Un peu de sang frais ! ft Dante

Luther est a plusieurs dizaines de mètres de moi, au niveau des voies ferrées. Pour ma part, je suis au niveau du cimetière. Plusieurs dizaines de mètres nous sépare certes, mais rien d’insurmontable pour un loup. Je ne peux pas me permettre d'être loin de mon alpha, si il a besoin de moi, je dois pouvoir répondre présente en un rien de temps.
Mais tant qu'il ne m'appelle pas, je reste concentrer uniquement sur une chose : une dose de sang ou de viande à mastiquer longuement. Oui il y a peu de choses sur lesquelles je peux me concentrer lorsque je me transforme en loup-garou : la bouffe et ma meute, enfin Luther principalement.

Je vous dirais bien qu'un os à ronger me suffira, mais non, il va falloir que je trouve mieux que ça. Il n'y a personne ici, pas un chat. Et Dieu sait que dans mon état, le dit chat ne fera pas long feu. Pourtant je les apprécie en tant normal, c'est mignon un p'tit chat, mais là non. Je déambule à travers les allées, attendant la moindre proie, les sens aux aguets. La nuit, il y a peu de monde (humains ou animaux) dans les cimetières ? On ne connait pas le même Chicago croyez moi.

 
La pleine lune … rappelez-moi pourquoi je suis de sortie déjà ? Ah oui … une goule. Bien sûr, on a pas assez de créatures de merde à Chicago, fallait qu’on se rajoute des goules. Donc quoi, tout ça pour dire que j’enterre le cadavre de la dépouille d’un de ces bestioles. J’suis trop sympa, mais les goules ont un je ne sais quoi d’intelligence qui fait que contrairement aux zombies je ne peux pas me résigner à ne pas leur donner une sépulture honorable. Même mon plus grand ennemi a le droit à une tombe, sans doute parce que moi, je vais finir en tas de cendres éparpillé au quatre vent que je me sens la mission divine de faire cela. En fait, je dis ça, mais je n’ai jamais croisé de zombie et c’était ma première goule, mais je pense avoir lu trop de Lovecraft pour ne pas avoir cette arrière-pensée. J’ignore si cela excuse mon entêtement, toutefois, je sens venir la connerie. La grosse connerie. Forcément, le vampire noobie que je suis, a un peu zapé de prendre en compte que la pleine lune est aussi synonyme de chasse pour certains de mes congénères, pas ceux de mon espèce, plutôt mes « ennemis ». Loin de moi l’idée de les considérer comme tel, mais une guéguerre ancestrale existe belle et bien sans que je ne me sente le moins du monde impliqué. Au contraire. Cependant, même mes connaissances loups ont quelques réticences à me considérer sympathique et je parie que même la douce Ava pourrait oublier notre bonne entente par une nuit pareille.
 
D’ailleurs … quand on parle du loup.
 
Son odeur vient me titiller les narines et je ne peux qu’éviter de justesse son assaut. Je le sentais … l’idée de la charogne morte a rameuté une louve et justement … je reconnais la belle d’Ava. Un regard bestial absolument extraordinaire que je ne lui connaissais pas donne une poussée d’adrénaline phénoménale à mon vampire intérieur et me voilà à sortir les crocs presque contre mon gré et prêt à contrattaquer. Un grognement animal vient compléter le tableau alors que tous les muscles de mon corps se bandent. Je vous dis, on est rien d’autres que des bêtes, chien et chat. Promis, j’irais pas ronronner contre elle plus tard. Nath pourrait mal le prendre.

Les pattes pleines de terre de cimetière, le poil brun hérissé sur le dos, l'instinct de prédateur vient de prendre le dessus sur le côté humain de ma personne et je ne ressens rien d'autres que la puissance qui émane de mes muscles, que l'odeur de vampire, que je rêve d’éviscérée. Je sors les crocs et lui saute dessus. Peu m'importe qu'il s'agisse du copain de Nath. C'est un vampire et rien ne m'arrêtera. Bon il a la peau un peu plus coriace qu'un humain et on parle pas du sang, mais si c'est tout ce qui me tombe sous la main je prends et puis c'est instinctif entre eux et nous c'est la guerre depuis des siècles, on l'a dans le sang, enfin dans le corps en tout cas. Alors si mon côté humain gère, l'apprécie même je dirais, tout ça est plus fort que moi, je n'y peux rien.

Je lui saute dessus, mais il a du me sentir aussi puisqu'il m'évite sans problème. Nous nous faisons désormais face. Lui aussi a sorti les crocs. On va bien s'amuser. Je vais le bouffer tout cru et il finira en cendre au lever du soleil. Je pousse un hurlement pour avertir les autres de ma prise, mais aussi pour dire que je gère la situation et qu'aucun n'a intérêt à s'en mêler.
Je ne peux pas lui parler, mais je n'ai de toute façon rien à dire. Je veux juste le massacrer.
Mes muscles se déploient, ma patte gauche quitte le sol, suivit de la deuxième. Si il y tient je serais la première à attaquer, même pas peur. Je vise les jugulaires; simple et efficace.

On reparle de toutes les hormones qui continuent de circuler dans mon corps alors que je n’ai théoriquement plus aucune circulation sanguine ? Est-ce que quelqu’un quelque part s’est déjà penché sur la question qui est quand même d’un sacré haut level de biologie. Enfin bref et si on se concentrait sur ma partenaire de jeu qui vient de me sauter à la gorge et cherche à me trancher la jugulaire ? Parce que vraiment, j’ai beau avoir la faculté de laisser divaguer mes pensées à volonté, faut pas déconner, j’ai un loup accroché à ma nuque et il en faudra pas beaucoup avant que je finisse par me la jouer Nick-Quasi-Sans-Tête … Merci Elaine de m’avoir fait découvrir Harry Potter ! (Elle m’a fait voir les films et j’ai lu les livres je ne sais pas combien de fois, dorénavant, la jeune fille est ma conseillère personnelle pour toutes mes lectures fantastiques).

Un autre point d’ailleurs, je pige pas un yota à ce qu’elle raconte lorsqu’elle hurle à la lune et si je veux pas voir débarquer une horde de ses congénères, j’ai tout intérêt à pas trop m’attarder.

J’attrape donc la bête à pleine main et c’est à mon tour de planter mes crocs dans sa chair en essayant de la repousser par la suite. On va dire que ça marche car une plainte conséquente lui échappe et je l’envoie valdinguer contre une pierre tombale. Je n’attends pas qu’elle se ressaisisse pour lui foncer dessus à nouveau.

Le hic … le crac funeste sous mon pied. Je jette un œil, m’arrêtant en pleine lancée pour constater que je viens de sacrifier mon téléphone par la même occasion … Noooooooooooooooon ! Je veux pas devoir en trouver un autre et comprendre comment ça marche ! C’était pile le bon moment pour me dire ce genre de chose, puisque la louve profite de ce moment d’inattention pour m’en donner tout plein. Quelle délicatesse de sa part, je la remercierai demain … Si j’arrive à me traîner jusqu’au bar puisqu’elle vient de m’agripper la jambe et me tire … dans la tombe de la goule.

Un odeur infecte vient m’assaillir les narines et si j’avais la possibilité de vomir, je le ferais … bon si je peux vomir, mais paradoxalement c’est plus une poêlé de légumes qui va me donner la gerbe plus qu’un cadavre puant. Un regard vers le fond du trou de la part de mon ennemi et je saute sur le loup tout en m’extirpant de mon trou. Nous roulons dans l’herbe et voilà que c’est ma chemise qui est pourrie … Mais zuteuuuuh ! Qu’est-ce qu’ils ont tous contre ma garde-robe ! C’est une coalition à ce rythme-là, je vais porter plainte. Je lui assène une droite en représailles sans être certain que cela l’assomme vraiment … à voir !

Je vise juste et l'inattention du vampire est sur le point de lui être fatale, lorsqu'il se réveille et me mord là où il peut, soit juste en dessous de l'oreille. Je hurle. Il m'envoie valser au niveau d'une tombe. Ma respiration se coupe un instant. Je vois deux/trois chandelles. Je secoue vigoureusement la tête et pousse un grognement.

L'imbécile à marcher sur sa seule porte de sortie, sa possibilité d'appeler du secours. Il en aurait eu le temps, je crois, le temps que je ne me relève, tant pis pour lui. Je parviens enfin à me relever et fonce de nouveau sur ma cible. Je ne parviens qu'à atteindre sa jambe vu le dernier bond que j'ai fait, mais ce sera suffisant pour l'emmener ou bon me semble, mais je me fais avoir lorsqu'en reculant je nous embarque dans le trou d'une bestiole. Je n'ai jamais croisé une telle odeur avant ce soir et lorsque je perçois un bruit un peu plus profondément, je ne peux que détourner le regard pour savoir d'où vient la futur menace. Le dit-vampire en profite pour m'embarquer hors de ce trou. Nous roulons sur le sol. Lorsque je le relève enfin, je constate son état pitoyable et mes babines se redressent sur mes crocs, un peu comme si je souriais, ah bin je souris donc ça doit être pour ça.
Le sang coulent entre mes poils, coule sur ses rares vêtements restants. Il n'a pas fait les choses à moitié, je n'en mène pas large, mais je sais que lui n'ont plus, il me faut juste encore quelques instants, un coup bien placé et nous en auront finit, je pourrais me délecter de sa chair.
Une chance pour moi, il n'a pas songé à prendre d'aconit sur lui. Pour un ennemi, à la pleine lune, ça craint de ne pas y avoir pensé, mais cela arrange évidemment mes affaires. Il me met une droite et je pousse un grognement plus sourd encore que le premier.

Luther a du m'entendre, je le sens qui s'approche. Je hurle une fois de plus. Je sais que c'est lui mon alpha, mais je sais qu'il respectera mon choix, c'est comme ça entre nous, ça l'a toujours été, même quand je touchais plus bas que terre, un peu comme cette nuit; quitte à me venger si je n'en sors pas indemne. Il a une vision sur le cimetière, alors il reste éloigné. Je le remercierais plus tard.
La droite du vampire ne fait que m'agacer davantage. Je sers les griffes comme je serrerais les poings, à m'en faire saigner.
Je grogne, cette fois-ci à l'attention du vampire. Je n'ai pas encore mal, je n'ai pas le temps d'y songer, je suis remplit d'adrénaline pour assurer ma survie, le reste attendra. Nous sommes l'un face à l'autre, comme un duel de western. Je verrais presque une botte de foin faire des roues grâce au vent entre nous. J'entends les hurlement d'un autre loup, à l'autre bout de la ville; lui à l'air rassasié, tant mieux pour lui. La frustration de ne pas déjà mettre nourrit, et celle de savoir que d'autres y sont parvenus, me rend folle de rage. Je fonce une fois de plus, tête baissée. Je l'aurais le bougre. Nous nous retrouvons tous les deux au sol, à rouler sur plusieurs dizaines de mètres et finissant sur contre le mur ou se trouve les urnes. Dans le choc deux urnes se brisent et nous nous retrouvons avec des cendres sur la tronche. J'éternue.

Durant la bataille, j'ai prit quelques bon coup de croc du vampire, mais je ne l'ai pas laissé en reste. Il me semble que mes griffes se sont profondément ancré dans sa chair, dans le dos si je ne m'abuse, mais dans l'action, je me trompe peut-être.
Me révéler est de plus en plus difficile. Mais une chose est sure, le sang sur mes griffes ce n'est pas le mien, ça me rassure. J'en rirais si je le pouvais.

Je me répète, mais merde ! Ma chemise ! Je vous hais tous et je lui adresse un geste des plus vulgaires alors que je discerne un semblant de sourire si c’est bien cela, babine qui se retrousse, on dirait presque et mon majeure lui répond. Quant à son collègue, je crains toujours autant qu’il rameute sa fraise et vu comme elle est abîmée, j’préfère pas savoir combien de renfort elle a demandé. Bande de fourbes !

« T’abuses Ava ! »

Pas le temps de bien dire plus, j’ai l’impression que mon poing au visage ne l’a pas vraiment calmé … Nope, vraiment pas et vu comme je n’en mène pas large – elle non plus, faut pas déconner, je sais toujours rendre les coups pour remettre les compteurs à zéro – il serait peut-être temps de penser à une retraite. Bien sûr, entre ce que je veux et ce que la louve me propose, nos opinions divergent … La demoiselle velue préfère que nous nous roulions dans la terre battue et tout ce qui me vient à l’esprit c’est que je devrais lui préciser la prochaine fois que je ne suis pas du tout de ce bord-là, en témoigne ma relation avec la barman … Après je ne dis pas, le petit 0.5% qui me reste d’hétérosexualité pourrait envisager Ava comme une très belle femme et désirable, mais l’amant fidèle me l’interdit.

Le choc contre le mur me sort de ma connerie et j’évite de justesse de me prendre une urne sur le coin du crâne, la laissant se fracasser sur le sol dans un éclat nébuleux composé de particules de cadavres sous sa forme la plus carbonée. C’est à mon tour de sourire. Ne respirant pas, je ne souffre pas du nuage de cendres qui nous entoure, même si c’est pas ouf d’en avoir dans les yeux soyons honnête, mais au moins je n’éternue pas comme un mignon petit chaton au milieu d’un combat à la vie à la mort. Profitant de cette distraction, je saute pour monter en haut du muret recueillant les urnes, non sans grimacer de douleur et retenir ma tête pour lui éviter de finir de s’arracher – oui il faut que j’arrête de penser à Nick quasi sans tête, ça me rend parano – et profite d’en faire tomber quelques-unes de plus au nez de ma compagne de jeu. Un choc en particulier me fait dire que c’est sa caboche qui en a reçu une et je me félicite d’être toujours plus agile qu’un gros pataud de loup. Je ricane sommairement, ma souffrance me rappelant à l’ordre avant de fuir sautant par-dessus le mur et me dépêchant de rejoindre les toits … La fuite est longue, fastidieuse et d’un rare manque de souplesse de ma part, me vautrant au moindre saut. Je préfère même pas raconter la manière classe que j’ai de m’évanouir à même le carrelage de la cuisine en arrivant à l’appart … ceci est pour un autre RP !