Rencontre du troisième type - ft Jack, Nath, Liv, Persé (&Dante si ça dégénère)

Mon frère est d’une efficacité redoutable, c’est son côté félin !! Graou ! Il a ni bronché, ni posé trop de questions, juste « quel genre » … Oui parce que je me suis contenté de lui envoyer un message « Tu me trouves un vampire avec qui je dois discuter ? C’est pour une pote. » Et quel genre … ben sympa quoi, j’aimerais bien qu’on réitère pas l’exploit de tomber sur un pélot comme le gars qui a transformé Liv. Par contre, on sent le grand frère instantanément, oui, c’est mon petit frère, mais je reviens pas sur le fait que lui comme moi, on sait parfaitement endosser les deux rôles. Il m’a proposé un rendez-vous dans un bar ou soit disant, un vampire devrait passer sans trop de problème et nous, on risque pas de se faire bouffer direct. J’avoue que j’ai un peu, beaucoup, peur, mais je me lance parce que c’est pour Liv …

Je rejoins ma besty en bas de chez elle. Je sens bien qu’elle flippe un peu de devoir s’exposer auprès de pleins de gens, mais je me voyais pas proposer le rendez-vous chez elle directement … c’est pas non plus le but que son repère se fasse envahir. Je lui adresse un sourire et enlève la goutte de sang qui perle encore au coin de ses lèvres. Erreur de débutante … moi j’me suis retrouvée une fois avec un brin d’herbe coincé entre les dents … c’était vraiment pas ouf. Et je parle pas de devoir expliquer pourquoi il est arrivé là.

« Allez, t’inquiète, ça va bien se passer ma chérie ! »

J’essaye d’avoir confiance pour nous deux. On y croit, on y croit les gars. On prend ma voiture – une fiat 500 vert pomme – et je fonce à travers les rues jusqu’à l’endroit que m’a indiqué Jack. J’inspire, j’expire et je sors. Là, mon petit frère nous attend avec sa dégaine incroyable et je lui saute dans les bras.

« Merci ! »

Un gros baiser sur la joue et je lui fous une paix bien méritée. Je suis toute excitée par cette rencontre improbable. On pénètre les lieux, c’est un poil glauque à mon goût et je préfère presque les boîtes de nuit ou me traîner occasionnellement Liv. Je me répète un milliard de fois, c’est pour Liv, on va trouver une solution pour récupérer sa vie et même si c’est pas littéralement, car cela, je n’y crois pas malheureusement. S’il y avait une solution inverse à devenir vampire, ça se saurait.

Mon frère nous traîne jusqu’à une table et un gars brun à la mine renfrognée autant que souriante nous salut d’un geste. C’est un vampire ça ? Ila l’air sympa, mais ça m’inquiète. Je me dis que je suis définitivement incapable de les repérer comme ça, juste de visu. Je soupire et m’assieds à table ainsi que les deux autres qui nous accompagnent. Je sais pas pour la suite … on commande ? vous voulez direct aller dans le vif du sujet ? Honnêtement, je suis perdue et autant, je ne dirais pas non à un petit verre pour me détendre.

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Je sais pas ce que c'est que le bordel actuellement en cours en ville, mais entre les chats qui ne tiennent plus en place dans l'appartement et le trou béant obligeant le taxi illégal que je suis à faire des détours qu'il n'avait jamais prévu de faire pour pouvoir bosser un minimum (genre, j'ai même trouvé la fonction GPS de mon téléphone portable, avec ces conneries), je pensais qu'on avait à peu près fait le tour de la connerie. Jusqu'à ce que je reçoive un message de Persé me demandant de lui présenter un vampire. Oui bien sur, et un loup-garou aussi...
J'ai vraiment songé à demander des explications, avant de me dire que d'une, elle est plus têtue que moi, et j'ai aucune chance de gagner le débat face à la brillante idée qui l'aura amené à chercher un vampire (envie de tester leur venin? de trouver un remède au vampirisme? d'écouter cette série B de pacotille qui certifie que le sang de vampire est le meilleur médicament du monde?), de deux, si j'y en trouve pas un à peu près potable elle va se débrouiller pour finir dans un nid de trucs pas potables sans l'avoir fait exprès. Non pas que je ne fais pas confiance en l'intelligence de ma grande soeur préférée (et seule et unique d'ailleurs), mais elle a assez tendance à être pourchassée par la scoumoune pour lui éviter de chercher les ennuis quand on peut le faire. Je lui renvoie un message pour savoir ce qu'elle recherche exactement comme vampire, même si j'en connais pas 50 donc va falloir qu'elle fasse avec le panier réduit que j'ai à lui proposer. "Un vampire avec lequel discuter." Bon, ben ça en élimine deux ou trois.
Un message à Nathan plus tard pour savoir si son vampire de compagnie serait pas dispo avant qu'il ne me réponde un truc totalement cryptique qui m'enlèvera pas de l'idée que le portable c'est quand même mieux en voiture qu'à moto (non c'est pas mieux? Bah tant que j'regarde la route toutes les deux minutes c'est bon non?), finissant par réussir à me pondre une date et un lieu de rendez-vous. Pas au Black Wolf? Bon ok, faut dire que le patron en a peut-être ras la casquette de voir la moitié des vampires de la ville débarquer chez lui. RDV que je renvoie à Persé en ayant un peu l'impression qu'elle s'est gourré sur qui est le hibou dans la famille (meé culpa, la chouette), avant de remettre la fonction GPS du portable en route vu que j'ai encore réussi à tomber sur une déviation qui se mord la queue. Non mais les démons se font chier à tout péter, moi j'ai une solution plus simple pour eux, tournez deux panneaux de direction dans le mauvais sens, et regardez tout le monde se bloquer, klaxonner, et s'engueuler gaiement. C'est simple à provoquer le chaos quand on veut. Et c'est le métamorphe de service qui dit ça.

Le soir même, je gare la Prius à deux rues du bar où on doit se retrouver (oui parce que c'est pas un minibus mais presque question longueur, allez trouver une place pas en double file à coté vous) avant de rejoindre l'endroit à pieds, m'appuyant contre un lampadaire pour m'en fumer une avant que Persé n'arrive. Je sais ce qu'elle pense des clopes, après tout. Et si j'ai fait un semblant d'effort vestimentaire? Elle a parlé d'une amie non? On sait jamais, sur un malentendu la soirée peut être sympa. Ok, je réceptionne Persé dans mes bras avant que mon esprit ne parte trop loin dans la connerie.

"Tu me remercieras quand on sortira vivants de là-dedans."

Je plaisante à moitié, à moitié seulement. Le compagnon de Nath m'a jamais paru bien dangereux les quelques fois où il s'est pointé au bar, mais ça reste un vampire, un truc avec des crocs. Et j'm'y connais un peu en crocs. D'ailleurs, les miens sont plus longs, si jamais. Parlant de crocs, elle aurait pu prévenir pour sa copine. Elle sent la bête crevée à dix kilomètres à la ronde. Ok, j'exagère surement, mais elle sent le vampire, claro.

"Faudra que tu m'explique un truc ou deux."

En attendant, je salue quand même sa copine avant de leur indiquer de me suivre à l'intérieur. Où je fronce les sourcils en tombant non pas sur le vampire, mais sur le sorcier. Qui pue le vampire, mais c'pas surprenant vu qu'ils partagent une penderie. J'imagine.

"Un empêchement?"

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Lorsque Persé m'a proposé d'essayer de trouver une solution à mon problème, je ne m'attendais pas à ce qu'elle me fasse sortir de chez moi si vite. J'avais compté sur le fait que ça allait prendre du temps cette histoire, mais pensez-vous... L'affaire d'une dizaine de jour et boum ! On sort dans un bar pour rencontrer son frère et un vampire de sa connaissance.

Histoire de ne pas prendre de risque, j'ai bien mangé juste avant. Comme ça pas de coup de croc intempestifs de ma part. Ou disons que ça réduit la probabilité que ça n'arrive. J'attends gentiment en bas de mon immeuble que Persé vienne me récupérer, bien contente au fond de moi de retrouver un semblant de vie sociale. Vraiment, je n'en peux plus de rester chez moi... Du coin de l'œil j'aperçois un éclat de vert, et vois débarquer quelques instants plus tard mon amie, qui m'essuie la trace de mon dernier repas. Encore des progrès à faire de ma part. J'en soupirerai bien mais je me contente de répondre à son sourire et de la suivre dans son véhicule en silence.

J'espère que ça va bien se passer... Le temps que je ne croque personne, ça devrait. Dire que Persé est stressée serait un euphémisme. Habituée à sa conduite souple, chaque coup de frein est beaucoup trop brusque pour sa douceur habituelle mais je m'abstiens de tout commentaire : c'est de ma faute si nous sommes dans cette situation. Enfin, celle de Dante.

Depuis ma "vampirisation", c'est devenu ma catharsis de tout lui foutre sur le dos. Ça me fait du bien et en cet instant ça me permet de me sentir un chouia moins coupable sur l'état psychique de ma pauvre Persé. Mais vraiment un chouia. Je vois bien que c'est pas facile pour elle, et lorsque je la vois rester un peu dans sa voiture pour respirer profondément avant d'en sortir, j'ai envie d'aller lui faire un méga câlin. Mais je me fais couper l'herbe sous le pied par un mec à l'allure... intéressante, vais-je dire. Son frère je suppose.

Le contraste des deux est saisissant, mais je ne m'appesanti pas dessus. Si j'étais encore humaine, mon estomac ferait sans doutes des loopings alors que la réalité me frappe brusquement : je vais devoir rentrer dans un bar -glauque de surcroit- et je vais être entourée de plein d'humains. L'épreuve du feu, confirmée par le frangin.

"Tu me remercieras quand on sortira vivants de là-dedans."

Pour Persé, certaine qu'elle ressortira d'ici vivante sinon personne n'en ressortira tout court, du bar. J'ai toujours fais attention à elle -bon, sauf la fois malencontreuse où j'ai essayer de la croquer, merci de me le rappeler- et là s'il lui arrive quelque chose parce qu'elle a voulu m'aider... Je pense qu'un vampire en furie, c'est pas beau à voir.

J'en ai eu un bref aperçu face à Dante, mais je pense que ma colère lors de mon éveil serait risible face à celle que pourrait déclencher l'inconscient qui ferait du mal à Persé. Le mieux, ça serait de ne pas y penser, et de rentrer dans ce foutu bar sans attendre. Sinon je vais partir en courant et m'enfermer dans ma chambre.

Le frangin -Jack si ma mémoire est bonne- me salue sans grand enthousiasme. Je le comprends, je crois que je ne serais pas chaleureuse non plus à l'idée d'accueillir un vampire, qui en plus, se balade avec ma sœur. Mais au moins, il nous invite à rentrer dans le bar et nous traîne jusqu'à une table déjà occupée par un de mes congénères. Je le sais grâce à l'odeur et au manque de battements de cœur. Quoique celui de Persé fait tellement de boucan que je pourrais ne pas tout entendre correctement m'voyez... La pauvre.

A peine sommes nous installés, que je laisse les deux hommes discuter entre eux, m'occupant de faire signe à un serveur. Ma meilleure amie va me faire une crise cardiaque tellement elle est stressée, mais ça ne semble déranger que moi. Mais je suis à peu près certaine qu'un verre d'alcool peut arranger en parti ce problème. La pauvre. Je dirais bien que je ne l'ai jamais vu dans cet état mais ça serait mentir. Avant des présentations orales ou des exams importants, elle a toujours été stressé. Mais aujourd'hui, elle peut se détendre avec un bon verre d'alcool, alors que demander de plus ! Autant profiter du lieu, non ?

Et moi ça me détournera peut-être l'attention de toutes les odeurs que je perçois et tous les petits cœurs qui battent à l'unisson. Enfin, manière de parler. En parlant d'odeur, il y en a une qui me titille les narines, mais impossible de savoir pourquoi, alors j'écarte la sensation et l'information dans un coin de mon cerveau, et me concentre enfin sur l'aspect social de la situation. Pour le moment, j'ai été plus que mutique, ce qui ne me ressemble pas le moins du monde, alors je vais faire un petit effort et redevenir un animal social, sinon je suis définitivement fichue.

Un court instant je m'imagine me présenter comme Elisabeth, vampire de son état, avant de trouver ça d'un ridicule sans nom et d'étouffer un rire. Ça ferait un peu trop "Le Cercle des Vampires Anonymes".

- Voici Perséphone et je suis Elisabeth. Je suppose que tu es Jack, dis-je en pointant du menton le frère de mon amie, et tu es ?

Parce que bon, aux dernières nouvelles, les codes sociaux n'ont pas été chamboulé par l'effondrement d'une partie de Chicago, et je crois qu'il est de bon ton de se présenter, sinon ça devient compliqué, de discuter.

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Je n'avais vraiment pas dans l'idée d'aller seul au rendez-vous improvisé par Jack avec sa sœur et une copine de sa sœur. Déjà parce que ça sent le plan à quatre totalement foireux. Ensuite parce que dans la même veine, j'ai franchement pas envie de ce type comme beau-frère. Ensuite parce que j'viens pas d'accepter d'épouser mon branquignole de copain pour commencer à aller voir ailleurs dans son dos (oui je sais, en général ça se passe dans le dos des gens, merci, je suis légèrement au courant). Vous avez senti tous les messages subliminaux qui sont passés en deux minutes là? Non c'est pas un talent, c'est un entrainement quotidien. Bref. Rajoutez surtout, raison principale s'il en faut une qui tienne la route, que je n'ai pas encore tenté le baptême du feu à mettre le nez dehors sans chaperon depuis que Dante m'a fait rejoindre le coté obscur de la Force (et oui, j'en ai casé une), et que j'le sens moyen de commencer aujourd'hui.

Donc le plan, c'était d'y aller avec Dante, comme convenu avec Jack, qui ne doit même pas être au courant des dernières mises à jour me concernant d'ailleurs, vu qu'il m'a demandé d'amener "mon vampire" et pas mon propre cul. Seulement voilà, on est pas fiancé à un détective privé ancien flic de surcroit sans avoir droit aux agendas qui se remplissent à la dernière minute pour une affaire x ou y. Même si j'compte demander à Silas d'arrêter de me piquer mon homme à chaque prétexte... ou pas. Papy saurait grognasser. Non mais laissez tomber, j'en déconne comme ça, mais de là à seulement accepter l'idée que ce type qui fait genre dix ans de moins que moi soit mon "papy vampire"... oui non mais cherchez pas, évidemment que je vais le charrier à ce sujet, croyez quoi?
Tout ça pour dire que ce soir, je me retrouve en roue libre, et croyez bien que j'ai vidé une partie du congel avant de tenter l'expérience, même si le sang réchauffé, ça a vraiment rien à voir avec le sang frais. Et même si on avait volontairement opté pour un bar loin d'être animé histoire de limiter la casse. Au pire des cas, j'vais me faire défoncer par un lion, c'tout.

Oui je suis venu en moto, histoire de ne pas croiser trop de gens sur les trottoirs et d'utiliser la visière du casque pour limiter les odeurs qui pourraient m'attirer ailleurs, même si j'pense que l'efficacité est purement somatique pour le coup. Au moins j'en connais un qui ne peut plus me dire que j'vais réussir à me tuer avec mon engin un de ces quatre matins. Bon, y a encore la possibilité qu'un pieu en bois bien pointu soit sur la route d'une chute éventuelle et m'arrive pile poil dans le cœur, mais à ce niveau de précision, je crois que l'accident tout bête serait en droit total d'avoir ma peau, juste pour l'effort déployé. Enfin on en est pas là, on va pas commencer à se monter le scénario de Destination Finale 6, y a déjà quatre de ces films qui n'auraient jamais du voir le jour. Quatre seulement? Oui bah on peut pas leur en vouloir d'avoir essayé, là où on peut leur en vouloir, c'est d'avoir recommencé.

Je me suis à peine installé au fond du bar que le blond finit par se pointer, accompagné de deux femmes que je n'ai aucun mal à différencier. L'une d'entre elle n'a aucune pulsation cardiaque, la seconde est un orchestre à elle seule.

"Salut." Je claque rapidement la main de Jack avant de saluer ses compagnes d'un signe de tête. "Mesdames."

Je me rassois à la table que j'occupais avant leur arrivée, cherchant instinctivement sur qui je ferais mieux de me concentrer. Pas l'apeurée (Perséphone me dit-on), elle me donnerait plutôt envie de partir en chasse qu'autre chose. Jack pue suffisamment le chat mouillé pour m'empêcher de songer à flairer l'air autour de nous au besoin. Et la vampire (Elisabeth donc) a l'avantage... d'être un vampire. CQFD Watson.

"Récemment décédé, il semblerait." Mon air sérieux tient deux minutes avant que je ne m'en excuse. "Pardon, j'ai pas eu le loisir de croiser grand monde ces derniers temps..." Jack tente bien d'en placer une pour ne rien dire, du genre "Ah mais c'pour ça que..." mais sans grand succès. "Nathan. Et tu t'attendais pas à c'que j'sois le vampire dont on avait causé, je sais. Mais j'suis là. Alors avant que je n'ai les crocs, c'est quoi le sujet?" Moins de blabla plus d'action, dirait l'autre.

Quand à commander quelque chose? Je les laisse voir, mais rien pour moi merci. Y a vraiment que le A+ qui passe pour le moment. Et je doute qu'il y en ait entre l'Orangina et la grenadine.

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Vivant, vivant … y’en a déjà deux de morts à la soirée donc c’est lui et moi qui devons faire gaffe à nos fesses et j’peux dire qu’on a du répondant. Le lion et la biche, même si je fais moins peur au premier abord, de un je détale vite et de deux, je sais parfaitement viser l’entrejambe. J’acquiesce à sa demande sur les compte que je vais devoir lui rendre. Je me doute qu’il a plus d’une question sans réponse et je lui dois au moins ça. Ça sent quand même vachement le traquenard comme situation et pourtant … L’enfer est pavé de bonnes intentions. J’ose espérer que ce n’est pas là que je nous guide mon frère et moi. Le but est quand même que Liv en sorte aussi plus sereine, mais je sais que les solutions miracles n’existent pas, la science nous le prouve tous les jours.

Liv se charge du tour de table et le petit nouveau répond sur le ton de la plaisanterie. Bête comme pas deux, un rire m’échappe sous la forme d’un gloussement hyper gênant. Et en même temps, ça fait tilt dans ma tête.

« Ah bah ça aide pas ! »

Tout le monde se tourne vers moi. Je secoue la tête.

« Oui, pardon …je … »

Le serveur arrive et Jack et moi prenons chacun un truc, Monaco pour moi et les vampires ont l’air plus sur la réserve. J’attends qu’il reparte pour préparer nos boissons et reprends. Je ne voudrais pas être insultante, surtout que je confirme, même pour un vampire, c’est fou comme ça ne se voit pas et qu’il est quand même plutôt sympa. Ne jamais se fier aux apparences.

« Je veux dire que mon amie vient tout juste aussi d’être transformée et on est paumé, on connaît aucun vampire, on aimerait des solutions pour que la vie continue et si toi aussi t’es tout frais vampirisé, j’vois pas ce que tu pourrais faire pour nous. »

Je me tourne vers Liv.

« Et c’est pas l’autre tarte qui t’a transformé qui va nous aider … »

Je crois qu’il avait laissé ses coordonnées à mon amie, mais elle a dû la perdre ou juste pas eu envie de se souvenir où elle l’a mise. Je soupire et lève les yeux au ciel en réfléchissant. Jack aussi a pas l’air d’avoir toutes les infos puisqu’il est aussi surpris que moi que sa connaissance soit le vampire en question … j’imagine qu’il y a peu, il était donc aussi vivant que moi et qu’il a aussi fait une rencontre pourrie dans les derniers jours. C’est quand même triste comment ces buveurs de sang se permettent de briser la vie des gens comme si elle leur appartenait. Le serveur revient et pose les deux verres en nous regardant de travers. Forcément, un ange passe à ce moment là puisqu’on ne peut définitivement pas continuer notre petit brin de discussion devant lui. Je suis pas habituellement porté sur la boisson, mais pour le coup, j’avale en deux gorgées la moitié de mon verre. Que le serveur ne s’inquiète pas, il va le faire son chiffre même si y’en a deux qui sont réticents à commander …

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La copine de Persé commence les présentations en disant "supposer" que je suis le frangin dont ma frangine lui a tant parlé (ok j'extrapole), et je leur offre un grand sourire avant d'acquiescer en validation.

"Forcément, si Persé t'as décrit à quel point son frère peut être sexy quand il s'y met, tu pouvais que me reconnaitre au premier regard."

Nathan, arrêtes de te foutre de ma gueule. Dans tous les sens du terme.

"Attends tu veux dire que..."

Et yep, en prime il le confirme, donc faut croire que c'est officiel, le sorcier est passé coté vampires... J'en connais qui doivent être ravis. Dans tous les sens du terme. C'est à dire que ses frangins doivent avoir envie de maudire un vampire, et le reste de la communauté des sorciers de la ville l'envie de le bénir.

"Ok et du coup t'es venu tout seul en grand expert du vampirisme?"

Cela dit, Persé m'a demandé "un vampire" dans son message, sans franchement détailler plus. Si j'avais su qu'il fallait un truc expérimenté en la matière, j'aurai bippé Dracula en personne (pas vrai... pas fou). On me dit vampire, j'bippe un type qui connait un vampire.

"Du coup, ma frangine préférée que j'adore, cui-là a quand même un avantage sur celle-là en matière de vampire. Il en connait un ou deux, et il a pas appris ce qu'il sait à ce sujet entre Anne Rice et wikipédia. Fin sans vouloir te voler ton argumentaire Nath."

Le serveur revient avec les commandes, et si nos suceurs de sang ont pas su trouver un truc dont ils sont pas certains qu'ils vont pas en gerber, ma sœur et moi savons nous faire plaisir comme il se doit, et donc ça sera un Monaco pour elle et un Gin tonic pour moi. Non mais faut pas démarrer la soirée trop fort, surtout vu le thème qu'elle semble prendre.

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- Persé a omis ce détail... Mais l'air de famille ne trompe pas.

Elle m'a dis qu'il était déjanté, et surtout vivant, alors je ne pouvais pas me tromper entre les deux hommes. Ce n'est pas vraiment mon genre de blesser l'égo des personnes qui ne me font aucun tort, donc je me contente de cette justification et d'un sourire non feint, avant de me retenir de lever les yeux au ciel devant tant de désinvolture de la part de Nathan. Il y a peut-être une pointe de jalousie à son égard, aussi. J'aimerai pouvoir blaguer sur mon état mais c'est au-delà de mes forces.

Je ne dis rien, le gloussement  bécasson de Persé et les phrases hésitantes de son frère suffiront à meubler.

Je me retiens de dire aussi que théoriquement, je connais un vampire, sinon je ne serais pas là. C'est juste que j'ai pas spécialement envie de le voir. Et puis bon, je ne suis pas une amibe et pourtant je sais tout ce qu'il y a à savoir dessus, alors moi je suis prête à écouter ce fameux Nathan. C'est pas parce que sa condition de vampire est nouvelle qu'il n'en sait pas tout un rayon !

Le serveur revient avec les deux boissons commandées un peu plus tôt et reste planté un peu trop longtemps à mon goût, attendant sans doute les dernières commandes qui n'arriveront jamais...

- Ce sera tout, merci.

Mon ton ne souffre d'aucune réplique et je n'adoucis même pas mes paroles d'un sourire. Il ne voit pas qu'il dérange plus qu'autre chose ?

Étrangement il ne se fait pas prier pour déguerpir. Peut-être que mon ton était plus froid que ce que je pensais... mais le serveur disparaît bien vite de mes pensées, j'ai d'autres sujets plus importants à l'esprit, même si je prends le temps de noter que Persé descend la moitié de son verre d'une traite. Elle est vraiment pas à son aise, et j'en suis sincèrement désolée. Alors je vais faire en sorte d'écourter son calvaire.

- Je vais quand même tenter, tu peux pas être plus paumé que moi. Est ce qu'il existe des moyens pour ne pas brûler au soleil ? Pour le moment c'est mon plus grand problème. Je ne peux pas travailler de nuit et hors de question que je change de travail.

Sinon autant que je sorte à poil à quatorze heure, histoire de devenir un petit tas de cendres et qu'on en parle plus.

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Jack qui n'essaye pas de se faire mousser ne serait pas Jack. Si je considère ce type comme de mes amis, je sais aussi qu'il n'est supportable qu'à petite dose, et c'est en général pas le dernier à qui j'explique où est la porte de sortie du bar quand il a bu un verre de trop. Non il est pas méchant quand il est bourré, mais chiant, et j'crois que pour un barman, c'est encore pire. Bref, j'ai pas besoin de lever les yeux au ciel pour qu'il connaisse mon avis sur la question, et je retiens un rire quand il se fait gentiment rembarrer par Elisabeth. Y a pas à dire, je crois que je l'aime bien celle-là. La frangine qui n'hésite pas une seconde à me balancer en pleine poire que c'pas moi qui vais les aider, ouais, aussi. J'aime surtout le culot face à une paire de crocs.

"J'résume rapidement. J'suis né sorcier, maqué à un vampire depuis quatre ou cinq ans, à vue de nez, et oui, récemment transformé. Tout ça pour dire que si vous cherchiez un expert incollable, j'vous rancarde avec Dracula, mais pour savoir si l'ail et les crucifix nous rendent malades, ça j'peux gérer."

Réponse? J'suis archi convaincu d'avoir déjà vu Dante cuisiner avec de l'ail sans souci, même si il n'est pas fana de sa propre cuisine. Quant aux crucifixs? Ca c'est des conneries. Pour les démons oui ça marche, me semble, et encore, faut qu'ils y touchent et que ce soit un vrai (zappez les bouts de bois croisés en croix, ça, c'niet), mais pour les vampires, c'te blague!

Concernant le fait de pas cramer au soleil? Ouais ben y avait une colle à poser hein. Je prend deux minutes pour y réfléchir, avant de reporter mes yeux ombres sur elles deux.

"Y a moyen. Et là c'mon coté sorcier qui parle. Cela dit, j'ai pas encore mis mon frère sur le coup mais je sais que y a moyen." Parce que mon mec a une jolie perle qu'il déteste qui lui permet de sortir comme il veut? C'pas le genre de truc qui se dévoile aux premiers venus. "Cela dit, je sais de source sure que c'est supportable quand le ciel est bien bouché. Pas pendant des heures, mais de quoi circuler deux minutes." Merci Silas pour cette info. Non pas que j'ai beaucoup croisé le vampire depuis ma transformation, mais j'l'ai bien croisé avant, et le voir faire irruption en plein jour, ça peut faire poser une question ou deux.

"J'peux vous demander qui c'est "l'autre tarte qui vous a transformé"? Pas que j'connaisse grand monde parmi les canines, mais on sait jamais, sur un malentendu."

Pourquoi j'ai envie d'aller vers le clan des russes? Parce que j'en connais pas 50 autres, que Silas tue pour se nourrir et Dante m'en serai revenu en miettes d'avoir pris la vie d'une innocente (enfin, innocente selon lui, j'ai pas étudié son casier non plus). Curieusement, j'vois pas Dmitri et sa nièce avoir autant de sentiments à l'égard de leurs victimes, et donc, se contrecarrer d'un repas mal fini, j'pense pas que ça leur vienne à l'esprit. Si je juge vite? La seconde a failli me bouffer et le premier m'a tiré de là que pour s'éviter les emmerdes avec le reste des sorciers de la ville, alors je pense plutôt bien les cerner au contraire. Cela dit, si elle sait qui c'est qui l'a transformée, c'est qu'il est resté assez longtemps pour qu'elle revienne à elle ensuite... pourquoi c'est vers moi qu'on se tourne pour les infos du coup?

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Un sorcier amoureux d’un vampire … ok, je suis déjà fan de cette introduction et s’il écrit un roman sur sa vie à la JK Rowling, je foncerais le lire. J’imagine déjà son fiancé le sauvant in extremis d’une mort certaine, peut-être après un combat épic ou un empoisonnement ou que sais-je encore. Il vaut mieux retirer les paillettes de mes yeux rapidement avant que je ne passe pour une débile finie devant tout le monde. Sans doute Liv a dû rôder en deux secondes mon soupir langui lorsqu’il finit de parler de lui. Quant à mon frère … je n’ignore pas son sourire en coin également. Je lui tirerais bien la langue, mais on va encore me prendre pour une gamine. Y’a que les gens avec un frère insupportable qui pourrait me comprendre en cet instant (même si je l’aime d’amour et d’eau fraîche, on sait aussi se titiller pour des conneries lorsqu’il le faut)

« J’suis moyen chaud pour tenter l’expérience avec mon amie de savoir quel pourcentage de nuages est nécessaire pour occulter assez les UV et lui permettre de survivre à une vie diurne. Par contre, ça veut dire que si on se débrouille, tu peux être dans un des labos du sous-sol ou au centre du building pour éviter d’avoir le moindre ensoleillement sur ton temps de travail … »

Concernant « la tarte » qui a transformé Liv, je laisse mon amie répondre vue que c’est elle que sa concerne directement et j’en profite pour siroter mon verre allégrement. J’ai dû mal à imaginer le nombre de vampires qui peuvent arpenter les rues de Chicago et ma santé mentale ne demande qu’à l’ignorer encore un peu. J’avoue que mon jugement envers le gars qui l’a transformé ne repose que sur ce que ma dit la brunette, mais je suis du genre à soutenir ma meilleure amie qu’importe si elle se trompe ou non pour ce cas-là. Je ne dis pas que je lui dis amen à tout et j’adore débattre avec elle, mais pour ce contexte, j’arrive pas à y voir assez clair pour avoir un jugement éclairé et objectif.

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Ma sœur est une traitresse, c'est tout ce que je retiendrais pour le moment. D'accord, j'sais pas si se faire rancarder avec une collègue de boulot de sa frangine est le mieux pour la tranquillité des campagnes d'un coté, et j'me débrouille très bien tout seul pour trouver chaussure à mon pied, même si j'ai parfois (souvent) du mal à faire en sorte que ça tienne. Faut croire que j'fais partie de ces gens qui sont pas faits pour se caser, c'tout.

Nos verres arrivés et la serveuse gentiment écartée de la conversation par Elisabeth, j'écoute la conversation entre les deux vampires (non mais Nath vampire, celle là, si on s'était contenté de me la balancer, j'l'aurai pas crue) sans vraiment y rajouter mon grain de sel. Ce que j'y connais des vampires moi, j'suis métamorphe d'abord. Enfin, vu que Persé l'ajoute, son grain de sel, j'imagine qu'il va falloir que j'm'y mette.

"Cela dit, ma très chère sœur, on apprend mieux par l'expérience que par les paroles. Tant qu'elle essaye pas le pieu en bois ou la décapitation. Ca c'est un poil trop définitif pour essayer à mon avis Liz."

Oui non mais Elizabeth c'est trop long. Faut des noms courts les gens, sinon on s'y accroche la langue dans les crocs. Je glisse mon verre à mes lèvres le temps de laisser le temps aux autres de répondre une connerie à ma connerie.

"Après, j'y connais pas grand chose mais un store, un volet, un vitrage anti-UV? On est d'accord que tu passe pas la journée planqué dans les égouts Nath?"

Et pis d'un coté, on vit à Chicago, pas à San Francisco. Les journées "bouchées" comme il dit, j'crois qu'on en a au moins autant que des journées de plein soleil dans le coin.

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Mon humeur ne s'y prête pas, mais j'ai entendu le petit soupir de Persé. Quel petit cœur d'artichaud... Ma tête à couper qu'elle trouve ça romantique, un mortel et un vampire qui s'aiment. Je vous jure...

- Hors de question que je change de labo ! Celui que l'on a est très bien.

Je refuse d'aller me terrer comme un rat dans les sous-sol. Enfin ce n'est pas tant le sous-sol le problème que le fait que je refuse de changer d'environnement de travail. Je croise les bras, presque boudeuse à cette idée. Etat qui ne dure que quelques secondes, vu ce que propose Jack. Merci bien, mais je ne suis pas un cobaye ! Bien que l'idée m'ait effleuré les méninges. Cela dit, je ne sais pas comment je trouve la force de lui répondre avec un semblant d'humour :

- Ce n'est pas définitif effectivement, mais loin d'être très agréable. Et il faudrait que j'ai de quoi me régénérer à portée... Tu te portes volontaire ?

Persé s'en étouffe avec sa boisson, de ma proposition. Proposition a demie sérieuse cela dit. Si j'en viens à faire des tests de ce genre, il me faudra de l'hémoglobine. Mais j'escompte une réponse négative, sinon j'aurais l'air bien bête. Hors de question que je bouffe le frangin de ma Persé.

- Et je vois mal demander à la direction de changer les fenêtres ou investir dans des filtres anti-UV. Je sais bien que je viens du nord, mais ça ne sera sans doute pas une justification suffisante.

Quant à la question de Nath... J'hésite à y répondre. Je ne vois pas ce que ça pourrait apporter à la discussion, mais sur un bref haussement d'épaule, je lui lâche l'info :

- Dante.

En prononçant son prénom, mes neurones semblent se reconnecter. L'odeur qui me titillait les narines s'associe parfaitement avec un visage souriant aux yeux clairs et le sursaut de mon confrère vampire ne me trompe pas.

- Tu le connais.

Ce n'est même pas une question, juste une plate constatation. Dieu, comme cette ville est petite. Mais étrangement, et cela me surprends moi-même, aucune trace de colère ne fait l'apparition dans ma voix. Plutôt une sorte de lassitude. En soit, cela me convient. La colère me sied très mal depuis que j'ai été transformée.

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Je retiens un rire quand la blonde s'énerve sur l'idée de changer ses habitudes de travail. Pas par moquerie. Mais parce que je me retrouve un peu dans sa réflexion. Jusqu'à récemment, je bossais au milieu des loups-garous, et mon appartement est toujours doté d'une sublime baie vitrée malgré le store tout juste installé par Dante. Et si y avait eu que moi, je bosserai toujours au milieu des loups-garous et.. non ok, profiter du balcon en plein jour ça a jamais vraiment été mon truc. Pas ma faute, j'ai toujours été nocturne dans mon mode de vie. Enfin, c'est quand on peut plus profiter d'un truc qu'il nous manque, à ce qu'il parait, et j'avoue qu'être prisonnier chez moi autant d'heures dans la journée... ça a tendance à me faire tourner en rond. Dante a raison sur ce point, faut que j'me trouve une activité et fissa... mais on est pas là pour causer de moi.

Le rire, je ne le dissimule pas longtemps en revanche quand la brillante idée de Jack se retourne contre lui. Pas convaincu que le chat ne se mette pas à courir assez rapidement pour que la vampire n'ait pas le temps de le voir partir, si ça devait se faire. Ca se bouffe le sang de chat? J'ai pas vraiment eu envie de tester avec le mien, si j'peux me permettre... Mais en même temps, Jack passera pas à coté d'une mauvaise dose d'humour de ma part.

"Tu crois que ça se mange le chat de gouttière?"

D'un geste un peu trop rapide, j'attrape le poignet du métamorphe prêt à mettre les voiles, me rappelant de justesse de ne pas le lui briser en passant.

"Allé, reste, fait pas le rabat-joie. Sinon, les égouts, j'ai oublié l'idée y a dix ans. Trop humide pour mes vieux os. Par contre j'te rejoins Jack, un store ça mange pas de pain. Tant qu'on te demande pas de sortir dehors pour dépanner un collègue..."

Oui parce qu'il y a cette galère là aussi, de se planquer à l'intérieur toute la journée, mais avoir ce collègue qui a absolument besoin de ton aide à 16h de l'après-midi... bosser en solo c'pas mal non plus.

Cela dit, ma bonne humeur ne va pas rester bien longtemps parmi nous, c'est une prédiction que je me permet de faire sans le moindre don de prémonition à la seconde où elle balance le nom de son créateur. J'ai toujours été plus facile à faire démarrer qu'à moucher, mais pour le coup, elle peut être fière d'avoir réussi son coup. Et elle s'en rend parfaitement compte comme elle comprends la signification de mon arrêt sur image soudain. L'air grave, je croise son regard sans me détourner.

"J'le connais ouais. C'mon homme." A mon tour de me relever de ma chaise, empruntant en passant le verre à moitié vide de Jack, accompagné d'un rapide "tu permets?" qui ne lui laisse pas le temps de répondre.

Je finis par sortir dehors tout en attrapant mon portable dans ma poche pour composer un des rares numéros que je connaisse par cœur, et tomber trop rapidement sur le répondeur.

"Lut c'moi. Dis, tu comptais me parler de ta jolie blonde avant ou après la fin du monde? Bref, rappelle-moi. J'aime pas plus que ça le traquenard dans lequel j'me suis fourré là." Je laisse un blanc le temps de réfléchir à ce que j'ai encore à lui dire ou pas, finissant par me dire que de toute, causer à un répondeur, c'nul. "J't'aime." Je raccroche, profitant de l'atmosphère de la nuit jamais tranquille de Chicago pour penser à autre chose, histoire de pas laisser une émotion ou une autre me submerger. Comme si j'avais un jour su jouer au contrôle des émotions... ça se saurait j'vous jures. Avant de ranger mon portable et retourner à l'intérieur, m'installant derrière Jack pour appuyer mes mains sur ses épaules, usant volontairement d'un peu de menace dans ma prise malgré que je n'en pense pas un brin. Ca y changera pas de se faire attraper après avoir triché au casino non?

"Ok, donne moi du dossier. Histoire que j'ai de quoi lui offrir une légère crise de confiance. Ca fait toujours du bien dans un couple."

Non mais il va en entendre parler de celle-là, c'est certain. Du fait qu'il s'est bien gardé d'en parler en tout cas. Après, j'suis pas de ceux qui jugent sans avoir les détails, à ce qu'il me semble, alors autant attraper les détails auprès de la principale concernée... qui a l'air de bien assez l' "apprécier" pour que je sache sur quel bouton appuyer pour avoir les infos. En l'occurrence? J'suis sur qu'elle serait ra-vie que j'le pourrisse.

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