Peace of mind | feat Nathan

SI j'ai dormi cette nuit? La bonne blague! Au mieux, je me suis assoupie dans les bras de mon troll, le temps d'une petite heure. Et même durant ce laps de temps, mon cerveau fulminait. Impossible de penser à autre chose qu'à l'organisation de notre mariage. Impossible d'attendre quoi, un an, avant de nous poser devant l'autel et d'annoncer notre amour à la terre entière. Non. C'est mort. Ce mariage, il aura lieu cet été! Ouais. Cet été, je deviendrais officiellement Madame Abraxas. Et j'ai donc un peu moins de deux mois pour tout organiser. Inutile de perdre du temps, donc.

Ce matin m'a été utile pour faire un premier tri des choses à préparer fissa. Le soucis, quand on a que deux mois... c'est qu'absolument tout devient urgent. Je ne vais donc pas hésiter à mettre à contribution notre famille. Parce que déjà, le mariage sera en petit commité et leurs sièges, ils vont le mériter. Et aussi parce que je vais devenir chèvre si personne ne m'aide. Je dois gérer la maison, les enfants, et maintenant le mariage. J'en suis toute exaltée mais bon sang! Je suis déjà fatiguée.

Il est tout juste dix heures du matin lorsque je grimpe deux par deux les marches d'escaliers menant à l'appartement de mon beau-frère. Je glousse toute seule. C'est bon, je vais devenir la belle-sœur, pour de vrai! Rien que d'y penser, sérieux, je plane! Nathan, c'est pas juste le frère de mon mari. C'est un ancien collègue, un ami et... chose trop cool, le petit copain de mon Dante. Bref! Je suis en amour avec la famille que je me suis composée à Chicago. Une fois devant la porte de l'Abraxas, je toque de manière super énergique. J'y peux rien, j'ai trop d'énergie et de bonheur à revendre.

Est-ce que j'ai prévenu Nathan de mon arrivée? Absolument pas! Est-ce que je l'ai revu depuis ma résurrection? Et bien... non. Mais j'ai revu Dante. D'ailleurs le sorcier a sûrement eu l'occasion de rigoler des tresses dans les cheveux de Dante et de ses ongles. Je me demande si Maxwell a eu le temps d'informer Nathan pour notre mariage. Ce serait étonnant.

Lorsque la porte s'ouvre, le sorcier a droit au même traitement que j'ai réservé à Dante.

- Coucou!

Désolée pour lui... c'est l'euphorie qui parle. Sans lui laisser le temps de comprendre quoi que ce soit, c'est simple, je bondis pour littéralement lui sauter au cou. Tant pis si il est pas prêt et qu'on se casse la binette ensemble. Je suis juste trop contente de le revoir.

Pas préparé au boulet de canon que je suis, je crois bien que Nathan et moi on a failli se vautrer par terre. Sauf qu'il assure grave mon beau-frère, et qu'il a su résister au tsunami que je suis.

- Axel? Whaow! Eh doucement!
- Désolée?

Pour la peine, je tente d'afficher mon sourire le plus angélique. Est-ce qu'on y croit? Franchement, pas une seule seconde et j'éclate de rire. Jamais! Vous m'entendez? Jamais je ne cesserais de me jeter dans les bras des gens que j'aime! Même quand je serais toute vieille et en déambulateur, je demanderais à mes enfants de me faire léviter pour que badaboom! Je suis puisse sauter à leur cou. M'enfin à ce stade, je pense que je pourrais uniquement faire subir ça à Dante. Il aura toujours la forme et les pieds solidement ancrés sur le sol. En parlant de sol, je cesse de m'accrocher à Nathan comme un koala s'accroche à son arbre.

De nouveau sur le plancher des vaches, je laisse Nathan m'observer. Je suis presque tentée de claquer des dents et de lâcher un petit "cerveeeeauuuu". Histoire de me la jouer "La nuit des morts vivants". Presque seulement, je me dis que ça reste encore trop tôt pour blaguer sur ma mort. On va attendre les prochaines dix minutes pour ça.

- Alors t'es vraiment de retour? Et il t'as fallu tout ce temps pour venir voir ton beau-frère préféré? T'as pas honte?!

De nouveau, j'affiche mon sourire angélique qui n'est absolument pas crédible. Je pourrais lui expliquer à quel point mon retour dans le monde des vivants a été... rude. Je pourrais m’appesantir sur les raisons qui m'ont tenus éloignés des gens que j'aime les premières semaines de mon retour. Je pourrais... mais je ne vais pas le faire. Parce que l'atmosphère est détendue. Parce que là, je suis heureuse. Heureuse d'être fiancée. Heureuse d'être vivante. Et heureuse d'enfin le retrouver. Je vais donc rester sur ce registre.

- Bah en fait... Désolée de te l'apprendre mais ton titre de beau-frère préféré est remis en cause depuis que j'ai un second beau-frère. Et lui, il me laisse lui tresser les cheveux.  

Je ris. Non en vrai, je les aime tout les deux. Puis Nathan est vraiment mon beau-frère préféré. Parce que Dante, pour le coup, c'est mon frangin. Donc... pas la même catégorie. Donc pas besoin de créer des préférences. Vous voyez? D'ailleurs si j'avais pu, j'aurais choisi Dante ET Nathan pour m'accompagner à l'autel. Sauf que Nathan a été réquisitionné par Maxwell. Bon bref! Je passe mes mains dans les cheveux de Nathan... enfin ce qu'il en reste.

- Sauf que là... ça va être difficile de tresser quoi que soit. Va falloir que tu me proposes mieux.

Et je sais exactement comment il pourra se racheter! En attendant, je lui tapote ses joues parce que j'adore et je m'incruste dans l'appartement. Quoi? C'est pas comme si il avait l'intention de me laisser sur le pas de la porte. Je me vautre dans son canapé et j'examine l'escabeau.

- Tu faisais des travaux? Je peux t'aider?

Je préférerais qu'on picole et qu'on discute organisation mariage mais tant qu'à être là, autant voir si je peux l'aider.

— T'sais qu'y m'a fallu deux heures pour lui r'tirer tous les élastiques? Et j'parle même pas du temps qu'il a fallu pour que j'sois plus tenté de l'app'ler Bouclette, le pauvre. Faut pas, j'te jures, faut pas faire ça aux gens!

Ne pas rire. Ne surtout pas éclater de rire. Je tente d'afficher un air sérieux. Je hoche la tête à ces propos. Oui. Oui. Il ne faut surtout pas faire ça aux gens. Je ne peux toutefois pas ouvrir la bouche pour lui répondre, cela réduirait à néant mes efforts consistant à serrer les lèvres pour ne pas rire. J'imagine tellement le pauvre Nathan, obligé de retirer les élastiques que j'ai mis dans les cheveux de son homme. Franchement, je suis certaine que ça m'a pris moins de temps de les mettre, ces satanés élastiques. Pour notre prochaine soirée alcoolisée, je pense que je tenterais le mascara pour cheveux. Parait que c'est une plaie à enlever. Je taquine encore un peu mon beau-frère avant de me vautrer sur le canapé. Je propose de l'aider pour ses éventuels travaux, mais de vous à moi, je suis déjà tellement bien installée que j'ai pas trop envie de bouger mon cul de là.

— Nan, j'faisais pas d'travaux. J'met juste un peu plus d'bordel au plafond et un peu moins à portée de main. Déjà, ça encombre, pis le chat a décrété d'faire tomber tout c'qu'il peut atteindre, en c'moment. Il a pas encore trouvé comment monter là-haut, même si c'est qu'une question d'temps.

Hum? Ma fatigue joue sur mes perceptions. Pendant un moment j'ai cru entendre "déféquer" au lieu de "décréter". Au début, la phrase tenait la route "le chat a déféqué", c'est la suite qui me laissait perplexe. Le temps de réfléchir à tout ça que j'avais déjà loupé une grande partie de son discours. Au final, j'ai simplement retenu qu'il avait un chat et malgré les rouages complexe dans mon cerveau, j'ai des étoiles qui se sont allumés dans mes yeux. Je rêve d'avoir un animal de compagnie. Chien, chat, rat, lapin, poisson, ou même un furet, tiens. Au lieu de ça, je me retrouve avec une putain de mygale que Maxwell aime autant que moi. Au bout d'un an d'absence, je m'attendais pas à la retrouver et finalement elle est toujours là. Je serais bien tentée d'aller googler la durée de vie d'une mygale, mais j'ai peur d'être déprimée en voyant le résultat. Bordel, dire que sa mygale m'a littéralement survécu. C'est horrible.

— Il dort dans la chambre d'Elaine. A l'étage. Il passe sa vie là-haut quand elle est pas là. Si t'y vas, fait gaffe au colimaçon, l'est con, j'l'ai dévalé sur l'cul plus d'une fois, ça fait pas d'bien.

Je suis de nature flemmarde... sauf quand il s'agit de boule de poils. Tel un suricate montée sur ressort, je me redresse sur mes deux jambes. Je suis fière de moi, je me suis retenue de sautiller sur place tellement je suis toute contente. Puis un détail me frappe soudainement. C'est la chambre d'Elaine. Adolescente, je n'aimais pas vraiment qu'on entre dans ce que je considérais comme mon espace personnel. Je n'ai pas eu l'occasion de la revoir depuis mon retour d'entre les morts, alors je trouve ça un peu déplacé de ma part de m'incruster dans sa chambre juste pour papouiller un chat qui désire probablement rester seul.

— Même si c'est très tentant, je préfère rester ici. De toute façon, c'est toi que je suis venue voir. Pas ton adorable petite boule de poils.

J'inspire. Je m'approche de Nathan et je pose mes mains sur ses épaules. De manière très salmonelle... salomelle? Ah, non! J'y suis! De manière très solennelle, je me plante devant lui et plonge mon regard dans le sien. Est-ce qu'il a remarqué la bague à mon doigt? Non? Non, je ne pense pas. Nathan ne fait pas attention à ce genre de détail. Je crois. J'imagine. Peut-être.

— Faut que je te dise un truc super important.

Malgré mon envie de crier de joie, je prend un air grave.

— J'ai faim... est-ce que je peux t'arracher un petit morceau de chair?

Je suis revenue d'entre les morts! Forcément que des questions se posent et j'en mettrais mes deux mains au feu qu'il s'est à un moment demandé si je n'étais pas un zombie! Bien que ma blague est nulle et ne fait rire que moi et bien... et bien j'éclate de rire. Autant que j'apprenne à rire de ma mort, n'est-ce pas?

— Je plaisante. Je veux simplement te dire que je me suis fiancée à Maxwell.

Un petit clin d'oeil et je lui tapote gentiment la joue.