Je ne sais pas où je vais, mais avec toi et c’est tout ce qui compte ! - ft Elaine & Tomas

Il s’en est écoulé du temps depuis nos premiers rendez-vous … Ma belle affiche des rondeurs qui témoignent que notre amour brûle toujours avec la même étincelle et notre petit Léonard – 2 ans déjà – va bientôt avoir une petite sœur avec qui partager son quotidien. Un sourire espiègle se dessine sur mon visage alors que je m’approche de ma femme. Un anneau en or blanc orne mon annulaire gauche et témoigne que je peux l’appeler ainsi depuis 3 ans maintenant, pour mon plus grand bonheur. Elaine est moins tête de mule que son père et ne m’a pas dit non le jour où j’ai posé la question contrairement à ce que j’ai cru comprendre pour lui et Dante. Je suppose qu’elle ne s’est pas rendu compte que le petit souci de longévité entre elle et moi risque un jour de poser problème, mais moi non plus je n’y ai pas songé, ce n’est de toute façon même pas dit que cela arrive. Pour l’instant, même si je frise les 31 ans, mon faciès conserve un air enfantin, mais bon, mes origines asiatiques n’aident pas. Elaine, du haut de ses 27 ans me paraît tellement plus mature et la mère qu’elle est pour notre fils, me rappelle quel chanceux je suis de l’avoir pour compagne.

Arrivant derrière elle, je glisse ma main sur son ventre et l’enlace, ma tête posée sur son épaule et son dos brûlant contre mon torse. La grossesse lui donne de sacrées bouffées de chaleur depuis deux semaines, mais je le sens, la petite va bien. Mes lèvres effleurent son oreille.

« Tu es prête ? »

C’est un grand jour pour notre petite famille, nous allons annoncer ce soir à son père et beau-père qu’ils vont être encore une fois grand-pères. Heureusement, il nous reste un peu de temps et je me positionne devant elle pour voir son joli minois. Ma main attrape son menton et je me penche vers elle, déposant un baiser sur ses lèvres sulfureuses. Je suis amoureux.

Je lui rends sa liberté et mes prunelles se perdent dans les siennes.

« Je sais que cela ne fait que trois mois, mais ton père va finir par le deviner tout seul si on ne lui dit pas maintenant. »

Ma belle et son père … elle et moi n’avons jamais finit de parler de nos paternels respectifs tellement il y a à dire. Sans compter que son beau-père, collègue de mon père boucle la boucle de notre étrange famille. Mais au milieu de tout cela, le plus satisfaisant reste que nous n’avons jamais à nous mentir ou dissimuler nos particularités.

Je suis en plein préparatifs pour le repas de ce soir. Nous accueillons mon père et Dante pour le dîner. Tandis qu'hier nous étions avec ma mère et Paul. Deux jours de suite, avec une seule chose à leur dire mais pas des moindres. Cette "chose" est le plus bel évènement qui puisse nous arriver. Je suis comblée. Et je crois qu'il l'est aussi. J'en suis même persuadée dès l'instant où je sens ses mains sur mon ventre. Je prends une profonde inspiration à ce contact. Il a le don pour atténuer mes angoisses rien qu'avec ce geste, avec ses mains posées sur moi de la plus tendre des manières. Je sens sa tête sur mon épaule. Il chuchote presque à mon oreille.

- Alors, non tu tombes à pique, je vais avoir besoin de tes deux mains.

Je me rends compte de ce que je viens dire. Je me frappe mentalement. Je ne doute pas qu'il renchérisse dessus si je ne l'arrête pas tout de suite, avant même qu'il n'est réagit.

- Il y a encore les patates douces à couper en tranches et à passer au four pour faire des frites. J'avais prévu de les mélanger à d'autres légumes, mais que j'ai oublié d'acheter. Donc du coup je me suis dit que ça ferait le job.

Et personne ne dit non à des frites. Bon à part Dante, mais je ne doute pas qu'il aura amené ce qu'il lui faut pour se caler les crocs.
Il me libère de son entrave ce qui me permet de lui faire face, tout sourire.

- Du coup ta mission si tu l'acceptes ... donner à manger à Léo'. Le temps qu'ils arrivent, qu'on s'installe et tout, je me dis que c'est peut-être mieux qu'il mange avant, comme ça après il pourra aller se coucher pas trop tard.

Et il attaque sur mon père et la nouvelle que nous avons à lui annoncer.

- Oui, je sais bien. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Tu le connais. Il va plus me lâcher d'une semelle, pire que toi. Un poil protecteur. Et encore heureusement que toi et Dante êtes là, où ce serait pire. Il aurait pu dormir à la maison la première fois, pour Léonard, je suis sûre qu'il l'aurait fait.

Il l'avait peut-être même fait d'ailleurs, une fois ou deux, maintenant que j'y pense.
Dieu sait que je l'aime mon "daddy" (y a un bon moment que je ne l'ai pas appelé comme ça tient), mais il exagère un poil quand ça concerne ma sécurité, ou ma santé. Pourtant je vais bien, mais au cas ou que ...

Je prends une plus grande inspiration encore que la dernière. Et je m'attaque à l'épluchure de mes patates douces. Rien qu'à faire ça j'ai faim. Avec la viande dans le four, il y a déjà une sacrée bonne odeur dans la cuisine.

Elle a besoin de mes deux mains ? Un sourire malicieux vient barrer mon visage d’une oreille à l’autre, mais ma princesse anticipe ma connerie et se rattrape fissa, m’empêchant de ne blaguer à ce propos. Finalement, c’est une histoire de patate et je grimace. Pas que j’aime pas cuisiner, mais quand tu grandis avec un vampire qui a une appétence pour le sang, t’es pas habitué à bien cuisiner et honnêtement, je suis resté très traditionnel, beaucoup de plat japonais à base de riz, de soja, de poisson … rien de bien américain. Je m’incline toutefois devant Madame alors qu’elle m’indique que ma tâche consistera à nourrir notre petit fauve. Son sourire est des plus convaincant et je lui en retourne un.

« Bien ma chère, le petit monstre recevra sa paté. »

Surtout si cela signifie qu’on pourra le mettre au lit rapidement. Notre lardon a encore quelques difficultés à se mettre au lit, surtout lorsqu’il sait que ses papis viennent à la maison. Un petit fou qui court partout et montre tous ses jouets les uns après les autres en laissant un bordel inimaginable sur son passage. Magnifique. On laisse Dante rangé, avec sa vitesse surhumaine, ce sera fait en deux deux … même si Elaine va me pourrir si je fais ça !

Concernant son paternel … oui je sais, Papi Nath est un vrai pot de colle dès que sa concerne sa fifille … hum … disons que l’annonce du premier bébé, c’est limite si on lui faisait comprendre que sa cher Elaine a une vie sexuelle. Non, peut-être pas à ce point, mais en tout cas grande source d’inquiétude pour lui sur tout le déroulé de la grossesse et du potentiel petit mage/kitsune qu’elle héberge dans son ventre.

« Je suis pas surprotecteur moi, je suis ton mari, si je fais pas au moins ça, quel époux je ferais ? De toute manière, maintenant qu’on a Léo, au pire on lui dit que pour que tu te reposes bien, il peut prendre son petit-fils et ça nous libérera la soirée. Dante va devenir tout fou en plus de pouvoir s’occuper du petit. C’est un vrai papi gâteau ce mec. »

Je vous raconte même pas à quel point c’est dur de l’imaginer grand-père avec sa tronche de gamin, mais je sais que ça lui ferait mal qu’on fasse une différence entre lui et Nath, juste à cause de la différence d’âge visible et je ne peux pas l’en blâmer.
Un soupir m’échappe alors que ma douce se met à l’épluchage de légumes. Pour ma part, j’attrape Léonard qui court justement dans mes pattes et l’arrête en plein vol.

« Allez terreur ! C’est l’heure de la pitance. »

Je pose le petit dans sa chaise haute et prépare bavoir, couvert et bol incassable pour parer les éventuelles attaques du microbe. Heureusement, la nourriture de mon fils se résume en un biberon et une tambouille à base de légume et de semoule confectionnée avec amour par sa mère. Je m’installe en face de lui et commence à le nourrir.

« Tu sais ma chérie, faudra peut-être aussi qu’on s’inquiète un jour de savoir s’ils ont pris de toi ou de moi un jour, ça pourrait être pas mal. Je me souviens de ta tante qui racontait des trucs de ouf avec les petits de Max. Toi c’était à quel âge déjà ? »

J’avoue ça me trotte, cela dit je préférerais un milliard de fois que nos enfants deviennent sorciers plutôt que Kitsune. J’ai juste envie qu’ils aient une vie normale. Et du coup, non, je ne parle pas de leur futur couleurs d'yeux ou de cheveux, s'ils seront plutôt typés asiatiques ou caucasiens ... ça je m'en fiche royal.

Le petit nous fait rapidement tourner la tête avec ses allers et retour autour de la table. Mais mon cher mari l'attrape aisément au vol et l'installe sur sa chaise haute. Je ne peux que sourire en les voyant tous les deux. Je suis si heureuse de pouvoir profiter de moments comme celui là avec les deux hommes de ma vie, ok y en a un troisième, qui ne devrait plus tarder à arriver, mais il n'est pas dans la pièce en ce moment alors .... Bon pis si je suis fidèle à ce que je ressens y a aussi mes deux beaux-pères, à un autre niveau. Je les aime aussi fort l'un que l'autre ces deux là. Ma famille ne serait pas celle qu'elle est sans eux, je les en remercie.

- Oh oui bonne idée. Une soirée ou deux, sans Léo, j'approuve totalement !

J'approuve totalement. Sourire aux lèvres, tout en m'avançant vers mon bébé magnifique, en l'embrassant sur la tête. Il ne comprend pas encore bien tout ce que l'on dit, tant pis, je referais ma blague dans quelques années, ce sera plus intéressant.

- Quand à ta qualité d'époux ... Je dirais le meilleur... En toute objectivité bien sur.

Je m'en retourne à mes patates douces. Épluchage, coupage. Je les mets dans un saladier où je fais couler un filer d'huile, diverses épices, avant de mélanger le tout à la main. J'avais oublié de sortir la plaque du four avant... aille ça va être chaud... au secours chéri.

- Pourrais-tu sortir la plaque du four s'il te plaît. Fais attention je l'ai allumé ! Faudrait mettre du papier alu dessus.

Dis-je tout en continuant de remuer. Je l'oblige à se relever, mais ce sera toujours plus rapide que de prendre le temps de me laver les mains.

- Quand à Dante, je suis bien d'accord avec toi. Je crois qu'ils n'attendent que ça tous les deux, de pouvoir s'occuper de Léo. J'imagine qu'il en sera de même avec bébé.

Dis-je en passant une main sur mon ventre très légèrement gonflé. C'était pas encore très très visible, seulement pour les yeux avertis je dirais.
Ce qu'il me dit ensuite me rafraichit les idées. Je n'avais pas pensé parler de ça maintenant, mais il a raison, il va bien falloir finir par l'évoquer.

- Oui c'est sur, mais on a encore le temps je crois ... enfin s'ils tiennent de moi tout du moins. Cassandre et Aedan étaient super jeune, ils étaient bébé. Moi c'est arrivée bien plus tard. Quelques années seulement avant que je te rencontre. J'avais douze ans je dirais. Et toi ?

J’aime que nous soyons sur la même longueur d’onde. C’est pas qu’on aime pas notre gosse, c’est juste qu’on aime avoir nos moments d’amoureux et ça c’est le plus beau. On aime tout. Etre parent, être un couple et même encore être des enfants pour nos vieux pères ! Je pose une main sur mon cœur à l’entendre me dire que je suis un mari parfait. J’aime aussi comme on peut être niais quand on s’y met et je lui adresse un clin d’œil.

« Toujours pour ma reine ! »

Enfin, il faut tout de même que nous nous attelons à nos tâches respectives et je me hâte de courir à son secours pour sortir la plaque du four. Je suis pas ignifugé pour deux sous, alors oui, totalement je prends les maniques pour éviter la cata ! Le papier alu et moi sommes ennemis mortels, pas autant que moi et le cellophane cela dit, mais forcément, ça se découpe pas droit, ça recouvre pas autant la plaque que ce que je voudrais et ça finit en patchwork absurde qui tiendra bien ce qu’il tiendra … ça a dû la changer de passer de Dante le cuistot à moi … heureusement qu’elle aime cuisiner plus que moi.

« Bon j’ai fait ce que j’ai pu … »

Ma mine dépitée en témoigne, j’en ai marre de ces trucs. Au moins, la cuisine asiatique ne nécessite pas tant de chichi, tout du moins, c’est ce qu’il me semble. A moins que je sois juste un peu à la one again quand je suis de corvée repas. J’acquiesce, on est bien d’accord, les deux papis de sont côtés ont la fibre paternelle. Le mien … C’est plus compliqué que cela. Je dirais pas qu’il ne l’a pas, je dirais juste qu’il sera pas hyper à l’aise.

Concernant la suite de la discussion, je me doute qu’elle y avait pas pensé. L’abordé tout de suite. Mais ça me passe âr la tête et je suis plutôt du genre à mettre les choses sur le tapis et résoudre nos problèmes avant que ça s’envenime. Pas envie d’avoir des squelettes dans le placard et pas savoir quoi en faire.

« Oui, on devrait avoir le temps, honnêtement, je me pose juste la question. Ça a commencé vers 18 ans seulement pour moi et franchement c’est tranquille pour l’instant … »

Elaine est une vraie sorcière. Moi ? J’peux pas encore devenir un renard complètement. Mes pupilles deviennent plus fines et en fuseau, j’ai des oreilles, une queue incroyablement douce et blanche, un odorat et une ouïe plus développée et une vision diurne perturbée au profit d’une vision nocturne de ouf. J’ai conscience que je ne suis qu’au début de mes capacités, mais cela ne m’inquiète plus autant que ce que ça m’inquiétait étant ado. En fait, j’ai la chance d’être avec une femme qui me comprend et avec qui je peux en discuter. J’ai un père et deux beaux-pères extraordinaires en soutien et toute mon attention se porte sur ma merveille, mon fils et je ne peux m’inquiéter que pour lui et espérer qu’il est la vie la plus belle et la plus douce que sa mère et moi pouvons lui offrir. Pour l’instant, mon fils fait de la patouille dans son assiette et se réjouit des couleurs que prennent son pyjama … faudra que je le change avant de le mettre au lit … petit monstre va !

« Disons que si on avait le choix, je voudrais des sorciers. Ils ont une maman, un papa, un tonton et des cousins sorciers, autant dire, tout un monde pour les aider. Kitsune … j’suis même pas sûr de ce que ça va donner pour moi et j’préfèrerais pas que mon père biologique revienne même pour ça. »

Ouch … le père biologique, j’aime vraiment pas trop en parler et je grimace. Forcément, Léo se prête au jeu et nous commençons un concours à qui tirera le plus loin sa langue. Pour l’amuser, je fais poindre mes moustaches et mes oreilles de renard. C’est l’éclat de rire immédiat et il tape dans ses mains en criant des « bravo papa ! ». Il me fait fondre ce gosse.

Ma reine ? J'en ronronnerais presque quand il m'appelle comme ça. Je me trémousse légèrement, avec le bruit de mon tablier qui bouge c'est assez épique comme vision je pense.
Tomas vole à mon secours dès l'instant que j'en ai besoin et je ne regrette pas de lui avoir demandé de le faire, rien qu'en apercevant le patchwork final du papier alu. J’esquisse un sourire, mais je me retiens un maximum pour ne pas le vexer. Je le remercie d'un baiser, puisqu'il est assez près sur le moment, avant qu'il ne retourne auprès de notre bambin. De mon côté je peux enfin étaler les frites de patates douces sur la plaque et mettre le tout au four après mettre laver les mains.

Nous en revenons à la découverte de nos pouvoirs et donc potentiellement à ce à quoi l'on peut s'attendre pour nos marmots.
Je m'avance derrière mon homme et pose mes mains autour de son cou. Pas pratique pour donner à manger à un enfant ? Je m'en moque pas mal, je veux juste un câlin. Je me permets un petit bisou dans sa nuque, assez long pour parvenir à sentir son odeur et je me recule pour le laisser tranquille.

- J'ai bien peur qu'on ne puisse pas y faire grand chose de toute façon. On doit rester vigilant aux signes, mais on ne peux pas prévoir l'âge auquel ça leur arrivera visiblement. Je pense qu'on doit prendre ça avec un maximum de sérénité possible. Mon père s'en rend malade régulièrement, je ne veux pas que ça nous arrive. Que ce soit aujourd'hui ou dans dix ans, on est tous les deux et tous les deux on déplacent des montagnes alors c'est pas un p'tit pouvoir qui va nous arrêter.

Si j'essaie de me rassurer en disant ça ? Totalement ! Et d'un autre côté, je pense ce que je viens de dire. On peut pas se mettre la rate au cour-bouillon pour un truc pas encore arrivé, je deviendrais folle à attendre le jour ou mon cher et tendre prendrait feu, ou pour les éventuels problèmes de grossesse qui peuvent survenir. Je sais qu'il y en a, comme beaucoup de jeune maman j'ai lu tout et son contraire sur le net, j'ai lu des bouquins ... mais je peux pas me permettre de faire une fixette dessus, je deviendrais folle.

Je l'écoute m'expliquer pourquoi il préfèrerait qu'ils aient plus prit du côté sorcier que kitsune de notre famille. J'allais lui répondre que je comprenais au vu de ses arguments, mais il fait ressortir ses magnifiques oreilles et je fond littéralement. J'adore quand il fait ça. Une fois passé le cap de " c'est trop mignon", je le trouve juste beau comme ça. C'est une partie intégrante de ce qu'il est, je ne lui enlèverais pour rien au monde; ce serait comme moi me couper une main.

- Moi, je les adore tes oreilles.

Toujours derrière lui, je les embrasse l'une après l'autre. Mon p'tit bonhomme toujours en plein fou rire sur les prouesses de son papa.

- Je veux bien qu'ils aient les mêmes. On a qu'à dire un kitsune et un sorcier.

Je sais bien que ce n'est pas vraiment ce qu'il veut entendre, mais j'ai rien de mieux à proposer. A part peut-être un :

- On a pas besoin de lui. Tu es là ! Tu es tout ce dont ils auront besoin s'ils sont comme toi. Tu es leur modèle sur Terre Tom. Tu n'auras qu'à être toi, l'homme que j'ai épousé et tout se passera bien pour eux.... J'ignore qui ils seront, mais ça j'en suis certaine.

C’est la voix de la sagesse ma femme ! Rester vigilant avec le maximum de sérénité. Des câlins, des bisous et je suis conquis. Elle m’arrache un sourire et je concède que je n’ai nullement envie de me rendre malade pour cela. De toute façon, le jour où on a décidé d’avoir des enfants, on savait très bien ce que cela impliqué et je ne regrette pas une seule seconde la venue de mon fils et celle prochainement de ma fille. Comme elle dit, on déplacera des montagnes, j’en suis persuadé.

Le rire de mon fils lorsque je me transforme partiellement me distrait assez pour prendre le compliment sans broncher. Les petits baisers sur mes oreilles et c’est l’apothéose. Je remue les oreilles, content comme pas deux qu’elles lui plaisent autant et à mon p’tit Léo aussi. Ils sont trop mignons. Je ne compte pas complexer sur ma condition au point de Nath ou Dante qui souffrent clairement l’un comme l’autre de leurs capacités, j’ai plus envie de prendre la vie comme mon père, embrasser qui je suis, mais comment pourrais-je vouloir l’imposer à mes enfants ? Et bien, je n’ai pas le choix et je dois leur faire confiance, eux aussi sauront faire les bons choix.

« Oh bah oui tant qu’à faire ! Un hybride … deux hybrides … - j’esquisse un sourire – voire même trois petits hybrides ? »

Ok, je négocie totalement, j’ai vraiment envie d’avoir trois enfants. C’est ma petite idée de ma future famille idéale, on sera les cinq dans la voiture à partir en vacances au bord de la mer ou encore en direction de la montagne pour une excursion au ski … Et je pose une main sur mon cœur en l’entendant faire mon éloge. Elle a tellement foi en moi, c’est incroyable comme je l’aime. J’espère vraiment être à la hauteur de ses attentes, mais aucun doute que je donnerai toujours le meilleur de moi-même pour la combler ainsi que nos enfants.

« Et toi la meilleure épouse et mère du monde ma chérie ! »

Je laisse Léo finir de patouiller dans le fond de son assiette et me lève pour déposer un baiser sur les lèvres brûlantes de ma femme. Ma main caresse son ventre et je dépose un second baiser dans sa nuque. Puis vient l’heure d’être un père responsable et je m’arme d’un gant humide pour débarbouiller le p’tit lardon tout sale ! Mission nettoyage avant de le laisser manger sa compote … c’est un combat qui s’ensuit, Léo qui essaye de mordre le gant et refuse de me le rendre, des grains de riz qui roulent et se coincent dans son cou. Le bavoir qui se déversent par terre … j’en passe et des meilleurs jusqu’à réussir à obtenir un résultat potable.

« Bon je vais changer le monstre et le mettre en pyjama … si les grands-pères arrivent pendant ce temps-là, il leur fera un bisou, sinon au lit. »

Je me tourne vers mon fils.

« T’as compris p’tit monstre ! TU vas dormir après et pas de cirque ce soir »

Je préfère anticiper, c’est une véritable terreur dès qu’il s’agit de s’endormir … Sa mère lui racontera la petite histoire du soir, je chante sa berceuse et basta !

Je n'avais pas pensé à des hybrides, plutôt à un enfant de chaque espèce, mais maintenant qu'il le propose, je me dis qu'un être à moitié kitsune et à moitié sorcier, ça doit détonner encore plus et je souris. J'ai un peu peur, mais je suis aussi très curieuse de savoir ce que nos trois enfants deviendront... quoi attend, comment ça trois. Y a le deuxième en route là, c'est déjà pas si mal en vrai, pourquoi trois ? Des jumeaux ? Je ne pense pas. On a déjà eu une discussion, évidemment, sur combien on voulait d'enfants et à chaque fois que j'y pense j'en veux plus, jusqu'à ce que je sois enceinte et que ça me rappelle que non, déjà un s'était bien. J'adore être maman, être enceinte beaucoup moins ... enfin ça dépend des jours quoi. Moi parfaite ? Loin de là. Mais j'accepte le compliment quand ça vient de mon homme. Pour certain ça cacherait quelque chose, pour nous c'est simplement le moyen de se dire qu'on s'aime. Même si on sait que l'autre à des défauts, c'est tout ce qu'il représente qu'on aime. Je ne vais pas faire l'éloge de mon époux plus longtemps, il a bien d'autre chose à penser et à faire.
Le combat qui s'ensuit entre mes deux amours me fait chavirer. Je pourrais passer des heures ainsi à les regarder, quitte à en oublier notre repas du soir : je m'en souviens soudain et il est temps de baisser un peu la puissance du four. Je voudrais que ça cuise et non pas que ça crame. J'ai faim !

Tomas emmène le mini-nous dans sa chambre pour le changer et j'en profite pour mettre la table. La sonnette retentit et je file leur ouvrir. Je suis contente de les voir tous les deux, y avait un petit moment qu'on ne s'était pas vu.

- Bonsoir. Rentrés!

Je leur fait un bisou et un câlin à chacun. Avec son ouïe sur-développé, je suppose que Dante a déjà des doutes, mais je n'en suis pas certaines. Les premiers mois d'un fœtus c'est quand même bien particulier comme "vie", alors je sais pas, on verra.

- Tomas est avec Léo, pour le préparer à le coucher, il ne va plus tarder. Venez vous asseoir.

Une fois qu'ils sont assis sur le fauteuil, je ramène plusieurs bouteilles de nos meilleures alcool. Un p'tit verre de temps en temps ça fait pas de mal, et encore moins pour un vampire tel que mon beau-père.

- Je vous sers quelque chose ? Ça fera venir Silas!

Si je l'entends encore une fois parler de mes cheveux blancs, je vais l'entarter, c'est une promesse que je lui fait, aussi surement vraie que tout ce blabla qu'on peut se dire devant l'autel alors qu'on sait depuis des lustres ce que l'autre ressent pour soi sans avoir besoin de placer de mots dessus. Moi je dirai plutôt que Georges Clooney ressemblait à rien avant de choper la cinquantaine et les cheveux poivre et sel. Bon, pas que j'ai un air de ressemblance avec Clooney mais l'espoir fait vivre? Mon homme parait vingt ans de moins que moi et il m'a toujours pas largué pour une midinette en chaleur, c'est que j'dois avoir un air de Clooney quand même, non?

Je claque la portière de la voiture en descendant, balançant les clefs à Dante avant que j'les perde, attendant qu'il n'arrive à ma hauteur pour l'arrêter d'une main attrapant le col de sa chemise et l'embrasser. Les gosses ont peut-être trente ans, mais ça les empêche pas d'être gênés quand les adultes s'embrassent alors j'en profite avant. Je glisse un bras autour de sa taille alors qu'il sonne à la porte, même si je finis par le lâcher à la seconde où Elaine ouvre la porte pour venir serrer ma fille contre moi. Jusqu'à ce qu'elle s'écarte pour offrir le même accueil à Dante, et j'aime toujours autant voir avec quelle facilité elle se montre aussi naturelle avec lui qu'avec moi.

"Salut ma puce. Tu veux dire qu'on ne va même pas avoir l'occasion de voir notre petit démon préféré?"

D'un coté, Léo a tendance à ne plus savoir où est son lit et à quelle heure il doit se coucher quand il nous voit débarquer, mais je m'attends assez bien à le voir arriver d'ici peu. Il a l'ouïe de son père celui-là, associé au talent de sa mère pour la discrétion... au moins le temps de sortir de sa chambre sur la pointe des pieds et traverser le couloir sans se faire remarquer.

"Silas doit venir lui aussi? Vous avez un truc à nous annoncer?"

A moins qu'ils aient eu envie de sortir l'anglais de sa solitude. J'vous dirai que si j'aimais pas tant avoir mon mec rien que pour moi tout seul dans notre appart, je crois que je lui aurais proposé de faire colocation, juste pour qu'il arrête de broyer du noir en silence. Faut vraiment qu'il se trouve une fille ce mec, franchement.

Mon p’tit vieux …  Il va encore me faire une crise en rentrant ce soir parce qu’il sait que je sais. Je savais déjà pour le premier et 6 semaine de vie in utéro suffisent à faire battre un cœur … autant vous dire que ça rate jamais. Autant les hormones, je me méfie avec les cycles et tout ça, mais ça … c’est la preuve irréfutable que je vais être grand-père encore une fois. Je suis par contre un bon détective et ce que je sais, je le garde pour moi … donc mon cher et tendre va devoir attendre sagement que sa … notre fille lui annonce sa nouvelle grossesse. Autre chose, je sais que Silas vient aussi ce soir. Faut pas oublier qu’en plus des réunions de familles, on partage aussi un bureau lui et moi. Alors forcément, c’est venu sur le tapis. Mais ça aussi je me suis bien gardé de le taire, ça aurait mis la puce à l’oreille de Nath qui m’aurait déjà pété un scandale avant de venir. Pas qu’il ignore que sa fille a une vie sexuelle, juste qu’il l’occulte. Et s’il a parfaitement réussi à se convaincre que le petit Léo a été apporté par la cigogne, avec le polichinelle dans le tiroir, il va bien devoir accepter que Tomas passe pas toutes ces soirées derrière sa console. Je passe ma main dans sa chevelure de plus en plus grisonnantes et même qui blanchit gentiment. Toujours aussi sexy si on oublie son p’tit ventre … je peux pas lui faire faire plus d’exercice, son cœur va finir par lâcher. C’est pas qu’il est gros, juste que ces muscles sont plus les mêmes qu’à 30 ni même 40 ans et ça commence à se voir. Le plus dur ? C’est de voir que je suis avec lui depuis tellement longtemps qu’il aura bientôt le double de l’âge auquel je me suis arrêté … Je sais ignorer le regard des autres, mais irrévocablement, cela me met face à une autre évidence. Il vieilli. Nous sortons de la voiture et j’attrape les clés au vol alors qu’il me les balance adroitement. Il me laisse pas poursuivre ma route qu’un baiser de sa part vient kidnapper mes lèvres. Je ferme les yeux à ce petit plaisir et nous repartons fissa chacun de son côté lorsque la porte s’ouvre. Zut … Il a honte d’embrasser un jeune ou il croit toujours qu’on a besoin d’être pudique devant sa fille … J’veux pas dire, mais Tomas se gêne plus depuis longtemps pour embrasser sa belle devant nous. Oui, bon, ben pas des grosses galoches malaisantes, juste des baiser d’amoureux. C’est incroyablement mignon, mais le cours de ma pensée est interrompu par le câlin de ma fille et je dépose un baiser sur sa joue suivie d’un commentaire chuchoté à l’oreille :

« Salut ma belle. »

Pas le temps de supputer sur ce que fera la petite terreur en couche culotte que Léo débarque en courant vers Nath à peine que nous nous sommes assis.

Léo : « Papy !!!! »

Je saurais pas dire à quel point ça me fait un effet de ouf de le voir ce petit bout d’humain. Il est tellement adorable et Nath a un sourire qui grandit d’une oreille à l’autre alors que notre petit-fils rit aux éclats.  

Il pose le petit après un gros câlin et le petit vient vers moi et je le sers fort contre moi avant de décoiffer sa tignasse noire qu’il tient de son paternel. D’ailleurs, en parlant du renard …

Tomas a déjà attrapé Nath au vol pour lui donner une accolade et vient à mon encontre pour me donner la même. J’le vole pas à Silas, mais c’est comme mon môme lui aussi … j’l’ai connu tellement jeune et maintenant c’est un homme.

En retour, dès que Tomas embarque à nouveau le petit vers sa chambre à couche dans les cris et la colère – ben oui, mais le pauvre … snif – la mère suivant derrière pour dire bonne nuit à son fils, je donne un coup de coude à Nath.

« T’es une patate. »

J’ignore s’il comprend pour quoi je lui dit ça ou non, mais qu’il laisse les petits nous annoncer leur surprise et nous leur laisser croire qu’on est surpris. C’est le bonheur de leur couple et j’veux pas faire le vieux rabat-joie qui savait tout avant tout le monde. Je vais compter sur Silas pour prendre le plis aussi et j’vois déjà Nath qui va grimacer. Ça m’arrache forcément un sourire, mais pas le temps de plus tergiverser que la sonnette retentit et Elaine revient dans le salon alors que la voix chantante de Tomas nous parvient. Je reconnais une berceuse en japonais que je l’entends chanter à son fils depuis sa naissance. C’est adorable.

Bien sur que le sujet de l'invitation prochaine des enfants est venu sur la table au bureau. Non seulement Dante et moi sommes depuis longtemps devenus des amis, et en prime, les enfants ont fait de nous une seule et même famille. La raison de cette invitation? On leur manque? D'accord, aucun de nous n'est aussi naïf pour y croire. Y a d'abord eu l'annonce du mariage, puis du premier petit-fils (et croyez moi, j'ai pris un coup de vieux plus important que quand ma sœur m'a parlé de ma nièce à naitre), la pendaison de crémaillère (parce que deux vampires c'est pas une main d'œuvre à éviter pour un déménagement)... sur ce coup là, les paris sont ouverts. A ma connaissance l'anniversaire du petit Léo n'est que dans deux mois, donc, on verra bien.

Si je suis à l'heure? Pas vraiment, mea culpa. Mais si j'ai "ordonné" à Dante de quitter le bureau de manière à l'être, pour ma part, j'avais un dernier coup de fil à passer, qui a débouché sur un autre, et sur la rédaction d'une fiche imprévue alors que j'ai peut-être mis le doigt sur une avancée dans l'une de nos enquêtes. Bref, enquête mise en pause pour la soirée, et c'est donc avec un petit quart d'heure de retard que je gare mon coupé devant la maison de mon fils et de ma belle-fille, où je n'ai pas besoin de tendre l'oreille pour savoir que le reste des invités est déjà arrivé.

Je sonne à la porte et attends qu'on vienne m'ouvrir, ce que Tom ne tarde pas à faire, et j'offre une accolade à mon fils avant de le suivre à l'intérieur pour serrer la main de Nathan. Dante? Déjà trop vu aujourd'hui si vous voulez mon avis.

"Elaine?"

Un signe en direction des chambres et je devine aisément qu'elle doit être occupée à se battre avec le moustique. Une chose est sure, il ne tient pas de Tom pour ça. Fin, je l'ai pas connu tout petit non plus, mais il a toujours été trop sage ce gamin.

Trop de salutations et de bonjours dans tous les sens alors que Léo finit d’aller se coucher avec sa mère malgré ma chanson, il a bien compris qu’il avait pas vu un de ses grands-pères et je sens que tant qu’il lui aura pas fait un bisous, il va pas vouloir capituler. A la seconde sonnette, c’est mon père qui surgit, toujours aussi classe, toujours aussi beau et toujours l’air de juste avoir quitter le taf sans prendre le temps d’une douche. On dirait qu’il n’a jamais fini et que l’enquête suivante est à deux pas d’être résolu alors que la première ne l’ai pas. Silas = pas raisonnable ! Je prends mon père dans les bras et l’embrasse sur la joue.

« Elaine couche ton petit-fils et mon avis que tu devrais y aller pour lui dire bonsoir … Il a bien compris que c’était la fête sans lui ce soir et je sens venir la crise. »

Léo le lion, on aurait jamais aussi bien pu tomber pour le prénom. Moi ? J’ai toujours été un gentil petit … Mère célibataire, sans le sous et qui enchaînait les boulots de merde pour me mettre du riz dans mon bol … autant dire que ça donne pas envie de faire des remous j’avoue. Mais jamais je n’en voudrais à Léo de nous en faire baver, il n’a pas une enfance malheureuse et c’est le plus grand bonheur du monde de savoir qu’il n’a pas à se soucier plus loin que qui va lui raconter son histoire du soir.

« Bon j’vous sers quoi à boire ? »

J’oserais pas dire que je suis meilleur barman que mon beau-père, mais je sais décapsuler une bouteille de bière ou encore déboucher une bouteille de rouge. Pour ma chère femme, ce sera certes un jus de fruit, mais je vais faire semblant jusqu’au bout, histoire que ça soit elle qui annonce la bonne nouvelle à la horde de papis qui me fait face … D’ailleurs, elle fait quoi ma princesse ? Je me retourne pour voir si ma brunette est en chemin ou si j’entends encore les vociférations de mon félin. Nope, ça s’est calmé et voilà ma femme et mon père qui reviennent ensemble. Paaarfait ! On va pouvoir commencer. Je tends ma main en direction d’Elaine et dépose un baiser dessus avant de lui adresser un clin d’œil et me diriger vers la cuisine ouverte pour prendre les boissons dans le réfrigérateur. Une fois revenu, je ne peux m’empêcher d’avoir un sourire jusqu’aux oreilles alors qu’Elaine prend la parole. Mon dieu, qu’elle est radieuse !

Mon père et Dante arrive enfin. Je fais un câlin aux deux et Léo fait de même ... Un comment ça ? Il était pas censé être couchée lui ? Je vois Tomas arrivait derrière et je comprends que le mode "couchage du p'tit" a échoué. Pas étonnant puisqu'il nous a vu nous activé depuis un bon moment et il les a forcément entendu arriver. Je ne compte pas m'agacer pour si peu, loin de là, au contraire; ça me donnerait plutôt le sourire en réalité. Je m'éclipse donc avec Léo, alors que Tomas prend le relais pour l'accueil afin de lui raconter une rapide histoire et qu'il puisse dormir. Mais c'est sans compter sur la deuxième sonnette de la soirée et c'est mon beau-père qui vient d'arriver. Bientôt il m'a rejoint et nous salue tous les deux, Léo et moi. Après un gros câlin à ce dernier, il accepte enfin de dormir. Il pose sa tête sur l'oreiller, ferme les yeux, après un dernier gros bisous et nous pouvons nous éclipser. J'espère que c'est la bonne; on verra bien.

Nous nous retrouvons dans le salon avec les trois autres hommes de ma vie ( oui ça commence à faire beaucoup, mais que voulez vous, c'est tout moi ça). Ils sont tous servit et j'en profite pour répondre à la question muette de mon cher et tendre.

- Je vais prendre un jus de fruit, s'il te plaît.

Une fois qu'il m'a servit, je me racle la gorge. J'ai la bouche sèche, malgré mon large sourire. Je rougis déjà devant autant d'attention à mon égard. Je suis incapable de garder le suspens plus longtemps. On dirait une vraie gamine. Je le suis toujours au fond, malgré le fait que je sois devenue maman. Je viens m'asseoir aux côtés de Tomas, avant de prendre sa main. Je suis déterminée à leur parler, mais ça ne m'empêche pas de flipper très légèrement; c'est assez étrange comme sensation. Je tend l'oreille vers la chambre de Léo pour m'assurer qu'il s'est endormit.

- J'aimerais trinquer à notre famille. A vous nos pères, à Léo, à toi mon amour, à cette famille qui s'agrandit de jour en jour et pourquoi pas à notre nouveau colocataire ... Il sera là dans six mois. De ce que j'ai comprit, il adore déjà l'ambiance de son nouvel appart'!

A regarder nos pères, je me demande quoi en penser. Au vu du sourire sur le visage de Silas et Dante, ils avaient des soupçons, je dirais même qu'ils savaient déjà très bien ce que j'allais leur dire. On ne cache rien à un vampire ! Quand à mon père et bien ... c'est mon père; il va lui falloir deux secondes pour capter ce que je viens de dire et ce que ça signifie.

Quoi qu'en ai décidé ses parents, Leo finit par débarquer comme une furie dans le salon, pour sauter sur le canapé où je venais à peine de m'asseoir et m'écraser de son poids dans une tentative de câlin mal organisée. J'y survis tant bien que mal, finissant par laisser le petit filer en direction de Dante pour saluer son père d'une accolade chaleureuse. Si j'ai eu du mal avec ce gosse au début, il y a un bail que ça m'est passé, même si je pense qu'il est bien au courant qu'il n'a pas intérêt à faire souffrir ma fille de quelque façon que ce soit.

Le commentaire de Dante alors que les enfants s'en vont coucher leur petit démon, je ne le comprend pas du tout, mais je me contente de lui jeter un regard incompréhensif, espérant qu'il me donne l'explication plus tard. Une explication qui attendra comme Tom revient et Silas débarque, du moins le temps de rejoindre Elaine et Leo. Une bonne idée, parce qu'il aurait pas fallu attendre deux minutes pour voir notre petit-fils revenir en entendant Silas parler dans le salon. Quand à ce qu'on va boire?

"Si t'as une bière, ça sera bien. Te casse pas la tête."

Notez que c'est bizarre de se faire servir, quand son boulot c'est justement de servir les autres en boisson à longueur de soirées. Je me retrouve avec la bouteille dans les mains avant d'avoir pu dire ouf. Pour la décapsuler? Je suis barman ou j'le suis pas? D'accord, j'ai un vampire surpuissant juste à coté de moi, ça aide. Vampire à qui je glisse un baiser rapide en guise de remerciement, avant que Elaine n'attire l'attention de tout le monde pour nous annoncer sa grande nouvelle. De quoi me laisser sur le cul? Un instant oui. Non mais j'ai déjà pris le coup du grand-père dans la tronche une fois, je sais, mais j'm'attendais pas à ça. Enfin c'est super, bien sur, mais c'était pas dans mes prévisions de raison d'une invitation aujourd'hui.

"Attends une seconde." Je me retourne vers Dante, lui offrant mon meilleur regard de reproches à peu près vraisemblable. "T'es au courant depuis quand exactement?" Quand à Silas? Nope, c'pas vers lui que je me serai tourné pour avoir des infos sur la santé de ma fille, même s'il a l'oreille aussi fine que celle de Dante et qu'il mériterait au moins autant de s'en prendre une. Bref, je me relève pour aller prendre Elaine dans mes bras, posant mon menton dans ses cheveux tout en la berçant doucement. "J'suis content pour toi. Pour vous deux. Sincèrement. Et si vous avez besoin d'aide pour le petit monstre d'ici là, vous savez où nous trouver."

Je finis par libérer ma fille de mon étreinte, sentant que je ne suis pas le seul à vouloir la féliciter de la bonne nouvelle. J'avoue, je crains que Dante ai à subir le contrecoup d'ici un jour ou deux, mais pour le moment, je le prend bien alors, qu'il en profite. D'ailleurs, sitôt qu'il a fini de féliciter Elaine et que j'en ai fini avec Tom, c'est contre lui que je retourne m'installer, ne refusant pas un peu de "chaleur" de sa part.

Je retiens un four ire, manquant de peu de recracher le contenu de ma bouche au visage de mon cher et tendre alors que je tente d’avaler une gorgée de bière. Je lui murmure à l'oreille pour ne pas me faire entendre des jeunes.

« Je dirais un mois et demi, dès que le cœur du bébé se met en route, ça s’entend tout de suite ! »

Au moins, il ne fait pas une syncope et je le regarde, attendri, alors qu’il se dirige vers sa fille et l’enlace. J’ai les yeux qui pétillent d’autant plus à sa proposition. Oh oui !! Des week-end avec ses papis, je veux je veux ! On embarque Léo quand ils veulent. Je sais pertinemment que Nath s’arrachera les cheveux une ou deux fois, mais ça le fait courir un peu et je suis pas celui qui le motive le plus à faire du sport. C’est d’ailleurs à mon tour de me lever pour enlacer ma belle-fille et déposer un baiser sur sa joue. J’ai pas de mots, mais ils apportent vraiment du bonheur à nos vies avec leur petite famille. J’adresse un clin d’œil à Tom occupé avec Nath et retourne m’assoir. Bientôt, Nath vient me réchauffer en se collant contre moi. Je sais qu’il va passer par quinze mille émotions, à croire que c’est lui qui est enceinte, mais pour le moment, j’ai le droit à l’élan de tendresse et je savoure. On verra bien la tempête arrivée.

« En tout cas, des bonnes nouvelles de ce genre, vous pouvez m’en donner tous les jours ! Je prends ! »

Non, non, je parle pas d’une nouvelle grossesse, mais juste bonne nouvelle, ça me fait chaud à mon vieux cœur mort. Et oui Nath, j'ai bien senti ton regard affolé !

« Vous allez déménager du coup ou ils auront une chambre à partager ? »

Enfin, j’ai plus les plans en tête, mais il me semble qu’il n’y a qu’une chambre et s’il y a une chose qui est bien à être un vampire, c’est que pour aider à déménager, on est les rois. Port de charges lourdes et infatigable, c’est quand même du luxe pour le coup.

Tomas finit sa petite conversation avec son père et retourne s’assoir auprès de nous. Je crois que le renard s’inquiète pour sa progéniture … Pour ce qui est de ma question, je me doute que lui n’y a même pas pensé, c’est définitivement pas lui le plus organisé des deux, même s’il a sans doute plus de potentiel que Nath sur ce point-là … Mais bon, Nath a un don pour le désordre, c’est un mage entropiste qui s’ignore.

Je rejoins Elaine et Léo dans la chambre de ce dernier, aidant la jeune maman à mettre son chenapan au lit après qu'il ai essayé de m'étrangler avec un de ses super câlins de champion. Ca doit être de famille de vouloir m'étrangler. D'accord, j'avoue que j'en abuse un peu aussi, l'appartement est bien trop vide depuis que Tom et Adé ont pris le large, alors ce petit, c'est la vie qu'il manque dans mon existence.

Une fois revenus dans le salon, je m'installe dans un fauteuil, acceptant la bouteille que Tom me ramène en même temps qu'à Nathan, tout en jetant un regard interrogatif à Dante, histoire d'y demander silencieusement si on va enfin pouvoir arrêter de tourner autour du pot ou pas. C'est finalement Elaine qui rompt le silence et répond à ma question en même temps, et je laisse à Nathan la priorité concernant sa fille, me contentant de poser une main sur l'épaule de mon fils. Bien sur qu'il sait que je savais, alors des félicitations suffisent. D'accord, je suis moins adepte des grandes effusions que ne l'est son beau-père, et je pense que ça se voit. J'embrasse Elaine pour la féliciter à son tour, avant d'attendre que tout le monde soit assis à nouveau pour enfin prendre la parole.

"J'vais en profiter pour porter un autre toast, si vous le voulez bien. A Dante, qui a réussi à tenir sa langue jusque là. J'aurai surement pas fait mieux avec Nathan dans les parages. D'ailleurs Tom, si tu croises ta tante... mea culpa."

A ma décharge, ça devait être inscrit sur mon visage quand j'ai croisé Adé y a quinze jours de ça, parce qu'elle m'a tanné jusqu'à me tirer les vers du nez, et a d'ailleurs trouvé la réponse avant que je ne la lui donne. Oui ben le vieux père que je suis est fier de son fils, et si ça se voit comme le nez au milieu du visage, tant mieux. Heureusement, ma sœur n'est pas du genre commère, alors je sais sans l'ombre d'un doute que ça restera entre nous jusqu'à ce que l'un de nous lui dise que c'est bon, c'est officiel. Rajoutez que j'ai assez peu d'occasions de discuter de ce genre de chose avec quelqu'un, surtout sans vouloir que ça se disperse aux quatre vents, et que Dante et moi avons beau partager un bureau, on ne se voit quand même pas dix heures par nuit, et oui, ma sœur n'a pas eu beaucoup de mal à obtenir le fin mot de l'histoire. Y a qu'une seule personne qui m'ait un jour connu aussi bien qu'elle me connait, et c'est un passé révolu, à défaut d'être oublié. Jamais. J'ai laissé trop peu d'occasion à mon cœur de s'éveiller un peu pour oublier quand je l'ai fait, et la raison pour laquelle je ne le fait pas plus souvent. Bref, pas prévu de pourrir l'ambiance, pas quand on arrive à se retrouver en famille pour de bonnes nouvelles. Et si je cache rapidement mes émotions derrière la bouteille que je porte à mes lèvres, je sais que je n'ai pas été assez rapide pour tout le monde.

"Six mois donc. J'imagine que vous êtes impatients. Vous comptez le dire quand à Léo?"

Il va être fou le gamin, pas de doute là-dessus!

Je vais finir par avoir une crampe aux joues à force de sourire. Cela me fait tellement chaud au cœur de voir tout le monde se réjouir pour ce petit être qui arrive dans notre famille. Je m’en doutais que nos papy vampires auraient déjà la puce à l’oreille et je salue également le fait qu’ils se soient tus pour laisser le plaisir à ma femme d’annoncer la bonne nouvelle.

« T’inquiète, tata m’avait grillé de toute façon, j’en suis sûr … même si elle trop gentille pour me le dire ! »

Je lui adresse un sourire, mais je vois bien qu’il s’est déjà perdu dans ses pensées et qu’elles ne sont pas toutes des plus joyeuses. C’est vraiment le vampire qui ressasse par excellence … ça me rappelle un personnage de jeu vidéo qui passe son temps « broody elf » enfin bref, je m’égare ! Heureusement, mon paternel me ramène à la réalité et j’avoue que Elaine et moi, on s’est pas trop pressé pour prévenir Léo.

« On attend encore un peu, juste pour être sûr que tout va bien, mais je crois que Elaine a trouvé un livre avec son héro préféré qui devient grand frère justement. Et puis l’appartement est assez grand, ils auront chacun leur chambre, on veut pas que Léo soit trop perturbé, il va déjà rentré à l’école donc si en plus il doit prêter sa chambre, ça va être la cata avec une tornade pareil. »

On aurait pas eu le choix, on l’aurait fait, mais là, il pourra continuer d’avoir les mêmes petits rituels le soir, être dans sa chambre avec ses jouets … Je me dis que ça devrait le faire comme ça ! Notre petit lion est pas encore trop dans sa phase où il aime bien partager et l’arrivé’ d’un bébé pourrait ne pas aider, mais je suis sûr qu’il sera le plus adorable des grands frères et que ça va très bien se passer.

Prochaine étape cela dit, faudra qu’on aille rendre visite à Claire et Paul pour leur annoncer également rapidement la nouvelle et je laisse le soin à ma chérie d’organiser tout ça. Je m’entends assez bien avec ses parents, mais le côté grande famille, préparer les visites chez les uns et les autres, c’est elle qui gère parce que moi, avec juste Adé et Silas, j’ai jamais eu l’habitude de devoir trop faire tout ça. Autre chose, je crois que comme sa mère est au courant qu’elle est une sorcière, ma belle se demandait s’il ne serait pas tant de l’informer pour moi … Enfin, ce n’est pas le sujet de ce soir, mais définitivement, il faudra bien qu’un jour on s’y confronte avant que sa mère ne se retrouve nez à nez avec les pouvoirs d’un petit kitsune s’ils apparaissent chez Léo ou sa petite sœur.

Si je me contente de faire mine de bouder Dante l'espace d'une seconde , et d'une tapette sur le bras, quand il suggère qu'il me cache la grossesse de ma fille depuis un mois et demi, rien que ça, je balance carrément le seul truc que j'ai dans les poches (à savoir mon portefeuille, ça aurait pu être pire et être un portable) en direction de Silas quand il suggère que je suis un emmerdeur qui n'aurait pas lâché le morceau jusqu'à ce qu'il cède si j'avais remarqué que Dante me cachait un truc. Enfin, l'idée c'était de lui faire mal avec, mais j'avais omis qu'il a un peu plus de réflexes que moi.

Le jeu de questions/réponses entre le père et le fils à propos de Léo et du fait de devenir grand frère attire mon attention. Parce qu'à ma connaissance, c'est pas l'apanage de cette famille d'avoir à faire ce genre de démarche. Elaine était trop petite pour Oli et presque adulte pour Leilani, Tom est le dernier de la fratrie recomposée de Silas, moi j'avais plus de trente balais quand j'ai récupéré Max dans les pattes (mais oui je l'aime mon frangin, mais c'est une plaie, comme tous les frangins) et j'ai adopté Shawn tout seul sans l'aide de mon père, et à ma connaissance, tant Dante que Silas sont fils uniques... bref, faut une première fois à tout.

"Léo à l'école... Y a vraiment pas assez de vous deux pour me filer un coup de vieux, faut que le petit diable s'y mette!"

Je dis ça en rigolant, mais je capte le regard de Dante sans en avoir l'air. Je sais même pas 'il s'en rend encore compte, à force. Moi oui. Mais autant je lui refuse pas de me faire arrêter le compte des années, autant je ne compte pas choisir une date et une heure précise quoi, j'sais pas s'il se rend compte à quel point ça serait glauque comme décision. Et comme de son coté il prendra pas l'initiative sans être archi sur que j'aurai pas préféré qu'il y songe avant le diner plutôt qu'après le petit déjeuner, voilà où on en est. Je sers davantage mes doigts autour des siens avant de porter mon regard sur nos enfants, plus si enfants. Qui que ce soit dans cette pièce ou ailleurs qui a participé à ce qu'ils sont aujourd'hui, j'crois pouvoir dire qu'on s'est pas foiré.

Mon père propose déjà un séjour de Léo pour nous laisser un peu de temps. Nous en avions parlé avec Tomas peu de temps avant leur arrivée.

- Avec plaisir !

Le bref échange entre Dante et mon père me fait mourir de rire intérieurement. Je les connais ces deux là depuis le temps. C'est toujours aussi agréable de voir leur complicité. Je remercie mes beaux-pères de ne pas avoir craché le morceau à mon père quand ils ont su.
Nous nous embrassons chaleureusement suite à la nouvelle, avant de retrouver nos places, de trinquer au silence de Dante et de boire une ou plusieurs gorgée de nos nectars.

- Je vous laisse l'honneur de la prochaine bonne nouvelle, on est bien là déjà, je trouve! dis-je tout sourire.

J'ai hâte d'annoncer ça aux autres membres de notre famille. Maintenant que nos parents respectifs sont au courant, ne reste plus que sa tante, mes oncles, mes cousins/cousines, Leilani et nos amis. Beaucoup trop de monde à mon goût donc, et j'en ai le tournis d'avance.

J'imagine déjà toute l'organisation que ça va demander et je m’interroge aussi énormément sur la réaction de Léo quand j'écoute Tomas expliquait comment ça va se passer niveau agencement de l'espace.
Jusque là on avait chacun notre petit espace "libre", du coup on va en faire qu'un, ça fera plus bureau du coup et comme ça l'autre espace sera pour le bébé. A terme faudra probablement qu'on ait plus grand, mais pour l'heure ça ira très bien.

- Oh et moi donc. Rien que me dire qu'il rentre déjà à l'école, j'en suis malade.

Enfin malade, non. Je suis super contente, mais me dire que mon bébé grandit et ne va plus avoir autant besoin de moi d'ici très peu de temps (oui je viens de faire une compression de temps de fou), ça me fait tout drôle.

Nous continuons à parler de Léo et du futur petit bout, encore un moment, avant de passer à table, ou nous en parlons encore un peu. Puis nous finissons quand même par parler d'autre chose. Nous passons un agréable moment tous les cinq. Mon téléphone vibre dans la soirée; c'est ma mère qui veut savoir comment mon père a réagit à la nouvelle. Ils s'entendent nettement mieux qu'à une époque tous les deux, même si ça sera plus jamais l'amour fou, moi cette entente cordiale en tant que fille ça me convient bien.

La fin de soirée se passe de la plus agréable des manières possibles. Léo ne se réveille même pas quand ses grands-pères partent et ça c'est beau.