It was just a dream - ft Dante

Autour de toi, la plage de Chicago resplendit de mille feux, le soleil brille à l’horizon et bientôt il y disparaîtra. Ta peau bronzée par l’astre se chauffe et un sourire s’esquisse sur ton faciès alors qu’un jeune homme rejoint tes côtés. Grand échalas blond aux yeux verts, Luka est toujours marqué par la maladie, mais enfin son corps retrouve l’énergie qui lui avait tant manqué ces dernières années.

« T’as fini de faire la crêpe à te retourner d’un côté puis de l’autre ? »

Tu rigoles sans même le contredire et accepte le baiser qu’il t’offre. Le sable doré accueille une foule qui s’étiole de plus en plus alors que la journée décline. Lui et toi comptez rester toute la nuit à profiter, cela fait maintenant plusieurs mois que vous avez élit domicile dans cette magnifique cité et vous êtes enfin retombé sur vos pattes. La médecine à sauver le jeune homme d’une mort certaine, tu as pu trouver du travail par-ci par-là et payer pour ses soins, une chambre où loger et manger plus ou moins à votre faim, mais toujours mieux que rien. Jamais la vie ne t’a paru aussi douce et agréable, rien au monde ne pourra entacher tes espoirs. Le vent balaye les eaux du lac et la houle qu’il produit éclabousse les enfants qui jouent de bons cœurs, leurs éclats de rire attirent les mères des chérubins qui viennent se joindre à leurs jeux. Plus loin, un couple, main dans la main, se promène le long de la lisière de l’eau, leurs pieds nus laissant des empreintes dans le sable humide. Le claquement d’un parasol qu’on replis te fait te retourner et le décor change brutalement.

Dans la chambre qui vous sert de logement, tu observes Luka qui cuisine votre repas du soir. Vous avez installé une petite plaque électrique sur la table, juste de quoi faire bouillir et cuire des ingrédients simples. Il ne vous en faut pas plus et tu te délectes du repas qui t’attend, d’ailleurs ton estomac gronde en signe de protestation contre l’attente qu’on lui inflige. Le jeune homme se retourne vers toi et t’adresse un clin d’œil complice.

« Patience, j’ai presque finis. »

Une fois encore tu ne réponds pas, juste un sourire. Pour une raison qui t’échappe, une boule se forme dans ta gorge et tu déglutis pour essayer de faire partir le sentiment de tristesse qui t’envahi. Pour y remédier plus facilement, tu te lèves d’un pas souple et rejoins ton amant. Un baiser dans sa nuque chaude et déjà ton souffle s’accélère de même que les battements de ton cœur. Pourquoi ce sentiment de vide t’oppresse-t-il autant ?
La soirée se déroule de la manière la plus douce que tu puisses imaginer et après ce repas frugal, vous vous couchez l’un contre l’autre, ton corps brûlant contre le sien recherche un peu de fraîcheur. Alors que tes yeux se ferment, tu entends les dernières paroles de ton cher et tendre.

« Je me sens mieux, demain, j’essayerai de trouver aussi du travail, on vivra mieux. »

Tes lèvres s’étirent et c’est ainsi que tu rejoins les bras de Morphée.

L’aube te tire de ton sommeil factice et tu sens une envie irrépressible de te laisser aller au plus grand désespoir. Les genoux repliés contre ton torse et la tête enfoui entre tes bras, tu n’oses pas regarder à côté de toi.

Pourtant, il le faut. Les draps blancs de l’hôtel te ramènent à une réalité doucereuse. Un énième sourire se dessine, mais celui-ci empreint d’amertume. Tu te redresses et rassembles tes affaires pour quitter la chambre du Pandémonium. C’est une connaissance qui t’avait parlé de cette adresse et tu n’avais pas imaginé une seule seconde ce que cela donnerait pour toi. Tu t’étais attendu à voir Nath, mais peut-être exauce-t-il déjà tous les souhaits que ton cœur exige et cela te réconforte de savoir qu’un tel homme t’attend chez toi.

Tu claques la porte derrière toi alors que le jour se lève. Ta perle tressée t’empêche de t’enflammer et une larme coule sur ta joue alors que tu retournes à ta vie, la vraie, celle qui a fait de toi le monstre que tu es.

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