Shake it off | pv Marius

Les cochons, les chats, les chimpanzés, ça refait le zoo du quartier avec tout ça ! J’y peux rien si j’aime autant sautiller de partout, c’est plus fort que moi. Je déborde de vitalité et j’ai besoin que ça sorte, tout le temps, constamment et de toutes les manières possibles et inimaginables. De toute façon, je ne sais … je ne sais pas ce que je voulais dire, j’ai oublié. On recommence.

« Nan, j’me dégonfle pas. »

Pas de souci, j’entre d’un pas assuré dans la boutique et m’approche du premier mec assez tatoué pour m’indiquer qu’il fait clairement parti du staff, limite même de la déco direct. Son corps est une œuvre d’art et je pourrais y passer des heures à détailler chacun des petits dessins qui parsèment son corps. Miam !

« Yo ! Je viens pour des piercings … »

Pas contre le fait qu’il me touche celui-là, avec son look de rockeur, il est pas mal pour le coup.

« Et ma copine va se faire un tatouage … »

Un clin d’œil vers Axel et déjà une seconde personne sort de derrière un rideau noir et s’avance vers nous. Une jeune femme cette fois-ci qui nous sourit. Ayant entendu notre requête, elle amène à Axel un catalogue de ce qu’ils proposent, tous les graphismes triés par créateur présent dans la boutique. Pendant ce temps, le beau tatoué m’emmène dans une autre salle et j’entends Axel paniquer à l’idée de se retrouver seule. La blondinette débaroule dans la pièce les yeux grands ouverts.

« C’est bon je disparais pas ! »

L’artiste hausse les épaules et se met à l’œuvre. Rapide efficace et Clac ! Ma langue est percée. Un truc simple, juste deux boules de chaque côté de la barre, mais ça ira très bien. Il désinfecte encore une fois son matos et s’affaire pour mon arcade. De même, il s’y prend d’un geste expert et sans aucune bavure. Je ne frémis pas l’ombre d’une seconde en voyant l’aiguille s’approcher de mon œil gauche. J’en ai vu des biens pires. Un clin d’œil complice à la jeune femme et je libère la place. Elle blêmi ou c’est moi ?

« Tu veux quoi comme tatouage ? »

Je m’assieds sur son genou de libre et regarde avec elle la catalogue à sa disposition. Aucune chance qu’elle ne veuille un de ses dessins de femmes nues, ni les petits animaux ensanglantés et creepy. Pour elle, il faudrait quelque chose de plus poétique. Une pierre tombale ? Ça pourrait être grave chouette !

« Y’avait pas un symbole sur ta sépulture, un truc du genre ? »

Le thème de sa résurrection est inspirant, enfin, ce n’est que mon humble avis de Nécro qui aime à peu près tout ce qui touche à la mort et à l’au-delà. Je passe mon doigt sur l’image d’ailes qu’un ange expose de dos. On dirait du Luis Royo dans le style. Enfin, je soupire. Le choix est long et j’ai pas l’impression qu’elle sache bien ce qu’elle veut non plus. Mais je ne vais pas me plaindre, je suis bien installé sur elle. Le tatoué revient vers moi, me donnant quelques conseils et de quoi appeler si jamais il y a le moindre soucis. Oh la ! Je garde ton numéro toi mon beau !

Made by Neon Demon

Je la laisse hésiter sur tous les motifs sentant bien que peu importe ce que je proposerais, elle aimer ace qu’elle voudra bien aimer. C’est compliquer dans sa tête dis donc. Aucune spontanéité cette petite. Je finis par ma trémousse en faisant danser mes genoux pour faire passer le temps et mon regard se perd sur la multitude de dessins qui recouvrent les murs. Des pin-up dévergondées aux regards de braises, des têtes de morts démoniaques qui tirent la langue, des animaux extraits de l’imaginaire débordant de leur créateur et autres chimères se côtoient. Un, deux, trois … Je bondis à mon tour lorsqu’elle s’exclame. Mon cœur a bien failli lâcher s’il n’était pas autant en forme – ben oui, à force de sautiller de partout, j’suis à la limite d’être un athlète -, je me tourne vers elle effarée. Content, mais choqué que la blondinette n’ait pas pensée que je tenais à mes tympans. Je lève mon illustre postérieur et part à la recherche du tatoueur.

De salle en salle, j’explore les recoins et triture le matériel qui sans doute aurait dû rester stérile, trop curieux pour me retenir. Quelques calepins abandonnés et des crayons de papiers qui roulent une fois perturbés dans leur douce quiétude. Ce n’est qu’à la troisième pièce que je trouve le jeune homme affairé à parler avec un de ses collègues. Un regard vers ce dernier et il quitte la pièce en adressant un clin d’œil à mon beau tatoueur. C’est un signe. Un sourire sur mon faciès et je m’approche de lui.

« Mon amie a enfin trouvé chaussure à son pied … »

Je ne vais pas me risquer à faire le premier pas et je me sens démuni … Je peux embrasser avec mon nouveau piercing ou c’est encore trop tôt ? Ça va être l’enfer de me retenir indéfiniment. Quelques échanges de plus et le voilà que le blondinet me confirme que je ne le laisse pas indifférent, c’est donc tout naturellement que je lui pose la question pour ma langue et son éclat de rire cristallin ne fait que plus m’enchanter. Sur une feuille de papier, il me griffonne son numéro perso en me demandant d’attendre une semaine si je veux pouvoir exploiter son potentiel. J’hausse un sourcil intrigué regrettant presque que mon embarcation soit plus précoce que cela. Tant pis, je me réconforterais dans ses bras à mon retour.

Dans la salle, la jeune femme semble impatiente et complétement angoissée par la torture à venir. Je vois bien que Naër – le tatoueur – n’est pas emballé par le dessin –dégueulasse – de la jeune fille. Faut dire que je pouffe de rire en voyant l’immondice qu’elle ose lui montrer. Il redessine plus proprement le tout avec son trait bien à lui et j’admire sa dextérité … merde, au pire on s’embrasse pas juste … le reste quoi. La main d’Axel vient embarquer la mienne et je sens toute sa force dedans. Elle m’arracherait presqu’une grimace, mais je fais un peu le fier devant l’homme avec lequel je compte bien coucher. Je tapote gentiment le crâne de la belle de ma main libre afin de la rassurer. De toute façon, c’est pas difficile de paraître virile à côté d’Axel qui se met à chouiner à chaque coupe d’aiguille que lui inflige le blondinet. Quelques derniers échanges avec lui et les conseils de sortie, je lui lance un dernier regard, regrettant de devoir partir si vite. Fichtre, qu’il est sexy.

Je tourne mes yeux transparents vers la jeune femme qui me demande la suite du programme.

« La suite ? »

Je pose un index sur ma bouche et fonce les sourcils alors que mes méninges se mettent en route pour élaborer une suite logique à cette matinée plus que décousue.

Il doit être pas loin de 14h et j’avoue que je ne sais pas ce qu’on pourrait trouver à faire … à moins que … Je penche la tête et lance un sourire ravageur à la mort-vivante.

« Si tu as une copine à inviter, je dirais pas non à un petit karaoké. »

A trois, c’est plus drôle. Comme ça, même quand on fait un duo, y’a toujours un troisième pour se moquer et encourager ses comparses dans la déchéance la plus totale. Moi, je ne connais personne ici alors je suppute que ce sera de son côté que nous aurons le plus de chance de trouver se troisième compagnon de beuverie.

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