Honey Moon - ft Nath & Dante

Je ne crois pas m’être jamais senti aussi bien de toute ma vie. Le claire de lune comme compagnon, je nage quelques brasses pour m’immerger totalement. Le bonheur de ne pas avoir à respirer, c’est aussi de pouvoir profiter de la faune et flore aquatique sans me soucier de trop bouger. Je peux littéralement faire le mort et les poissons viennent me manger dans la main. Enfin, pas trop, j’aurais l’air bête s’ils commencent à me grignoter. C’est ainsi que je ne me rends pas compte que je me suis éloigné plus que ce qu’il n’en faut de la plage. Au loin, j’aperçois l’ondulation de l’eau et la voix familière de Nath qui se demande ce que je fais.

Un rire m’échappe et je me décide à vite le rejoindre.

Nous avons pris notre envol le jour même, après le mariage. Vous y croyez ? Seulement 3 mois après que le brun m’ait finalement dit oui, je me retrouve à l’autre bout du monde à savourer notre bonheur et pas que …

Si nos fiançailles m’ont secoué, le mariage m’a grandement libéré. Je n’irais pas jusque dire que je mérite cet homme, mais je suis conscient du bien que je lui fais également. Nous avons construit quelque chose lui et moi, quelque chose de beau, de simple et de robuste : notre amour. Il doit se dire que je suis une tête brûlée à tout le temps me rabaisser, me faire souffrir gratuitement. Je suis maître dans l’art de l’autoflagellation. Pas ce soir.

J’arrive enfin au niveau de mon homme et n’hésite pas à faire gentiment clapoter l’eau autour de moi pour ne pas lui faire avoir un infarctus si je surgis d’un coup.

La nuit nous enveloppe et c’est à peu près tout. Je ne me suis même pas muni de ma perle sachant que notre cabane se trouve isolée non loin. Cette île paradisiaque est tout ce qu’il nous fallait pour profiter de notre vie de jeunes mariés.

« Excuse-moi, j’ai suivi une bande de méduses bioluminescentes un peu trop loin semble-t-il, c’était grave beau. »

Mes bras enveloppent le brun à la taille et je l’attire contre moi.

« Je n’arrive pas à y croire … tu m’as dit oui ! On est marié ! Je pense que la lune de miel sera même pas suffisante pour me faire atterrir tellement c’est génial. »

La plupart des gens vous direz que ce n’est qu’un papier, un contrat avec l’état pour dire qu’on partage nos biens touça touça … Pas pour moi. C’est mon amour avec lui au grand jour – façon de parler, je suis toujours pas un fan de soleil – la représentation de notre vie de couple sous la forme d’un anneau que chacun de nous deux porte à son annulaire gauche. Si le brun n’a pas abandonné de porté sa bague de fiançailles, une alliance vient compléter sa parure. Et mon petit bonheur, c’est que je porte exactement la même, gravé à l’intérieur la date de notre mariage et nos initiales.

Je dépose un baiser dans sa nuque et réalise d’un coup.

« Oh putain Nath ! On n’a pas pensé à ce que je vais manger pendant une semaine ! »

Ben oui, parce que les poissons et les crabes … non merci. Et même si le village non loin possède plusieurs restaurants locaux, rien ne correspond vraiment à mon régime à base d’hémoglobine. Je frappe ma main de mon front me sentant immensément con d’avoir oublié ce léger détail … dans le feu des préparatifs, ça ne m’est pas venu à l’esprit une seule seconde.

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Si je ne partage pas l'enthousiasme de Dante pour tout ça? Si, si, à plus juste mesure, je dirai. Je peux vous affirmer qu'après plus de dix ans de vie commune, son foutu enthousiasme qui lui fait toujours voir la vie en rose - quand il ne prend pas en compte sa paire de crocs - est contagieux, et c'est peu de le dire. Regardez, il a réussi à me faire lui dire oui... deux fois, si on considère sa demande et notre grand jour. Et même à m'embarquer en avion, moi qui ai une sainte horreur des altitudes, et qui, en règle générale, me méfie de me retrouver dans des endroits stressants dans lesquels ça pourrait vraiment être la merde si mon pouvoirs jouaient au con. Même si ça gère mieux de ce point de vue là, mais bon, on peut pas dire que j'ai calmé la méfiance même si je m'autorise parfois un petit truc ou deux avec. Non, l'avion, ça a été avec la dose de cachets, et tant pis pour ma faculté ahurissante à tomber dans les addictions, et le nez planqué dans le cou de Dante. Faut dire qu'on se serai crashé, j'aurai rien vu et c'tant mieux.
Mais comme on a du bol, on s'est pas crashé, et je veux surtout pas m'obstruer l'esprit à penser que va falloir qu'on se fasse la même pour revenir à Chicago.

Dante s'est échappé avant moi, à peine la nuit tombée, profitant que je finisse de me remettre de mes émotions aériennes pour tester la température de l'eau. Je ne doute pas qu'il soit dans son élément, sinon je doute qu'il aurait proposé ce genre de destination. Pour ma part? J'crois que jusqu'à présent, j'ai jamais dépassé Milwaukee alors une plage à l'autre bout du monde dans un coin dont il n'arrive pas à me faire retenir le nom... ça ne pouvait être que l'idée de mon grand voyageur.

"Tu fiches quoi?"

Je ris malgré une légère pointe d'inquiétude, appréciant de le voir se décider à revenir dans ma direction. J'aurai été bien ennuyé de devoir aller le chercher. Non pas que je sache pas nager, c'est un rite de passage obligatoire quand on vit au bord d'un lac - et d'accord, la brillante idée des plus grands du quartier de balancer les plus jeunes du haut du pont et "démerdez-vous de rentrer à la nage", ça aide un peu à savoir se débrouiller dans l'eau -, mais on peut pas dire que j'ai son aisance dans l'eau.

Dans l'eau, je m'y aventure jusqu'à la taille, le laissant venir jusqu'à moi, l'admirant sous les jeux de lumière de cette nuit bien différente de celles de ma ville natale. Cet homme est une perle, et je vais vraiment finir par le frapper s'il me répète avoir de la chance de m'avoir. C'moi qui ai une veine pas possible de l'avoir lui oui. J'appuie mon dos contre lui tout en mêlant mes doigts aux siens, me décalant juste assez pour pouvoir le regarder du coin de l'œil.

"Tant que tu parles pas d'atterrir, de décoller, ou de tout ce qui se rapproche d'un avion."

Si je me moque gentiment de lui, quoique pas tout à fait, sa révélation suivante me fait me retourner contre lui pour croiser son regard limite affolé. Je m'affolerai plus tard, pour ma part. Je remarque quand même que j'ai enfin réussi, pour quelques temps du moins, à lui faire oublier son coté vampire, et rien que ça, c'est une victoire personnelle. J'devrais l'épouser plus souvent, même si dans le coup, sa question est une vraie question piège.

"J'te dirai bien d'en profiter pour faire un régime, mais j'sens que tu vas compenser en faisant la cuisine et moi, j'ai vraiment besoin d'un régime."

Je glisse mes mains sur son torse avant de les laisser descendre jusqu'à ses hanches, sous le niveau de l'eau, sentant l'inquiétude revenir au triple galop dans chaque parcelle de son être.

"Eh, déstresse. On va se débrouiller. On ira faire un tour demain, et on aura bien une idée brillante à trouver."

Je pose une main sous son menton pour l'embrasser, y mettant ensuite un peu plus de force que nécessaire pour l'empêcher de se défiler, connaissant son avis sur ce que j'ai à lui répondre.

"Au pire j'suis là. Je sais qu't'aime pas ça, mais si ça peux t'dépanner... tu sais que j't'en voudrais si tu te laisse affamer."

J'attends de lire l'assentiment dans son regard avant de le relâcher, non sans savoir qu'il aurait très bien pu se dégager à n'importe quel moment.

"Bref. On est là pour profiter ou pas?"

Je le pousse en arrière pour le faire tomber dans l'eau, lui balançant une gerbe d'eau en surplus, si jamais il n'était pas encore assez trempé. Le tout avant de me barrer bien sur, parce que je sais que j'vais regretter mon geste dans les dix secondes.

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Je note, l’avion et Nath, ça fait deux. Mais bordel, j’en ai rêvé de cette escapade avec mon homme pour moi tout seul. Aucun souci excepté celui que je balade constamment avec moi puisqu’il est inhérent à ma condition. Mes canines en témoignent … j’ai besoin de manger autre chose que la nourriture locale. Je lui souris et lève les yeux au ciel à sa vanne. On va être dans la merde, je me tends et lui arrive encore à faire des blagues de merde pas possible. On va dire que s’il continue, c’est un tout autre appétit qu’il va m’ouvrir. Si seulement la petite voix me disait pas que je vais être un danger si je passe une semaine sans manger … si on considère que ça fait déjà quelques jours que j’ai rien avalé en prime. Plus de sang au congèle, pas envie de trainer en salle de saignée et pas la tête dans ça, plutôt dans les préparatifs du départ. Je lâche un juron dans ma langue. Ça vaut bien le coup de me traiter d’abruti moi-même. Rooh mon dieu et ses mains, son baiser. Mais qu’il arrête je vais perdre la tête, j’suis en émoi, c’est un bordel émotionnel entre l’inquiétude et l’envie de me laisser aller à la plus grande débauche. Je suis persuadé que ce ne sera pas ce que les poissons auront vus de plus offensant de toute façon. Il est à croquer et apparemment, il en a bien conscience vu ce qu’il me propose.

« Une idée brillante … c’est ça ton idée brillante ? Devenir mon buffet à volonté personnel ? »

J’aurais mieux fait de me taire puisque ma réplique ne semble pas rejoindre son besoin de décompresser et il me pousse par surprise. OK, j’aurais clairement pu ne pas m’affaler comme je viens de le faire, mais je suis sympa et lui laisse croire qu’il a réussi son coup. Englouti par l’eau, je me sens couler au fond. Mon corps heurte le sable et je vois trouble mon homme au-dessus de moi qui s’enfuit comme un fourbe alors qu’il me laisse pour mort … Façon de parler bien sûr. Un point lumineux loin dans le ciel nous permet de ne pas être plongé dans la plus totale des obscurités et je savoure la compagnie de la lune une fraction de seconde avant d’aller réclamer vengeance. Ne quittant pas la douce quiétude aquatique, je me retourne et nage rapidement en direction du brun qui me cherche. Il a dû oublié que sa vision aussi est pas aussi bonne que la mienne, j’ai absolument tous les avantages du monde. Un sourire sur le visage j’attrape ses chevilles et il coule avec moi. Le vieux romantique que je suis ne rêve que d’une chose en cette seconde. Mes lèvres vont jusqu’aux siennes et je l’embrasse assez longtemps pour que je sente le besoin d’air devenir une urgence pour lui. C’est donc pour éviter de nous retrouver avec un second cadavre – moi étant le premier – que nous refaisons surface.
Je l’enlace et de nombreux baisers brûlants de passion s’ajoutent au précédent, n’oubliant aucune partie de son corps à ma disposition. Chassé le naturel, il revient au galop.

« J’ai une proposition, mais c’est pas commun comme excursion pour une lune de miel … Si y’a un centre de soin ou une connerie du genre, on pourrait aller faire un petit larcin … et si on trouve rien, je capitule et tu deviens mon calice. »

Je hausse les épaules et lui souris malicieusement. C’est pas la première fois que je serais obligé de voler du sang et je peux même dire qu’il doit bien me rester quelques notions d’infiltrations de l’époque où on complotait contre le gouvernement. Mes mains remontent le long de son torse et mes doigts fins finissent leur course à la base de sa nuque. J’ai pas réussi à me défaire de cette ambivalence entre l’amour que j’ai pour lui, qui m’incite à ne jamais lui faire le moindre mal et cette pulsion passionnelle qui se réjouit d’avance de boire le sang de la personne que je chéri le plus.

« Comme ça on se promène demain journée et on se fait ça le soir. »

Je sais pas si c’est une nouvelle conception du romantisme, mais préparer un potentiel coup foireux avec lui, ça me fait vibrer.

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"Nope. Ca c'est l'idée de secours si aucune idée brillante te traverse l'esprit."

Oui, parce que je me décharge totalement de la mission de trouver une idée brillante. J'ai beau en avoir appris presque autant que lui sur son régime alimentaire depuis le temps, il reste le mieux placé pour savoir ce qui lui convient le mieux à un moment donné. Par contre, rappelez-moi de remercier Silas d'avoir omis de l'inviter chasser avant de partir, juste en passant. Non pas que je sois très enthousiaste à l'idée que mon cher et tendre se soit mis au meurtre, mais après tout, c'est dans sa nature, qu'il le veuille ou non, et je lui fait confiance pour laisser échapper la veuve et l'orphelin et se concentrer sur qui mérite un peu plus la sentence. Entre nous, c'est leur truc, ça me regarde pas, et j'ai largement pas à le juger pour ça. Bref, on en était où? Ah oui, à ma tentative futile de lui échapper après l'avoir poussé dans l'eau. Bien sur que j'y arrive... à parcourir environ 3m50 avant qu'il ne me rattrape et me foutte à la flotte à mon tour.

Ma première pensée? Que j'aurai du penser à prendre ma respiration une demi-seconde avant qu'il n'arrive à ma hauteur. D'un coté, j'l'ai pas senti arriver à ma hauteur donc j'aurai bien été emmerdé de prévoir le coup. Ensuite? Nope, la suite reste entre moi et moi, c'pas bien catholique comme pensées faut dire. Enfin? Que j'aurai du lui dire que j'étais pas un professionnel de l'apnée. D'ailleurs, je me cramponne à son bras une fois revenu à la surface, profitant de quelques bouffées d'air avant de réellement apprécier le cheminement de ses baisers. Son idée? Pas aussi folle que je l'aurai pensé. Plutôt censée même.

"Va pour une excursion vers l'infirmerie locale. Ca nous fera visiter le quartier, toi et moi. Quoiqu'on fasse c'est ensemble, d'accord? Ca fait dix ans que tu me tanne pour ça, crois-moi que tu vas apprendre à le regretter un peu."

Disant cela, je glisse la main à son cou, caressant sa joue du bout du pouce, me contentant de l'observer avec ce regard qui n'est que pour lui... et pour Elaine, peut-être, parce qu'on a beau dire, ma fille passera toujours en premier, même si j'ai l'impression de passer en second (ou cinquième plus exactement) avec elle en ce moment. Fin, j'comprends largement que son renard et ses enfants passent avant son vieux père, attention, j'remet pas ça en cause. C'juste qu'on aime pas voir ses enfants quitter le nid quoi.

"Sacré programme de lune de miel dis donc." Je l'embrasse rapidement avant de tapoter la surface de l'eau de ma main libre. "En attendant, que dirais-tu d'une promenade au clair de lune... au sec? j'vais friper à rester là!"

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Et bim ! Idée brillante, la beau brun valide mon projet et nous voilà prêt à dévaliser main dans la main une infirmerie. L’avantage de ce genre d’îles, c’est pour que subvenir à son besoin en sang, des collectes sont souvent faites car cela prend trop de temps de le faire venir du continent. Je lui souris naïvement à la douceur de ses mots. S’il croit une seule seconde que je peux regretter ma place durement acquise auprès de lui, il peut se mettre le doigt dans l’œil !

« ok ok ! Va pour la promenade en amoureux au clair de lune, va sécher ton corps divin et pas attraper la mort. »

Je le pousse limite en dehors de l’eau, en oubliant qu’il fait facilement 25 voire même 30°c au milieu de la nuit sur ces îles. Il a aucune chance de finir par se les geler. Pour ma part, chaud – froid, je ne sens plus depuis longtemps la différence. C’est donc sans scrupule qu’il me prend bras dessus, bras dessous une fois sec. Je suis le glaçon sympa qu’il peut se balader partout sans risquer de fondre. Il jette sa serviette par-dessus son autre épaule alors que je fais de même avec la mienne sur mon épaule libre. Tête contre tête, nous avançons lentement sous le halo brillant de la lune comme seul lumière.

« Et ça alors ? ça comble ton besoin de romantisme ? »

Un baiser sur sa tempe et nous continuons notre promenade clopin-clopant, à calquer notre rythme sur l’autre pour ne pas se casser la figure dans le sable. Tout en profitant de l’instant présent, je me fais une vague idée du genre de dispositif que doit posséder le lieu que nous allons vandaliser. J’ose même imaginer qu’un tour de passe-passe de Shawn aurait été bien utile pour le coup et j’hésite à demander à mon cher et tendre s’il n’aurait pas appris au fils des ans un ou deux trucs de son meilleur ami. Je vais me faire foudroyer non ? ça ne me tuerait pas et j’l’imagine bien juste jeter le sèche-cheveux dans la baignoire.

Je vais trop loin dans ma tête ? Je pense que s’il y a un état dans lequel je peux me considérer « fatigué », c’est celui-ci. J’ai mon appétit qui va se réveiller gentiment, l’adrénaline du mariage pas encore évacué et l’incrédulité d’être enfin tranquille avec mon mec en prime. Mon corps doit m’envoyer un message comme quoi il est amplement temps que je me repose une bonne fois pour toute.

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Choper la mort par ce temps là? Il y croit lui?

"J'suis de Chicago j'te rappelle. Les hivers dehors par -20 ça me connais, c'pas les 30 degrés du coin qui vont me donner froid."

Ce qui ne m'empêche pas de ressortir de l'eau pour attraper une serviette et me sécher, plus par "peur" qu'il n'ai la bonne idée de me foutre la tronche dans le sable (et le sable sur la peau mouillée, c'est une horreur) que par véritable chair de poule. Nous nous retrouvons bientôt à marcher sur la plage l'un contre l'autre, et sa question associée à son baiser sur ma tempe (une habitude qui le force à chaque fois à se mettre sur la pointe des pieds mais on dira rien) me tirent un sourire, avant que je ne l'arrête d'une main posée sur son torse, me plaçant devant lui pour l'embrasser. Pour rester face à lui, nos lèvres à quelques millimètres les unes des autres, nos regards plantés l'un dans l'autre.

"Ca, ça comble mon besoin de romantisme."

Je pose une fois de plus mes lèvres sur les siennes avant de laisser mon regard dériver vers ses lèvres puis ma main sur sa peau. Y en a qui se plaignent continuellement que l'autre a mes pieds froids. J'vais être honnête, ça fait bien longtemps que je remarque plus ce détail, sa peau froide en permanence. D'accord, peut-être que l'hiver, je sais râler un coup quand il se colle contre moi dans le lit, mais de là à lui en vouloir y a un monde. Bon, j'pourrai lui en vouloir dans le sens où monsieur n'a même pas besoin des trois ou quatre heures de sommeil que je m'offre dans une nuit, donc il a aucune excuse de "mouvements inconscients pendant le sommeil" pour se coller contre moi. Mais nan, je reste sur ce que j'dis, hormis avoir droit à un grognement de ma part parce qu'il gèle, rien à déclarer.

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Autant dire que son baiser me stoppe net dans mes pensées et j’ai totalement le sourire niais qui va avec. S’il continue … on va jamais arriver jusque notre chambre ou alors pas sans un détour et franchement, il pourra pas dire qu’il n’y ait pour rien. Je mordille ma lèvre, m’intimant de résister, mais il abuse … et après c’est lui qui va dire qu’on est pas capable de finir une discussion sans se rouler dans les draps à la clés. J’assume, il me rend totalement nympho.

« Pff, tu vas me donner chaud … avance chaton, on a même pas 5 minutes de marche, mais à ce train-là, ça va pas le faire. »

Je pose mes mains sur ses hanches pour essayer de le repousser, autant dire que c’est pas vraiment une réussite. Déjà parce que j’en ai pas envie et ensuite … parce que j’en ai vraiment pas envie. Moralité, je me retrouve à lui rendre son baiser un tantinet plus langoureux et mes mains se joignent dans le bas de son dos. Mais conforté dans l’idée que notre cabane de location sera mille fois plus propice à la consommation de notre mariage, même si cela fait belle lurette qu’on s’y est mis, je continue de le pousser dans la bonne direction. Et s’il se détache pas de mes lèvres, je jure que je finirais par le porter en princesse et userait de ma force pour l’emmener très très vite loin des regards indiscrets.

C’est donc avec beaucoup de difficulté que nous parvenons finalement à notre repère. La suite ne regarde que nous et bien heureusement qu’il n’y a pas de voisins trop proches, je crains que nous n’avons pas été des plus pudiques. Mon prince s’endort finalement et j’en profite pour aller marcher sur la plage en face de notre repère. Je m’allonge dans le sable blanc et enfonce mes pieds de quelques centimètres. La sensation est juste exquise. Mon regard se perd dans les astres du firmament, une étoile filante après l’autre, je formule secrètement des vœux de bonheur pour mon homme et moi. Toutefois, aux premiers signes de la lumière meurtrière du soleil, j’extirpe de la poche de mon bermuda la perle qui m’en protège et la tresse méticuleusement dans ma crinière. Il est aussi amplement temps que je rejoigne ma belle au bois dormant pour son câlin matinal.

Je me relève doucement et reprend le chemin inverse. Devant notre cabane, un panier est posé contenant notre petit déjeuner … Le but c’est d’avoir l’impression d’être seul pendant tout notre séjour … on peut bien sûr rejoindre le village, mais rien ne nous y oblige. Tous nos repas sont livrés devant chez nous sans que le livreur n’ait à sonner ni prévenir. On se débrouille entièrement et nous avons juste à laisser le panier vide en retour pour qu’il le récupère. J’avoue que c’est mon idée … ce petit détail qui nous permet d’être le plus loin possible de toute civilisation m’apaise. Je ne vais pas mentir, après plus de 40 ans à Chicago, j’ai envie d’autre chose, de bouger. Un sac à dos et la vie sauvage … mais pas sûr que mon barman apprécie cette proposition. On va déjà voir comment il vit cette expérience et plus tard pour la suite.

Je me penche et ramasse le panier contenant notre petit déjeuner … surtout le sien, mais bon. Je réserve pour deux, ils amènent à manger pour deux … j’aurais pu prétexter le régime alimentaire compliqué et des pseudo allergies, mais je n’ai pas eu le cœur à me battre pour cela. La pénombre se dissipe rapidement et je retrouve mon brun étendu nu dans les draps ne laissant entrapercevoir que son postérieur. Je souris. Il est adorable. Je retourne donc dans le lit me coller contre lui, ma chair morte et froide contre la sienne si vivante et si chaude. Il grommèle gentiment à la sensation et se tourne vers moi la mine totalement dans le vague.

« Bonjour chaton, le petit-déjeuner est arrivé si tu veux … »

Je dépose un baiser sur son nez et il ouvre un œil à moitié, se protégeant du soudain trop pleins de lumière. Notre journée repérage nous attend et j’avoue que mon ventre à moi aussi dirait pas non à un p’tit-déj’…

Alors certes, on commence par rassasier un tout autre appétit qui ne regarde bien que nous avant d’entamer la suite des réjouissances et autant dire que la promenade vaut le détour. Comme je le pensais, des collectes de sang ont lieu de partout pour attirer les touristes et essayer d’amadouer les plus insensibles à la bonne cause. Moralité, c’est sans difficulté qu’on repère le manège des camions, leurs horaires de livraisons et autres informations qui pourraient être salvatrice à notre larcin. Je suis un fin observateur – sauf quand je me plante – et il n’est pas trop difficile de percevoir les faiblesses de leur organisation puisqu’après tout, ils n’ont aucune raison de penser qu’on irait leur voler leur récolte. Je soupire en me rendant compte que cela aura tout l’air d’un simple vol de sac à main, plus que la grande aventure épique que je m’imaginais et concrètement, c’est ainsi que cela se déroule. Un soignant pose la glaciaire, va pisser, je vole la glaciaire car la nuit tombante me couvre bien assez pour que je passe inaperçu tout en utilisant ma vitesse surhumaine et voilà. Je reviens vers mon cher et tendre, butin en main.

« Voilà ! on va dire que j’suis déçu, on pourra pas écrire un livre là-dessus, mais ça m’évitera au moins que tu me serves de garde-manger ! »

Je l’embrasse langoureusement et lui adresse un clin d’œil complice. Je rechigne pas à le gouter, il est extrêmement savoureux, mais lui ne m’a jamais trop donné l’impression que c’était son délire et je respecte bien trop sa volonté pour faire l’inverse. Je prends sa main dans la mienne et nous retournons à notre havre de paix, loin des regards indiscrets. Avec cela, nous n’avons plus qu’à profiter de notre lune de miel, sans nous soucier de quoi que ce soit d’autre …

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C'est pas tous les jours que Dante est le plus raisonnable de nous deux, et si je lutte encore un peu face à lui, je finis par rendre les armes, sachant qu'il n'aura aucun mal à me faire me ranger à son point de vue si j'insiste davantage. Ce qui signifie? Que je vais attendre encore un peu avant de tenter un bras de fer avec lui, sans qu'il me laisse gagner j'entends. A force de reculer, il finit par m'emmener à destination, où nous laissons enfin libre cours à la passion qui nous anime. Autant dire que la nuit est agitée, le sommeil aussi court que peu réparateur, et la matinée tout aussi agitée. Et que je pense récolter quelques bleus en passant, mais pas de quoi fouetter un chat.

Le petit déjeuner sera plus rapide que prévu. Je le vois bien assez serrer les dents devant sa propre faim non assouvie pour prendre le temps d'assouvir la mienne. Pis de toute, rester une heure à table pour rien, ça n'a jamais été mon truc, alors le plan "vol de sang" est finalement assez vite mis en branle. De quoi décevoir aussi bien Dante qu'un éventuel réalisateur d'Hollywood qui aurait prévu un super film sur le sujet, mais on s'en remettra. Le principal à mes yeux, c'est qu'il puisse se restaurer, déjà.

"J'te l'ai déjà dit. C'est pas ma came, mais si j'te le propose, c'est pas en espérant que tu refuses."

A peine sommes nous rentrés qu'il s'attaque à son diner improvisé, et si je me glisse dans son dos sans éprouver le moindre dégout de le voir faire - faut dire que j'ai pris l'habitude à force - je me pose encore une fois la question de savoir comment il peut trouver ça appétissant. J'imagine que l'instinct prend le dessus, mais là comme ça, j'y volerais pas, pas d'inquiétude à ce sujet. Bref, ça aura eu le mérite de nous faire explorer l'ile entre deux nuits agitées, cela dit, c'est pas si mauvais comme plan en fait...

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