Devenir maman (et grand-père) ? Toute une aventure [partie 2]

Eliot & Moïra

Devenir maman (et grand-père) ? Tout une aventure !

Voilà quelques semaines que mon œuf avait éclos. Je ne lâchais mon bébé des yeux que quand mon père était là, histoire de me dégourdir les nageoires. Je n'avais pas reprit forme humaine depuis, ayant trop peur de louper quelque chose. Je n'avais jamais passé autant de temps dans l'eau depuis ma naissance. Ca me change de ces dernières années où je n'avais du y aller que quelques fois et rapidement. Je perdais tranquillement mon corps de dragonne enceinte pour retrouver celui d'avant. J'irais presque jusqu'à dire que ce bidon allait me manquer ... presque.

Depuis que j'étais revenue à Chicago, je n'avais pas vraiment eu le temps de songer à un travail, ma grossesse étant passé très vite. Je n'avais donc personne à qui présenter un arrêt maladie et personne à qui expliqué ce que je faisais de mes journées, puisque je n'avais pas non plus vraiment eu le temps de faire des connaissances. J'avais croisé quelques sirènes, comme Amélie par exemple, mais je les gardais éloigné de la grotte où j'avais élu domicile pour ne pas attirer les curieux. Je me suis un peu fâchée contre quelques lucioles d'eau pour avoir la paix et j'ai croisé un kelpie aussi la semaine dernière, mais très rapidement. Je crois que je l'ai effrayé. Ma taille probablement, parce que je n'étais pas hostile à son égard. Ils ne doivent pas souvent croiser mon père, sinon ils sauraient que nous ne sommes pas méchant. Mais ils n'osent peut-être pas. Je ne connais pas bien ces animaux, personne ne les connait vraiment d'ailleurs, j'ai l'impression.

Une fois mon père sous forme humaine, je n'avais plus vraiment de moyen de communication avec lui. Je ne savais donc jamais très bien quand j'allais le voir. Ils savaient que je ne dormais que d'un œil et que je n'étais vraiment pas rassurée quand il n'était pas là, mais je savais aussi très bien qu'il ne pouvait pas être là h24, il avait une vie à mener et moi la mienne à mettre en place en tant que maman.
Dans ma tête je n'étais vraiment pas prête pour ça. J'avais l'impression d'avoir l'immaturité d'une ado de quinze ans dans un corps de femme et ces cinq dernières années d'instabilité n'avaient rien arrangées.

Bébé grandissait vite et bien. C'était assez rassurant ça par contre. Je ne comprenais pas encore son langage, ce qui d'après mon père était tout à fait normale, comme pour un bébé humain en fin de compte. Mais même si je ne comprenais pas son langage, j'adorais l'entendre "gazouiller", en mode dragon bien sur, c'était un peu différent comme bruit, je ne saurais pas vous l'expliquer avec des mots. Allez savoir pourquoi, les scientifiques ce sont d'avantage interrogé sur le développement d'un bébé humain que dragon ou sirène... je comprends pas pourquoi ... *Rire*

Bébé avait décidé d'aller jouer. Ses yeux s'étaient ouvert hier seulement. Enfin non ce n'était pas tout à fait vrai, ils s'étaient ouvert il y a plusieurs jour, mais nous avions constaté rapidement qu'il ne voyait pas, ou pas très bien en tout cas. bien sur nous n'avions pas de comparaison possible, puisque pour moi en tant que née sous forme humaine c'était différent et mon père ne se souvenait évidemment pas de cette période de sa vie à lui. Mais hier avait une source de soulagement et ses yeux c'étaient éclaircit au sens littéral. Je m'étais rendue compte du changement en voyant bébé jouait avec l'eau qu'il déplaçait avec sa queue, puis avec le sable une fois que nous nous sommes un peu enfoncé. C'était beau à voir, ça c'est sur.
C'est d'ailleurs ce qu'il fait en ce moment. Je fais quasiment du surplace, en le regardant virevoltait pour essayer d'apercevoir sa queue, de voir les formes créés par ses mouvements. Lorsqu'il approche des algues, l'une d'elle doit lui chatouiller le bout du museau car je jurerais qu'il rit.

J'aperçois une forme qui approche au loin. Elle grossit très vite. C'est mon père justement. Je me détends dès que je le reconnais et souris. Il ne l'a pas encore vu faire ça. J'ai hâte de voir sa réaction.

AVENGEDINCHAINS

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Devenir maman (et grand-père) ? Toute une aventure [partie 2] 01vf

Devenir maman (et grand-père) ? Toute une aventure - partie 2Eliot & MoïraLe temps a arrêté son cours pour moi il y a bientôt six ans, quand ma femme a quitté cette terre et ma fille quitté le nid par la même occasion. Et si j'avais pensé qu'il ne redémarrerait jamais, le retour de Moïra auprès de moi m'a détrompé. Et ce petit auquel elle a donné la vie, c'est tout simplement une bénédiction, la pièce qu'il manquait à notre famille pour retrouver un souffle nouveau. Un souffle qui se perd pour le moment dans les vagues du lac, comme ni ma fille ni mon petit-fils ne quittent leur grotte depuis sa naissance, et si pour ma part je me dois de reprendre le travail qui est le mien, par égard envers mes élèves, bien qu'ils préfèreraient certainement que leur professeur prenne un congé sabbatique, je consacre désormais la moindre parcelle de mon temps libre à ma famille. Quand aux évènements récemment arrivés en ville? Du moment que ça n'affecte pas les miens, je n'en ai cure, pour être tout à fait sincère.

Je profite du crépuscule sur le point de tomber pour me glisser dans l'eau du lac, reprenant instantanément la forme qui est mienne et véritable depuis le jour de ma naissance, celle du dragon d'eau qui ne laisse bientôt que les écailles de son dos et de sa queue miroiter à la surface de l'eau, avant qu'une dernière inspiration me voit m'enfoncer dans les flots. Quelques minutes seulement me suffisent à rejoindre ma destination, malgré le détour habituel fait pour éviter qu'on ne repère pas le repère de ma fille. Ma fille que je trouve assez rapidement près du fond du lac, en position quasiment stationnaire tandis qu'un petit boulet de canon virevolte près d'elle.

"Depuis quand il?"

Je m'installe à coté de Moïra, attendant d'avoir l'attention du petit dragon qui tourne et retourne devant nous pour lâcher un flot de bulles dans l'eau, de quoi le déconcentrer de nouveau.

"Je suis jaloux. J'aurai aimé connaitre ça avec toi. Mais je ne regrette rien."

Je frotte mon museau contre celui de ma fille, façon comme une autre de lui dire bonjour, avant de jeter un œil autour de nous pour m'assurer qu'aucune menace ne nous environne. En temps normal, la menace, ce serait plutôt nous, mais avec le petit, les dés sont davantage pipés en notre défaveur.

"Va reprendre ton souffle, je veille sur lui."

Quoique lui aussi devrait y songer vu l'énergie qu'il dépense à tourner en rond comme il le fait. Après l'avoir suivi du regard sur plus d'un tour complet, je me retrouve forcé de me dénouer le cou en sens inverse au risque de me faire le torticolis du siècle. D'aucuns diraient que je suis trop vieux pour ça, mais les dragons sont connus pour leur longévité alors...
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Eliot & Moïra

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- Hier !

Répondis-je à sa première question. Je savoure encore un petit moment de voir mon fils un peu plus libre de ses mouvements, maintenant qu'il voit clair.

- Je crois qu'il voit le mouvement de l'eau et de l'air quand il bouge, ou même du sable. Ca à l'air de beaucoup l'amuser! On voit clairement la pupille de ses yeux, donc j'imagine qu'il voit bien maintenant.

Je prends une nouvelle fois le temps de l'observer. Je ne peux m'empêcher de rire de manière étouffée lors d'une nouvelle envolée de bulles. Il frotte son museau contre le mien, véritable geste affectueux pour nous. Je lui rends.

- T'as une deuxième chance ! Enfin, je suis pas mécontente d'être née humaine, mais disons que c'est une occasion à ne pas manquer si tu veux savoir ce que c'est. Profitons en !

J'ai beau être perdue, je suis convaincue que j'aime cette nouvelle vie au fond de l'eau avec mon bébé dragon. Il en profite d'ailleurs que je tourne le regard vers mon père pour foncer tel un boulet de canon, vers nous. Il fonce dans mon père. Je ne sais pas si c'est sa vue, sa vitesse ou sa curiosité pour les bulles qui l'ont décontenancé. Il semble un peu étourdi. Je le récupère grâce à une nageoire, tandis qu'il commençait à partir vers le fond.

- Tu vas avoir encore pas mal de choses à lui apprendre. On ne va pas partir d'ici demain la veille. Tu vas avoir l'occasion de le voir encore pas mal sous cette forme.

Je ne sais pas combien de temps je vais rester ici, avec lui. Même si d'un côté, je me dis que sous notre vraie forme nous pourrions être chassée, je me sens aussi étrangement protégée ici, dans l'eau. Mes pouvoirs y sont décuplés, mon apparence en impose, c'est évident. Et moi, je me sens bien, apaisée, plus légère, libre en quelque sorte.

Il m'invite ensuite à faire un petit tour, t'en qu'il est là. J'ai profité une fois d'une sieste du bébé, la semaine dernière, pour me dégourdir les nageoires, mais il est vrai que je n'en profitais pas de la même manière, je n'avais pas était très rassurée.

- Oui, je veux bien. Je serais pas longtemps! Juste le temps de nager un peu. Bientôt on pourra faire des petites "balades" tous les trois.

Je me tourne vers bébé pour m'assurer que tout va bien et que ses idées sont remises en ordre. Je souris à mon père avant de filer, vitesse grand V pour de très proche horizons.^^

AVENGEDINCHAINS

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Devenir maman (et grand-père) ? Toute une aventure - partie 2Eliot & MoïraJe suis né dans des eaux similaires à celles-ci, tant en terme de température que de salinité, bien que je sois à peu près convaincu que le Loch Ness des années 70 était moins pollué que le lac Michigan des années 2020... cela dit, j'ai passé tant de temps à la surface depuis mon adolescence, que j'ai parfois l'impression d'oublier d'où je viens. De laisser la supercherie prendre le pas sur mon être véritable. Et c'est quand je passe autant de temps dans l'eau que j'en passe actuellement que cela me cingle de l'intérieur. Que je réalise que ma vie est bien davantage sur terre sur dans l'eau. Et que je me demande s'il n'est pas temps de changer les choses, à présent que ma fille et mon petit fils m'ont rejoint dans les flots. Pour être honnête, je n'en sais rien. La vie humaine apporte certains conforts, et quand je vois ce dont les hommes sont capables à notre encontre, je me dit qu'il est sans doute plus prudent de savoir se fondre dans la masse comme tout un chacun. Un enseignement que je n'ai pas eu besoin de donner à ma fille, qui a toujours grandi parmi eux, mais qu'il nous faudra sans doute apprendre de bonne heure au petit.

Il parait qu'un dragon qui sourit, c'est terrifiant, mais que voulez-vous, ce dragonneau ne sait que me donner le sourire, et voir ma fille si heureuse et investie avec lui...il ne manque vraiment que sa mère avec nous pour que le tableau soit complet. Le petit manque me percuter en me fonçant délibérément dessus, et il est probable que seul son manque d'élan ait évité la collision.

"Oh oui, je suis sur qu'il y voit clair! J'ai déjà l'impression qu'il grandit trop vite tu sais. Tout comme toi. Tu étais minuscule, surtout du point de vue d'un dragon, mais j'avais l'impression qu'à chaque fois que je t'observais, tu avais pris un centimètre de plus que la fois précédente."

Je propose à ma fille de surveiller son fils le temps qu'elle n'aille reprendre un peu d'oxygène, ce qu'elle accepte volontiers, me faisant lever de nouveau le regard vers elle, espérant lui exprimer ma reconnaissance pour la confiance qu'elle me porte malgré nos différents encore récents. Ma mère aurait dévoré celui qui lui aurait proposé de me surveiller cinq minutes.
Moïra finit par s'éloigner en nageant, et je reporte toute mon attention sur le mini dragon qui a décidé de retourner chaque pierre du fond du lac avec son nez. Oui bon, ce gros rocher là, ça risque d'être un peu plus compliqué... pris dans son jeu, je décide de lui donner un coup de main, déplaçant le rocher avec mon propre museau, réussissant à me l'écorcher en passant. J'ai peut-être été aussi présomptueux que mon petit fils, au final. Je finis par passer ma tête en dessous de son ventre pour le pousser vers la surface, histoire qu'il aille prendre une bouffée d'air (et moi aussi en passant), avant de redescendre dans les profondeurs avec lui, là où il se trouve être le plus en sécurité.
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- Je devais avoir fière allure, c'est sure!

Je profite de la proposition de mon père de prendre un peu l'air (façon de parler) pour aller me secouer les nageoires. Je croise pas mal de poissons et de mollusques. C'est un agréable moment, des plus lumineux, aussi bien dans ce que je vois et que dans ce que je ressens.
Je suis tellement heureuse avec mon fils et mon père. Je ne me serais jamais attendu a aimer et être aimer à ce point, depuis la mort de ma mère. Je sais que mon père m'aime et je l'aime de tout mon cœur, mais quelque chose s'est brisée en moi ce jour là et je croyais que tout ça été perdu pour moi, jusqu'à mon retour ici. Je m'absente plusieurs minutes. Lorsque je reviens je constate que mon père et mon fils redescendent de la surface. Nous avons eu la même idée, car j'y suis allée aussi juste avant de revenir. En réalité je vois un énorme dragon à côté d'une petite crevette. Ils se rapprochent au fur et à mesure. Je souris bêtement.

- Il a été sage ? Il n'a pas trop fait tourner son grand-père en bourrique ?

J'insiste plus que légèrement, sur le mot ""grand-père, pour savoir ce que ça lui fait d'être surnommer ainsi. J'imagine que ça lui fait autant bizarre que moi avec "maman".

- J'ai une trouille monstre !

A mon retour, je me suis promis de ne pas cacher mes émotions envers mon père et là tout de suite, je suis prise d'un certain mal-être. J'ai mal au ventre rien qu'à l'idée qu'il puisse un jour lancer un coup de nageoire en trop et me laisser seule au milieu ~~de l'océan~~ du lac.

AVENGEDINCHAINS

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Devenir maman (et grand-père) ? Toute une aventure - partie 2Eliot & Moïra"La plus parfaite des mini-humaines qu'il m'ait été donné de voir."

Comme si j'en avais vu beaucoup dans ma vie, de mini-humains, et comme si chaque père ne pensait pas que son enfant est le plus parfait du monde. Aujourd'hui, je pense tout autant que mon petit fils est le plus parfait des dragonneaux, et si j'ai vu assez peu de bébés humains dans ma vie, il faut dire que des bébés dragons, j'en ai vu encore moins. Pour ne pas dire qu'à cet âge, il est le seul et unique. Moïra était plus âgée la première fois que je l'ai emmenée au lac.

Lorsque je replonge dans les profondeurs du dit-lac avec le petit, je remarque bien rapidement que nous ne sommes pas seuls, et la méfiance première mise de coté, j'y reconnais rapidement ma fille, que je me retiens de rejoindre en deux coups de nageoires pour rester à la hauteur du petit, qui, à dire vrai, n'a lui pas du tout envie de m'attendre en retour. Il rejoint donc sa mère quelques secondes avant moi, mère qui insiste à peine lourdement sur le mot "grand-père" dans sa question. Si je dois être honnête avec moi-même, il va probablement me falloir le temps qu'il apprenne à parler et risque donc de m'appeler "papy" pour m'y faire, mais je ne regrette en rien d'accompagner ma fille dans cette aventure. Au contraire, j'aurai détesté l'idée qu'elle m'en tienne à l'écart.

"Trop sage. Laisse-le moi en pension quinze jours et je lui apprendrais à être une vraie terreur."

Oui je sais, il parait que faut que j'arrête de sourire à pleines dents, mais dans la situation actuelle, je peux difficilement m'en empêcher. Au moins jusqu'à ce que Moïra extériorise ses émotions, m'avouant sans détour être terrifiée. Pas besoin de lui demander de quoi, je suis passé par là moi aussi, cet inconnu que représente la paternité et le fait d'avoir à veiller sur un être à la fois si fragile et si fort à la fois.

"Je serai inquiet que tu ne sois pas terrifiée. Je l'étais au delà des mots la première fois qu'on t'a posé dans mes bras, ou quand on était incapables de savoir calmer tes pleurs, ou la première fois que tu a lâché le bord de la table pour t'élancer toute seule... et mieux tomber trois pas plus loin. Et je ne résume là que ta première année. Tu peux te vanter de m'avoir fait blanchir les écailles!" Je marque une pause pour appuyer mon propos, avant de reprendre, plus calmement. "Aujourd'hui encore, je suis terrifié. Et si tu veux tout savoir, même quand les enfants quittent le nid, on reste toujours des parents. Y a pas de retraite dans ce métier. C'est là où tu as un avantage par rapport à moi. Je ne vous lâcherai pas, ni l'un ni l'autre, pas tant que vous aurez besoin de moi, et pas tant que je pourrai être là pour vous."

Non, je ne suis pas aussi idéaliste que j'en donne l'air, et je sais bien qu'on ne choisit pas sa destinée malheureusement. Tout comme sa mère aurait souhaité être présente pour elle et pour notre petit-fils, je sais que la mienne aurait souhaité être là pour moi et pour sa descendance. Aucune d'elle n'a demandé à nous quitter si tôt.

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Devenir maman (et grand-père) ? Tout une aventure !

Je rougis lorsqu'il m'évoque petite. Y avait longtemps que je n'avais pas eu le droit à un tel compliment, de qui que ce soit.

Lorsque je reviens, je constate que mon père lui a fait prendre l'air. Il me dit qu'il est trop sage. En pension chez mon père ? Ca promet. J'aimerais être une petite souris pour voir ça. Plus tard peut-être, beaucoup plus tard. Autant je suis prête à me détacher de lui quelques instants le temps de me dégourdir un peu, en sachant mon père aux aguets, mais je ne suis pas prête à plus pour l'instant, faut pas déconner.

- Il aura bien assez vite des tendances moins sage s'il tient ne serait-ce qu'un peu de moi.

Dieu sait que je leur en ai fait voir de toutes les couleurs à mes parents. Oh j'ai surement pas été la pire, mais pas la plus facile non plus.
Il évoque exactement tout ce qui m'effraie dans le fait d'être maman, mais de son point de vue. Je n'aurais pas cru être dans cet état un jour, pas pour un bébé. Tout les gens autour de moi avait beau me dire que c'était un sentiment/une vie à part, je ne le comprenais pas, malgré toute ma bonne volonté.
Oui j'ai de la chance de l'avoir, je le sais bien. Tout le monde n'a pas cette chance, lui-même ne l'a pas eu et bien d'autre évidemment. Mais vous ne m’enlèverais pas de l'idée que j'aimerais que ma mère soit là avec nous aujourd'hui. Je ne sais pas si j'aurais pu lui éviter les explications du côté dragon de l'histoire vu où je me trouve présentement et que je n'ai pas accouché à l’hôpital. Je l'imagine avec palme et tubas pour rendre visite à son petit-fils au fin fond de lac. Je ris. Oui pour une fois que je pense à ma mère et que je parviens à en rire. Tout n'est peut-être pas perdu. J'évite pourtant d'évoquer avec mon père l'image qui vient de me traverser l'esprit, en croisant son regard. Je ne le ferais que si il me pose des questions.

- Je t'interdis de partir. T'as pas le droit. Pas avant qu'il est AU MOINS ton âge.

Ok, me revoilà mélancolique. Mais yeux brillent, mais je ne pleure pas. Je sais que les dragons peuvent vivre très vieux et comme tout bon enfant, je ne peux que taquiner mon père sur son âge, c'est de bonne guerre.

AVENGEDINCHAINS

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Devenir maman (et grand-père) ? Toute une aventure - partie 2Eliot & Moïra
Moïra n'a pas tout à fait tord, elle nous en a fait voir des vertes et des pas mures quand elle était enfant. Mais je pense qu'elle n'était pas pire que d'autres enfants. Sa mère et moi avions surement oublié que nous étions aussi énergiques à cet âge. Mais pour être honnête, son argument sert ma plaidoirie plutôt que la sienne, j'ai envie de dire.

"Tu tiens de moi. Et je t'ai élevée. Comme je disais, quinze jours avec moi, et j'en fais un petit démon."

Cela dit, quand j'avais cet âge, et même encore après, mon obsession était la surface. Sans la garde féroce de ma mère, j'aurai surement fini dans une foire aux monstres avant mon dixième anniversaire. Donc il est sans doute préférable d'attendre un peu avant de vérifier à quel point il tient de son grand-père... à peu près jusqu'à ce qu'il sache prendre forme humaine, qu'il ait son permis, ses diplômes, et l'âge de boire...

La réaction de ma fille à mes paroles est plus violente que je l'attendais, et je me pose sur le fond sableux du lac, plus simple pour moi que de me maintenir en station immobile entre deux eaux, pour mieux tendre le cou vers elle, émettant une sorte d'ultrason qui pourrait sans doute passer pour un chant de baleine. De quoi la tranquilliser? Aucune idée. C'est la première chose qui m'est venu devant sa détresse apparente.

"J'espère bien vivre plus longtemps encore. Mais je veux aussi me montrer réaliste. J'étais pas prêt à me retrouver seul quand j'ai perdu ma mère, il y avait... tant de questions, tant de situations dans lesquelles j'aurai donné cher pour entendre les conseils que je n'avais pas pris la peine d'écouter quand je le pouvais. Pas plus que nous n'étions prêts à perdre ta mère alors même que nous l'avons vu... que ça n'a pas été soudain. Je souhaite sincèrement que nous profitions de la longévité de notre race... mais je refuse de vous laisser démunis, si jamais. Tu peux comprendre?"

Je frotte mon nez contre le sien avant de décider de dérider une situation bien trop tendue en utilisant mes nageoires pour remuer le sable en dessous de moi. De quoi en soulever des nuages, troublant assez l'eau autour de moi pour presque réussir à disparaitre au travers un instant. De quoi amuser le petit dragon, qui essaye aussitôt de faire la même, finissant par éternuer à cause du sable dans son nez.

"Je crois qu'il va falloir que maman t'explique comment qu'on fait pour ne pas s'en mettre plein les narines."

Si c'est une invitation pour Moïra à relâcher la pression et nous aider à détruire le fond du lac? A peine, à peine...

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Eliot & Moïra

Devenir maman (et grand-père) ? Tout une aventure !

- C'est pas faux ça !

Lui dis-je en souriant. J'imagine déjà la scène de mon père et de mon p'tit dragon. Ils seront bien tous les deux, j'ai entièrement confiance en mon père, même si j'ai du mal à le laisser loin de moi très longtemps, mais ce n'est pas à cause d'un manque de confiance en lui, loin de là.

- Oui je comprends. Tu m'as déjà beaucoup apprit et je sais que tu continueras à le faire, que tu seras présent autant que possible. Je ne t'en remercierais jamais assez pour ça. Même si je sais que tu vas me dire que c'est normal. Ca ne coule pas tant de source que ça; son père nous a bien abandonné quand il a su qui j'étais et donc qui serais son bébé.

Je crois bien que c'est la première fois que j'évoque la situation de son père avec mon propre père. Cette séparation, son abandon n'avait clairement pas été facile à vivre, et j'avais voulu le refouler au plus profond de mes souvenirs, fermé à double tour, mais ce n'était pas possible visiblement et du coup c'était sortit tout seul, comme ça, d'un coup.

Je me déride, lorsque mon père et le petit s'amusent avec le sable du fond du lac. Ce dernier éternue plusieurs fois. Je ne peux m'empêcher de rire à cette vision. Je réfléchis une seconde à la réflexion de mon père, sur le fait de lui apprendre comment faire pour ne pas éternuer. Je ne me souvenais pas de cet apprentissage là, pour moi c'était instinctif, mais peut-être pas. Peut-être mon père me l'avait expliqué alors que j'étais un dragonneau. "Devais-je vraiment dire à mon bébé de ne pas respirer le temps de faire bouger le sable ?" C'était pas instinctif de lui demander une telle chose.

- T'es sûr de toi ? Comment je peux lui apprendre ça ?

Je suis un peu perdue là! Je devrais savoir ça d'instinct ... pourquoi c'est pas le cas ?

AVENGEDINCHAINS

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