Une soirée de plus passée aux urgences, entre un carambolage et une fuite de gaz dans un immeuble, sans oublier les tracas habituels des habitants trop nombreux d'une ville comme Chicago qui réalise à peine qu'il manque la moitié des lits et du personnel nécessaires à s'occuper d'une population aussi importante.
Mon service terminé, j'en profite pour faire un tour, à l'accoutumée, prenant cette fois-ci le temps de me rendre en pédiatrie, pour obtenir des nouvelles de deux enfants que j'ai pris en charge plus tôt dans la nuit. Je n'aurai cependant pas le temps d'aller jusqu'à leurs chambres qu'une dernière urgence m'appelle, si on peut appeler cela une urgence en comparaison au reste de mon service. D'accord, ça en devient une quand il devient évident que mon vis-à-vis, non content de s'être emplâtré une porte bien proprement, tient assez peu sur ses jambes pour avoir besoin d'être guidé jusqu'à la chaise la plus proche. Je remercie d'ailleurs ma collègue la plus proche pour l'aide apportée, la laissant se charger de ramener un chariot avec de quoi traiter notre patient impromptu. Après tout, la pédiatrie, c'est davantage son domaine que le mien, Je peux rendre service bien sûr, mais surement pas faire ingérence.

Le matériel arrivé, je m'installe sur un tabouret en face de lui, me plaçant à la bonne hauteur pour jeter un œil à sa plaie, quand il daignera me la montrer.

"C'est réussi, y a pas à dire. Laisse-moi voir. Et je te préviens, c'est bondé d'enfants ici, si tu veux pas en entendre davantage parler que de ta dernière histoire, évite de chouiner."

Je pose deux doigts sous sa mâchoire, à l'opposé de sa plaie, pour lui soulever légèrement le menton et observer l'étendue des dégâts.

"Mais t'as de la chance dans ton malheur, t'as devant toi le meilleur couturier de l'hôpital."

Faut bien savoir se faire mousser parfois.

"Pas nécessairement, mais ça promet une cicatrisation longue et chiante que tu pourras pas t'empêcher de gratter au moins deux fois pour retarder encore un peu plus la cicatrisation. Au moins avec les points, ça va être propre et rapide. Mais c'toi qui voit."

J'enfile une paire de gants chirurgicaux et passe le fil dans l'aiguille avant de me décaler légèrement pour trouver le meilleur angle pour lui poser un fil le plus proprement possible. Et j'ose penser que je fais honneur à mon expérience de terrain, peut-être davantage qu'à mes cours, d'ailleurs. Autant dire que c'est net, mais ça a surtout pour but qu'il ne rouvre pas la plaie en se grattant la barbe. D'ailleurs, j'ai pas vraiment pris le temps de poser un champ opératoire hein. L'idée, c'est de faire vite et bien, pas d'être précautionneux. Je finis par nouer le fil avant de le couper, me débarrassant du matériel dans un bac prévu pour.

"Voilà. Fait moi plaisir, évite d'accrocher les fils avec le rasoir, même si ça m'a pas l'air d'être ton activité préférée du matin."

Si j'peux parler? Une garde de 72 heures, ça laisse pas hyper frais. Surtout quand vous avez omis de dormir la nuit précédente. La brillante idée de vivre avec des noctambules. Mais passons, j'ai encore les yeux en face des trous, en témoigne la précision de mes points. Une fois le plus urgent écarté, je me saisis d'une lampe stylo que je fais passer devant ses yeux pour vérifier qu'il n'a pas de commotion cérébrale.

"Maintenant, dis-moi que t'as pas prévu de rentrer chez toi au volant. J'te raccompagne si tu veux, le temps de prendre des nouvelles de deux gamins et on se retrouve au parking?"

Si c'est mieux ou pire qu'il soit à pied qu'en voiture? J'ai pas encore décidé. Il risque pas de s'évanouir au volant et provoquer un carambolage, c'est sûr, mais je suis pas hyper certain que ce soit beaucoup plus safe de parcourir les rues de la ville de nuit, avec la tronche qu'il se paye actuellement.

"Ok, raison de plus pour que j'te ramène. C'est non négociable."

Je glisse mes mains le long de son bras, l'une s'arrêtant à son avant-bras tandis que l'autre rejoint son épaule, quand il tente de se relever. Juste de quoi m'assurer qu'il tient debout avant de m'écarter, lui laissant son espace vital tout en restant vigilent aux premiers pas qu'il va faire.

"Au bout du couloir, la porte bleue à gauche, y a des sanitaires. Ca va aller pour t'y rendre?"

Je fronce un sourcil, restant prêt à le rattraper si d'aventure il en aurait besoin, ma main se plaçant contre son torse alors qu'un premier pas trop rapide lui demande de ralentir, avant qu'il ne semble gérer assez pour se rendre tout seul à destination. Faut dire que les mains courantes qui suivent le mur ne sont pas là pour faire joli.

"Gabriel?" Je l'appelle alors qu'il se trouve presque à cinq mètres de moi à présent. "On se retrouve près de l'ascenseur. Me pose pas un lapin, j'pourrai mal le prendre."

Avec le sourire avec lequel je dis ça, bien sûr. Bon, j'avais prévu de faire un détour moi. Et accessoirement de me doucher en arrivant à la maison, aussi. Parce que si les odeurs de sang dérangent déjà Dmitri, Mina et Anya quand j'en ai pas sur moi, imaginez un peu quand j'en ai. Je ne tiens pas plus que ça à être responsable d'une descente à l'hôpital. D'accord, j'exagère. Faut bien savoir rire de temps en temps, et comme dit, je suis claqué.

J'attends d'être sûr que le conteur ait rejoint les sanitaires avant de reprendre mon tour pour aller rendre visite aux deux gamins. J'ai beau faire une totale confiance à mes collègues, j'aime bien voir par moi-même que les patients que j'ai pu traiter dans la journée vont bien, du moins pour ceux qui sont admis à l'hôpital après leur passage par les urgences, bien sûr. Pas comme si j'allais embêter les gens chez eux, après tout, normalement, si ils sont rentrés chez eux, c'est qu'ils étaient en capacité de rentrer chez eux. Bref. Mon tour fait, je prends le temps de passer aux vestiaires pour changer rapidement de tee-shirt. C'est là qu'une collègue se pointe, suffisamment dans la lune pour s'être trompée de porte.

"Je m'en suis occupé. J'dis pas qu'il ne va pas se taper une bonne migraine demain matin, mais au moins ça devrait pas s'infecter."  

Et je sais, on va me taper sur les doigts si jamais, parce que j'aurai pas dû m'en occuper sans l'ordre direct d'un toubib. C'est la seule chose que je regrette du front. On se posait pas de question. Si on savait comment éviter à un mec de se vider de ses tripes (dans le sens littéral du terme), on le faisait, on allait pas attendre d'obtenir l'ordre du 25eme échelon au-dessus de vous pour intervenir. Bref, je me rend à l'ascenseur où j'ai donné rendez-vous à mon patient de la soirée. Patient que je retrouve installé sur une chaise un peu plus loin, se tenant la tête dans une tentative vraisemblable de faire passer une mauvaise migraine. Avec le choc qu'il a reçu, ce n'est guère étonnant.

"Hé. Ca va aller?"

Je tends une main dans sa direction, attendant qu'il ne s'en saisisse pour lui offrir une légère vague d'apaisement, de quoi, je l'espère, faire redescendre un peu la pression sanguine dans son crâne.

"Je te raconte comment je fais et tu me racontes comment tu fais pour subjuguer les gosses comme tu le fais. Ca nous occupera le temps du trajet jusque chez toi."

Comment ça il n'est pas juste bon lecteur? Même les traces de magie de Nathan, je les sens, alors un sorcier en pleine capacité de ses moyens (ou un peu moins depuis qu'il s'est mangé une porte), je suis parfaitement capable de le repérer sans l'ombre d'un doute.

Je plaide coupable de ce qu'il me dit, concernant mon manque d'assiduité pensé discret lors de ses lectures. Cela étant, je pense avoir la meilleure excuse du monde pour ne pas pouvoir lui accorder davantage d'attention.

"J'aimerais te répondre que ce n'est qu'un manque d'attention de ma part, mais pour être honnête, trouver deux minutes pour m'arrêter par ici dans une journée, c'est aussi simple que de trouver une aiguille dans une botte de foin. Même si je triche un peu pour ne pas avoir à traverser tout l'hôpital pour revenir te voir."

Connaitre chaque recoin de cet endroit est un avantage certain pour le téléporteur que je suis. Cela dit, j'évite de réapparaitre dans les placards à balais, difficile de prévoir si les balais ont été rangés contre la paroi de gauche ou de droite, et j'ai vraiment pas envie d'essayer de me retrouver coincé en pleine téléportation. Sachant que le mortellement mortel serait un bon mur bien épais, mais je pense qu'un pied coincé dans un truc, ça doit déjà faire un mal de chien.

"Tes histoires peuvent toucher tout le monde. Tant qu'on se donne la peine d'écouter. Les enfants sont plus doués dans ce domaine, du moins tant que ce ne sont pas leurs parents qu'on leur demande d'écouter."

Non, je ne parle pas en connaisseur. Des enfants, j'en ai pas, j'ai pas bien prévu d'en avoir, et faut dire qu'avec Anya, la question s'est jamais posée. En revanche, c'est déjà arrivé qu'on en voit passer à la chambre d'hôtes, et si Dim obtient assez rapidement leur attention avec le bon grondement au bon moment, les enfants ont tendance à n'écouter leurs parents que d'une oreille. A moins que ce soit les parents qui leur lâchent la bride pendant les vacances. J'en sais rien. Personnellement, je me mêle peu aux clients. Je rentre du boulot, je me fous dans la chambre si fait jour ou j'embarque Anya dehors si fait nuit, et j'traine dans les parties communes quand il n'y a plus personne d'étranger à la famille qui y traine.

"Faux sur quelle ligne? Attends, laisse moi t'aider. Viens, appuies toi. Tu sais quoi? On va passer par le -1, j'peux venir en voiture jusqu'à l'ascenseur, t'auras juste à m'attendre cinq minutes le temps que j'aille la chercher sur le parking extérieur."

Oui, parce que les places de parking à l'intérieur, en prime d'être réservées aux toubibs et aux ambulances, elles couteraient une blinde à qui s'y essayerait. En passant ça reste entre nous, Dim m'en voudrait de laisser la Mazerati dehors quand il m'emprunte la Mazda alors que y aurait possibilité de la mettre à l'abri. Il a qu'à s'acheter une voiture plus logeable et arrêter de prendre la mienne dès qu'il a deux cagettes à transporter.

"Si t'en valais pas la peine, j'ferais pas le déplacement. Même si t'es pas la seule raison qui m'amène du coté de la pédiatrie en fin de service, rêve pas de trop."

Je croise son regard rendu légèrement voilé par les médicaments, ainsi sans doute que la fatigue et tout ce qui va avec, lui offrant un sourire amusé en fin de compte. C'est moi qui me suis payé une garde de douze heures, et c'est lui qui dort debout. Faut dire que je suis un petit joueur en matière de sommeil. D'accord, c'est quelque chose que je fuis au possible, faut l'admettre. Quant aux enfants abandonnés par leurs parents dont il parle? Je préfère ne pas juger sans connaitre la situation de chacun. J'ai grandi sans père, seul avec une mère débordante d'amour mais surtout débordée par son travail, sa propre santé pas toujours solide, ses tentatives de trouver le prince charmant qui se sont invariablement soldées par des échecs, sans parler de sa descente aux enfers après le décès de ma jeune sœur. Autant dire que si je m'étais retrouvé à l'hôpital pour une raison x ou y, j'aurai pas eu beaucoup de visites non plus. Mais j'm'en serai pas plaint. Vaut mieux peu de visites sincères que trop de visites hypocrites des fois.

"Tu leur fais oublier un temps leur mal, leur douleur, ou leur angoisse d'être ici. Je suis sur que pour eux, ça représente beaucoup."

J'acquiesce simplement quand il me rappelle que je ne suis pas obligé de l'aider, appuyant sur le bouton de l'ascenseur sitôt que nous sommes dedans, m'assurant qu'il ne va pas filer à l'anglaise ou tomber par terre le temps que je revienne vers lui. Pas certain qu'il n'y ait pas de caméra braquée sur la sortie de l'ascenseur, j'attends d'être retourné dedans pour me téléporter dans ma voiture, gagnant ainsi quelques instants sur le chemin du retour. Le moteur me fait des ratés avant de finir par démarrer, et je rejoins rapidement l'endroit où j'ai laissé mon patient de la soirée, me penchant dans l'habitacle pour déverrouiller la portière passager, le laissant bientôt monter à l'intérieur. J'en connais une qui va tiquer sur les odeurs qu'il va laisser dans ma voiture, mais je m'en inquièterai plus tard.

"Pour te répondre. On est dans un hôpital, dans lequel je travaille en prime. J'allais quand même pas te laisser te débrouiller seul dans le couloir. Allé, donne moi ton adresse, que j'te ramène, avant que tu t'endormes contre ma vitre."

"T'aurais pu, mais puisque j'suis là, autant t'éviter cette peine non?"

Je le laisse m'indiquer notre destination avant de démarrer, l'observant lutter entre douleur et sommeil du coin de l'œil. Je prend la décision pour lui de savoir qui vaincra en lâchant mon levier de vitesse pour lui saisir le poignet, en profitant pour prendre un peu de sa souffrance à nouveau, espérant voir un peu plus de sérénité sur son visage. Sans être sur que ce soit au Pandémonium qu'il en trouve le plus. C'est peut-être parce que je vis dans une chambre d'hôtes, un format réduit d'hôtel plus "cosy" si vous voulez, (d'ailleurs, vu le caractère de Dim, je ne comprendrais jamais qu'il ait pas plutôt investi dans un motel bon marché...), mais ces grands hôtels avec autant de personnel que de chambres et d'options qui vont avec, c'est franchement pas mon truc.

Je finis par garer la voiture à proximité de l'hôtel et couper le moteur avant de poser ma main sur le bras de mon passager pour le réveiller, si jamais il a réussi à se laisser bercer par ma conduite (parait que j'conduis bien, mais cela dit, le commentaire vient de ma copine et vampire, qui craint pas trop les accidents de la route du coup).

"On est arrivés. Et pendant que j'y suis, si ça te dit, mon oncle par alliance tient une chambre d'hôtes. Bon, y a trois vampires à domicile mais c'est un peu plus peinard qu'ici, si jamais tu veux te mettre au vert."

Je me penche de son coté pour ouvrir le vide poche et y récupérer un bout de papier et un stylo, utilisant le second pour griffonner sur le premier sans réussir à activer le klaxon en m'appuyant sur le volant pour écrire. Avant de lui tendre le papier, sait-on jamais.

"Mon numéro. Si t'as besoin d'un infirmier. Ou si tu comptes déménager."

Un peu plus et il va me faire croire qu'il n'est monté avec moi que par obligation. Qu'il se le tienne pour dit, j'aurai pu l'abandonner dans un couloir aussi. D'accord, j'aurai pas pu, ma conscience m'en aurait très certainement voulu de le faire. "Conscience", un mot qui fait bien rire Dmitri tiens, cela dit, il doit bien en avoir un petit peu lui aussi, après tout, il n'a pas encore réussi à me bouffer, et pire, il m'a même évité de me faire bouffer une fois ou deux quand ça chauffait vraiment entre Anya et moi. Par ma faute bien sur. J'ai un talent rare pour mettre le feu aux poudres entre nous, et ce n'est pas qu'une image.

"Pas de souci, t'en avais besoin. Et si. Dmitri jure tous ces saints qu'il virera tout le monde chaque jour qui se lève, mais aux dernières nouvelles, il a pas encore fermé la porte."

Au moins jusqu'au prochain déménagement. Parce que je sais que ça fait plus de dix ans qu'on est dans cette ville, et si Chicago est assez grande pour que chacun se contrefiche de son voisin, y a bien un idiot ou deux qui va finir par repérer que les ruskovs du coin ont pas pris une ride entre temps. Et suffit parfois d'un idiot qui balance une étincelle pour foutre le feu à la forêt. Oui, je suis inspiré question feu ce soir, ça promet.

"T'es un sorcier. Ca suffit à Dmitri pour te détester. Cela dit, c'est tout lui, de détester tout le monde, alors faut passer au dessus."

Et dormir que d'un œil? Paraitrait que le sang de sorcier soit meilleur que le sang humain. Avis de vampire. Cela dit j'ai pas testé personnellement, et je connais Dmitri assez intelligent pour ne pas se mettre la moitié des sorciers de la ville à dos juste pour un meilleur picrate. Si vous en voulez une preuve? Il a empêché Anya de saigner Nathan quand même, juste en cas où, et dans le genre "dont la communauté sorcière du coin se fout royalement", je crois que ce sorcier est le plus bel exemple qu'on puisse trouver. Cela dit, s'il l'avait su à l'époque, pas sur qu'il lui aurait sauvé la mise. Mon misérable bout de papier est bientôt remplacé dans ma main par sa carte de visite, que je regarde un instant avant de la coincer dans la fente du cendrier, là où j'me rappellerai de la descendre en arrivant à la maison.

Dans le mile Emile. C'est les cicatrices que je porte au cou qui l'ont aidé à additionner deux et deux? Pour être honnête, je n'y prête tellement plus attention que je ne sais même pas dire si elles se voient réellement ou pas. Je sais que j'en ai. Plusieurs. Et sans doute qu'à la lumière ça s'aperçoit. M'en fiche. J'ai d'autres cicatrices moins reluisantes, et oui, ma conscience préfère vivre avec trois meurtriers en puissance que ressasser le passé durant mon service militaire.

"Ma copine est un vampire, j'te laisse en déduire ce que tu veux."

Bon d'accord, j'ai pris plus de coups de dents à cause de mes écarts de conduite que par jeu, mais je crois que d'un point de vue ou de l'autre, c'est une discussion qui n'a sa place ni ici ni avec lui. Sinon, pour répondre à la question qui taraude la moitié d'entre vous, oui, je donnerais mon sang à Dmitri ou Mina s'ils en avaient besoin, mais non, ce n'est encore jamais arrivé et je ne cours pas spécialement après l'idée. Parce que c'est une intimité que j'aime n'avoir qu'avec Anya, et je ne suis pas spécialement convaincu qu'elle serait ravie que je l'accorde à Mina. Mais si ça devait être une question de vie ou de mort, bien sur, sans hésiter.

Je tique quand il dit avoir su s'entendre avec une femme du "clan" de Dim. Pour commencer, si vous voulez faire rire tout le monde à la maison, je pense que parler du "clan de Dim" est pas un mauvais plan. Ensuite, Mina n'est pas en ville depuis assez longtemps pour qu'elle puisse faire partie de l'hypothèse, donc il reste Anya? Elle l'aurait évoqué si elle avait croisé ce genre de type non? Oui bon je sais, je suis très mal placé pour les crises de jalousie, merci. Quelqu'un d'autre? Connaissant Dim, peu probable, y a qu'à voir le temps qu'il m'a fallu pour qu'il m'accepte dans les parages. si y avait eu quelqu'un d'autre dans les lieux, même dans le cas où elle aurait fichu le camp avec le retour de Mina, je l'aurai forcément connue.

"Oui alors, pour être honnête, j'préfère pas savoir. Bon, tu vas savoir te débrouiller à partir de là ou tu vas avoir besoin de mon aide?"

Pas que je sois pressé de rentrer mais un peu quand même. Si j'pouvais voir Anya avant qu'elle ne parte profiter de la nuit, ça m'arrangerait.

Oui, je tique très rapidement sur l'art et la manière avec lequel il insiste sur le mot "seul" dans sa déclaration concernant sa capacité à retrouver sa chambre. Autant dire que je pense y capter un sous-entendu, mais je sais aussi que j'ai tout intérêt à me tenir à carreaux en ce moment si je ne veux pas que Anya m'envoie bouler une fois encore, et une fois encore avec raison. Si ça ne m'a jamais dérangé jusqu'à présent de la lui faire à l'envers avec mes aventures d'un soir? Si, totalement. Bien entendu que si je ne pensais qu'à elle je ne bougerai pas une oreille, mais il arrive parfois que je pense également à moi, et c'est là que le bas blesse. Cela dit, j'ai bien assez de remords la concernant pour qu'elle sache combien je l'aime malgré tout. Bref, en ce moment, elle a bien assez l'impression d'avoir été trahie par Dmitri concernant Mina pour que j'évite de broncher de sitôt. Elle a besoin de moi, et je compte être là pour elle. Sinon je pourrai pas lui en vouloir d'aller chercher du réconfort ailleurs, du genre chez ceux que Dmitri a déclaré "ennemis jurés du moment" que sont Dracula et Sylvana. Et là je pense que c'est Dim qui me tuera le premier. Bref.

"Hésite pas, ça sera avec plaisir."

Oui ben faut quand même avouer que l'homme est agréable à regarder, que voulez-vous, je suis faible, et humain. Enfin, sorcier, mais humain avant tout. J'attends qu'il pénètre dans l'hôtel pour rallumer le moteur et reprendre ma route pour rentrer chez moi. Je sens déjà les questions, la joie de vivre avec de fins limiers. Cela dit, pour une fois j'ai rien à me reprocher, alors j'vois pas pourquoi j'irais faire le ménage complet de l'habitacle pour y échapper. Déjà que je ne le fais pas quand j'ai quelque chose à me reprocher...