chance de le connaitre avant sa transformation, mais une chose est claire pour moi, si on avait vécu ça ensemble, il serait rentré à la maison le soir comme si de rien n'était. Pas moi qui l'aurait viré parce qu'il remplit un peu plus le congel et un peu moins le frigo.

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J’acquiesce. Oui, oui mon beau brun, on va être obligé d’y réfléchir au moins un minimum, mais je concède qu’il n’y a aucune immédiateté nécessaire à formuler une réponse. C’est déjà énorme pour nous en une soirée, je pense que nos cœurs ne pourraient pas encaisser plus et le sujet d’Elaine est toujours quelque chose de très sensible pour mon homme, puisque c’est sa vie, sa fille.

« Alors là, ne t’inquiète pas. Mes parents sont morts et mes frères et sœurs savent pas que j’suis vivant … je pourrais bien me faire passer pour mon fils et les inviter, mais ça sera pas leur genre de venir d’aussi loin … je me vois mieux aller les voir un de ces quatre. »

En plus ils sont une tripotés, j’ai quatre sœurs et deux frères … Une belle famille de six tontons-tatas que je n’envisage pas présenter à Elaine le jour même de mon mariage. Sans compter que je dois avoir tout un régiment de neveux et nièces, de beaux-frères et belles-sœurs que je ne rêve pas non plus de découvrir. Je suppose que mon départ à l’époque à sans doute était énormément critiqué par ma famille, sans parler de mon attirance pour les hommes … donc un mariage gay … nope !

« C’est toi qui a le plus de famille entre ton frère, ton frère adoptif et tes neveux, nièces, ta fille, les copains des uns et des autres, potentiellement ton ancêtre … Honnêtement, à part Silas. J’invite personne. Et voilà ! La liste des invités et déjà faite. Ensuite, de nuit, un 21 décembre pour faire ça au solstice d’hiver et profiter le plus longtemps possible. Juste à la mairie et on fera la fête à la maison, c’est bien assez grand ou on demander même à Max à la limite s’il nous prête son palace. »

Non, mais je rigole pas quand je lui dis que j’l’ai déjà imaginé un milliard de fois.

« Pour la nourriture, on s’en fiche puisque, si on y va selon ce que je pense, ça finira pas dans notre estomac et j’suis sûr qu’Elaine ça l’éclaterait de choisir ce qu’elle veut manger ce jour-là. Et même si elle veut des burgers et des frites, ça me va. »

Voilà, on va pas me dire que j’suis une princesse chiante après ça quand même. J’accueille son baiser chaud et profite pour fermer les yeux. Je sais que je n’ai pas besoin de dormir, toutefois, il m’arrive souvent en sa présence de ressentir ce besoin humain de me reposer.

« Bon, Silas peut bien être dans les parages et même je pense qu’il sera bien le dernier à me juger. J’ai pas non plus envie qu’il soit dans la même pièce … c’est intime non ? »

Enfin, on parle quand même de la transformation de l’homme que j’aime en créature de la nuit pour que nous vivions tous les deux en amoureux.

« Et t’as raison, on programme rien et de toute façon, si tu sais qu’on se marie le 21 décembre et que je veux que tu sois … mort à ce moment-là, ben tu te fais ta marge de manœuvre pour faire ce que tu veux faire. «

Je trouve mon plan raisonnable sans trop dériver de mon besoin naturel de prévoir les choses, les organiser, les structurer pour me sentir à l’aise.

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Face à ses paroles, je fronce les sourcils, soucieux, sans relâcher une seconde mon étreinte sur lui. Une étreinte dont il pourrait certainement se délivrer sans effort, j'en doute pas.

"T'en parle comme si ça te touchait pas. Mais j'vois bien que si. La famille c'est quelque chose d'important pour toi. J'le vois avec Elaine. Avec nos neveux. Même avec Silas. C'est presque autant ton frère que Shawn est le mien. Tu t'inquiètes pour lui, et j'suis sur qu'il compte autant que moi sur toi pour l'empêcher de partir en vrille."

Un autre que lui aurait surement fait du tri parmi ceux qui n'étaient pas favorables à l'inclure dans la famille au départ. J'ai nommé Max et Shawn, pour commencer. Sans compter notre passé commun, à Shawn et moi. Ca aurait été tellement simple pour lui de me faire des scènes parce que je passe moitié autant de temps avec mon frangin qu'avec lui. De me convaincre par A + B que j'ferai mieux de couper les ponts... cela dit, mon entêtement est légendaire, mais avec les bons arguments, sait-on jamais. Tout ça pour dire qu'il n'a jamais essayé, et je sais pourquoi.

"C'est ironique dans un sens... moi qu'ait passé ma vie avec pour toute famille Shawn et Elaine, aujourd'hui c'moi qui fout le bordel dans le plan de table. Juste un truc. Oublie l'ancêtre, lui j'compte pas l'inviter."

Pour le reste, je freeze légèrement en comprenant que effectivement, monsieur a tout prévu ou presque. Et il doit s'en rendre compte comme je le vois rouvrir les yeux qu'il venait tout juste de fermer.

"T'es vraiment flippant, tu le sais ça?"

Et un chat qui monte sur le canapé. Heureusement qu'il est pas en cuir le machin. D'un coté, ceux qui ont un canapé en cuir laissent surement pas le chat rentrer dans la baraque. Je le chasse d'une main alors que, monté sur le haut du canapé, il passe et repasse sa fichue queue poilue sur mon visage, réussissant par obtenir ce qu'il veut, me faire éternuer. Une fois, deux fois, allé, quatre fois c'bien aussi.

"Pardon, tu disais, Silas. Ouais, évitez de partager la carcasse, ça m'arrangera."

Je ris à nouveau avant de bouger un peu pour lui suggérer de me laisser me relever, histoire d'aller voir ce que veut la boite à ronrons. Bah oui bien sur, les croquettes... j'ai du en oublier trois en le servant tout à l'heure, et monsieur me les réclame maintenant. Celui qui dit que c'est le chat a des maitres humains n'a jamais eu de chat. J'aurai du rapporter un rat tiens.

"Tu sais quoi? Faudrait vraiment que vous étoffiez le dictionnaire, vous autres vampires, parce que la manière de dire ça, j'suis désolé mais elle donne pas envie du tout. Et elle reflète pas la réalité. Si t'étais mort tu serais au fond d'un trou, ok?"

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Je hausse les épaules tant bien que mal au vue de notre position, mais dans l’idée, je ne saurais pas dire si je m’en fiche ou non. La question ne me tourmente plus depuis longtemps et je pense que de les savoir morts, cela m’aide à me dire qu’il n’y aura de toute façon jamais de réponse à s’ils auraient aimé ou non me revoir.

« Je ne suis pas le fils parfait. Mon père m’a littéralement chassé à coup de fourche et pour ma mère j’étais surtout des bras pour nourrir, porter, éduquer mes frères et sœurs. Pour eux, je suis le frère gay qui a lâché tout le monde pour s’enfuir avec son mec, qui posait des bombes ou voler dans les entrepôts de l’état pour semer le chaos … Donc oui, la famille c’est important, mais tu me contrediras pas si on choisit en partie sa famille. Autant ton frère et ta fille, je ne doute pas que tu as du plaisir à les voir, autant ton père, c’est un peu comme le mien. Alors oui, je considère sans doute Silas pour le frère que j’ai pas eu parce que lui a jamais eu la prétention de me juger et bien au contraire. »

Je sais que je ne peux pas en vouloir à mes frères et sœurs, j’ai été fils unique pendant 7 ans avant que ma mère n’arrive à avoir le suivant et c’est pour cela que j’ai tout de suite été réquisitionné comme nounou, surtout qu’après, elle les a enchaîné. Du coup, on n’a pas grandi ensemble dans un contexte de frères-sœurs et ils n’ont eu que de moi les échos de mon père alors que le plus grand avait tout juste 20 ans.

Je comprends que Nath soit surpris, je ne parle pas trop de ce temps-là. Il est révolu pour moi, mort et enterré avec Luka.

« Si tu veux, on pourrait y aller … je serais curieux de voir ce que mes frères et sœurs sont devenus. »

En étant détective, je ne devrais pas avoir trop de mal à retrouver leur trace. Je suppose qu’ils doivent être encore en vie, mais jamais auparavant l’idée ne m’avait effleuré d’y retourner.

Lorsqu’il me dit que je suis flippant, un large sourire se dessine sur mon visage.

« Merci ! C’est noté pour l’ancêtre et t’inquiète le plan de table se résumera sans doute à une table donc on va pas se casser la tête mon amour. »

Je retiens un rire lorsque le chat vient titiller mon homme le faisant éternuer comme il se doit. Ça aussi faut qu’il se dise, un vampire, ça n’éternue pas … ou alors je suis juste pas sensible, mais j’ai pas l’impression qu’on puisse avoir d’allergie ou de sensibilité de ce genre. Je perds cette fois-ci face au félin et mon cher et tendre se lève, m’abandonnant mollement sur le canapé. J’en profite donc pour m’étaler, genoux replier et regard tourné vers le plafond.

« Oui, bon ben quand je dis cadavre ambulant ou macchabée, ça te réjouit pas non plus. Je ne suis pas un dictionnaire de synonymes ! Et en plus c’est pas transformation … c’est … »

J’ai un blanc monumental. Je me gratte le front, incapable de me souvenir du terme exact que je trouve tout bonnement ignoble dans le genre également.

« Ah zut, je m’en souviens plus, mais c’est pas transformation, c’est un mot débile. »

Un nouveau sourire se pointe alors que je pense à une autre débilité.

« Et je pourrais te faire tout tes repas sans être écœuré après ! Les cocktails aussi ! Tu vas voir, c’est bon. »

Oui, je sais que de base, c’est pas ragoutant de dire que tu bois le sang d’un parfait inconnu. Avant, ça m’aurait dégouté, mais quand on devient vampire et qu’on ne craint plus la maladie, il n’y a aussi plus de raisons de craindre de s’abreuver n’importe où, même si je reste tatillon sur le choix de mes cibles. J’aime le beau, je n’y peux rien et je ne suis pas impatient que Nath s’en rende compte … J’avoue que cela me mettrait sans doute un peu mal à l’aise, surtout que je ne sais pas si je ne serais pas un peu jaloux de le voir à la gorge d’un autre … Je me redresse d’un coup.

Le chat a apparemment su se faire comprendre et Nath obéi à son mini maître à quatre pattes.

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"Et j'étais apparemment le fils qu'il ne fallait même pas songer à présenter à son cadet... ouais non mais t'as raison, les histoires de famille de merde faut pas s'en encombrer. Juste un truc. C'est pas parce que t'aimes Silas comme un frère que ça m'empêchera de démonter son fils s'il fait souffrir Elaine."

C'est dit sur le ton de l'humour, d'accord, mais soyons honnêtes, c'est dit quand même. Cela dit, il a l'air pas trop mal élevé le gosse, mais c'est plus rapide de perdre ma confiance que de l'obtenir. Regardez comment cui-là a réussi son coup en la matière l'an passé.

"Si tu t'en sens, j'dis pas non à voir où t'as grandi. Prévois juste de m'assommer avant de me mettre le cul dans un foutu avion."

Oui, on peut vivre à coté du plus gros aéroport du pays et avoir une sainte horreur de ces boites de conserve volantes qui nous passent au dessus de la tête à longueur de journée. Y en a qui tombent parfois. Souvent. Bref, on a tous vu les images du World Trade Center s'écroulant comme un château de carte en 2001. Pas besoin d'en rajouter.

"Vampirisation? Pitié me dit pas que personne a eu plus d'imagination que ça. Même au Moyen-Age ils ont su nous pondre mieux avec leur "adoubement", alors que "chevaliérisation" aurait été si simple à trouver. Bref, tu peux arrêter de te dénigrer comme ça? T'es vampire comme j'suis sorcier, la seule différence c'est que pour moi c'est inné et pour toi c'est acquis."

Si la magie peut être innée chez moi... bref. L'appart est pas assez grand pour que j'puisse pas lui répondre depuis les quartiers de sa majesté à moustaches.

"Tu sais, vu que t'es pas le seul vampire à venir au bar, pour le plus grand plaisir de Luther tu t'en doutes, tu peux bien me les montrer tout de suite tes cocktails, j'suis sur que ça ferait des heureux."

Le chat contenté, je reviens vers le canapé, m'installant à califourchon sur l'accoudoir, à peu près le seul espace libre laissé par Dante, dans les cheveux de qui je glisse mes doigts.

"J'vois Silas. J'te vois. J't'ai vu lutter pour rester toi-même quand t'avais l'impression que le vampire l'emportait sur l'humain en toi. A défaut d'être naturellement doué, j'me fait pas trop de soucis sur les profs. Pis j'ai déjà fait la liste en trois pages A4 recto-verso des pours et des contres, me fait pas regretter de t'avoir dit oui, monsieur le pro de l'auto-sabordage." Est-ce l'hôpital qui se fout de la clinique? Sans doute. "Tu me fais un peu de place?" Non mais il est bien installé là, et j'dors mieux dans le canapé que dans le lit, alors m'installer dans ses bras sur le canapé, j'peux qu'apprécier l'idée.

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Bien Capitaine ! Mais j’ai confiance, le petit Evenson est pas du genre à courir les jupons si j’en crois ce que j’ai vu. Il a l’air même plutôt sur la réserve à moins que ce ne soit qu’une apparence.

« On peut y aller en bateau aussi, c’est juste plus long, mais si on a pas trop d’obligation, ça pourrait presque sonner comme des vacances. »

Bon ok, le côté voir sa famille et retourner en Yougoslavie (oui je sais aussi que ça existe plus, mais pour moi ça reste mon pays), ça a pas tant que ça des airs de vacances. J’imagine déjà que ça va un tantinet faire monter le stress chez moi et alors vraiment pas du tout parce que Nath m’accompagne, juste que je ne sais tellement pas comment ils vont m’accueillir que je balise un peu. Je hausse les sourcils surpris.

« Tu crois que c’est vampirisation ? Il me semblait que non justement, que c’était exactement la même connerie que pour l’adoubement avec un terme sorti de nulle part. Enfin, si ça se trouve je me trompe. »

Là où j’essaye juste d’être au plus proche de la réalité, Nath y voit une tentative de me dévaloriser.

« Mais non, mais non, j’suis juste techniquement mort. Et je marche … Cadavre ambulant ça me paraît un bon compromis du coup. Et oui je te les montrerais, mais c’était Axel la cheffe pour ça … »

Dommage, je ne la regrette pas que pour ça mais définitivement, c’est une drôle de passade dans ma vie que cette amitié si éphémère. Je sais bien que je ne suis pas le premier à en avoir souffert et les jumeaux auront bien leur mot à dire plus tard également. Je redresse vaguement la tête pour le voir se poser sur l’accoudoir.

« Je cherche pas à te faire changer d’avis, au contraire, je suis vraiment content. »

Le pauvre n’a plus vraiment de place pour s’installer alors que je réquisitionne le canapé. Je me pousse contre le fond et ouvre mes bras, il sait très bien qu’il passera pas à côté d’un câlin de toute façon et je sens qu’on est parti pour faire les flaques et ne jamais trouvé le chemin jusqu’au lit.

« Viens ! »

C’était assez explicite sans que je le dise, puisqu’à peine commencé à bouger qu’il était déjà en train de se glisser vers moi.

« On pourra même se partager la perle si t’as un besoin de te dégourdir les pattes, je pense que j’pourrais être plus casanier que toi que ça ne me dérangerai pas. Ou rester au travail la journée aussi des fois. »

Je suis déjà dans l’organisation, encore une fois. C’est tout moi, j’ai besoin de me projeter et d’imaginer notre nouveau quotidien. Il faut dire qu’on est quand même sacrément pas chiant ni l’un ni l’autre et avec l’éternité devant nous, je ne suis pas sûr que de ne pas se voir 24 ou 48h même nous dérangerai tant que ça. Peut-être que ce qui me fait le plus peur dans l’immédiat, c’est que Elaine me déteste pour ça … ou convainc son père de renoncer. J’accepterai, bien sûr que j’accepterai, mais ça me mettrait un sacré coup au moral d’avoir eu l’espoir et qu’on me le reprenne. Et je sais que si ça arrive, Nath ne se reposera pas la question une seconde fois. Je soupire. Je dois bien avoir mon visage qui me trahit … et mon homme me connaît sur le bout des doigts.

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"Presque."

On peut pas dire qu'ils se soient quittés en bons termes, pour commencer, et rajoutez à ça que ça doit faire 40 ans qu'il y a pas foutu les pieds, j'pense qu'on peut admettre que si une part de lui a envie d'y aller, une autre a très envie de partir en courant rien qu'à cette idée. Je m'installe contre lui sur le canapé, le laissant à son tour me serrer dans ses bras en fermant les yeux. Si j'étais un chat, je ronronnerais, assurément.

"Ou j'pourrais demander à mon frère. Max." Oui non mais en matière de sorcier vaut mieux préciser, même si les dons de Shawn s'accordent assez peu avec le sujet actuel "C'est bien un sorcier qui te l'avait fournie ta perle non?"

Je tourne plus ou moins le regard vers lui, incapable de l'apercevoir seulement vu notre position, mais le sentir contre moi suffit largement à mon bonheur. Avant de froncer les sourcils et chercher un instant sous mon tee-shirt pour en ressortir la fameuse bague que je lui ai refusé de porter il y a maintenant... un sacré moment.

"Du coup, c'te breloque là, j'me la passe tout seul au doigt ou tu t'y colles? Et interdit de t'agenouiller, j'suis trop bien calé là."

Ce qui est totalement vrai. Je compte pas bouger de là où je suis avant... une paye, et par conséquence, il risque d'être coincé là un moment.

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Je resserre mon étreinte alors que je le sens parfaitement installé. J’ai passé l’âge d’avoir un doudou paraît-il, mais le sentir contre moi, c’est tout aussi réconfortant

« Il a pas mis sa magie en stand-by depuis qu’il a perdu son bras ? »

Oui, parce que ça aussi on en parle pas trop et je mettrai ma main à couper que les deux frangins ont pas encore parlé de cet incident. Hahaha … ma main à couper !! Non, c’est pas gentil de se moquer d’un handicapé, mais je trouve mon jeu de mot terrible pour le coup.

« Enfin, après ça te donnera p’t-être l’occasion justement de voir s’il est toujours vivant, parce qu’il donne pas trop signe de vie ces derniers temps. »

C’est pas mon frère et pourtant j’arrive quand même à m’inquiéter pour ce grand échalas.

« Et même si c’était un sorcier qui me l’avait fourni, je sais plus s’il avait pas dû trouver un truc rare pour la créer, tu sais c’était à l’époque où je bossais dans un commissariat avec une Capitaine qui se démerdait pas mal pour son équipe surnaturel … ça me paraît tellement loin tout ça.

Je le sens qui gigote, remuer et se trémousse et un sourire se dessine sur mon faciès alors que je sens qu’il pointe son bout de nez dans ma direction.

« La breloque, elle t’emmerde ! Je te signale que j’ai mis deux semaines à me décider avant de la choisir. »

Tout ça pour dire que je me démerde tant bien que mal pour lui faire retirer la chaîne d’autour de son cou et libérer la bague.
Un bras passant derrière sa nuque, l’autre plus libre, je finis par réussir à kidnapper sa main gauche et lui passe la dite breloque à l’annulaire fièrement.

« C’est officiel, t’es mon homme rien qu’à moi ! »

Il le sait que c’est ce genre de chose romantique qui me mette dans des conditions extra câline, alors j’espère pour lui qu’il n’avait pas prévu de fermer les yeux direct après car je n’y consens pas. Le t-shirt, le pantalon, s’il existe la moindre interstice où je peux glisser ma main, je ne rate pas l’occasion et je crois que rapidement le message devient très claire, sans compter mon regard espiègle qui en dit encore plus long.

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"Sa main. Et j'croyais que tu connaissais l'entêtement légendaire des Abraxas. Il va peut-être réussir à faire une pause, mais s'arrêter totalement... entre nous, j'préfère le voir se triturer les neurones sur un sort semblable à celui de ta perle que sur un truc moins sympa."

Ce qui signifie? Qu'il traine bien trop avec Abraxas depuis que le démon a ramené Axel, et que je sais pas ce qu'il fricote celui là, mais sans doute rien de bon.

"Pas faux. Dis, avant de traverser la moitié du globe en bateau, on essayerait pas de traverser le Michigan pour aller le voir? Ca sera l'occaz de visiter l'ile en prime."

Je savais que je l'enquiquinerais à parler de sa bague comme d'une breloque. Il sait aussi que je n'en pense pas un brin. Enfin, une fois qu'il a réussi à m'en débarrasser le cou, je tends le bras pour mettre ma main hors de sa portée un court instant avant de le laisser me passer l'anneau au doigt. Limite ça va me faire bizarre de plus le sentir autour de mon cou en vrai.

"Va falloir que j'te trouve un truc moi aussi. Histoire que ce soit clair pour le reste du monde que toi aussi, t'es à moi."

Je sens sa main baladeuse passer sous mes vêtements et je retiens un gémissement, sachant très bien où il compte m'emmener.

"Laisse moi dormir!!!"

C'est qu'il insisterait en plus! Je lutte gentiment contre lui pendant encore quelques instants avant de capituler et me retourner sur place (et à deux sur un canapé c'est pas simple), glissant une main sur sa joue pour l'embrasser.

"J'te déteste."

Je l'embrasse à nouveau, avant de passer un bras autour de son cou, l'attirant davantage contre moi si c'est possible, l'embrassant à la mâchoire, m'attardant sur son cou, faisant même mine de lui mordre l'épaule en réponse à son commentaire sur le sujet un peu plus tôt. Remarquez que lui, pour un vampire, il mord pas beaucoup. J'dis ça j'dis rien.

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Mon avis que le frangin n’a de toute manière pas arrêter de se triturer les neurones comme il dit puisque ce gars-là ne peut pas s’en empêcher. Autant sur ce point, il est évident qu’ils sont diamétralement opposés. Par contre, oui, le côté têtu, c’est définitivement une marque de fabrique Abraxas, je ne remets pas ça en question … Le mien en étant la preuve vivante à mettre des années avant d’accepter la moindre chose … même le mariage !

Quand a une visite de l’île avant d’aller plus loin, pourquoi pas. J’en ai personnellement fait un petit tour avec Mélinda et je suis allé voir mon filleul une fois pour le plaisir, mais effectivement, je n’ai pas dû en informer Nath plus que cela … Pas que je ne l’inclue pas, juste que ça m’a pas paru important. Par contre il rêve ! S’il se sait têtu, il a tout intérêt à pas oublier que son mec l’ait aussi.

« Non. »

Je souris, il m’embrasse et j’en profite encore plus pour l’envahir.
Il me déteste ? Je ris et lui rend son baiser avec plus de force, tout en le serrant contre moi. Ça tombe bien, le brun en fait de même et c’est foutu pour que je le laisse aller au pays des rêves maintenant. Je m’enivre de son odeur et de ses baisers … sa morsure m’arrache un grognement de plaisir et sachant que mon homme compte s’aventurer du côté des morts-vivants, je ne me retiens pas de lui rendre la pareille, récupérant ses lèvres pour finir.

La suite étant interdit au moins de 18, je laisse votre imagination combler le blanc !

Finalement, nous finissons par nous endormir nus comme des vers sur le canapé et incapable de trouver le moindre courage pour se traîner jusqu’au lit. Je me contente juste de tirer la couverture du dossier, sachant pertinemment que ce n’est pas mon corps qui le réchauffera.

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